On ne le soupçonne pas souvent, pourtant l'air intérieur serait 10 fois plus pollué que l'air extérieur. Un enjeu public majeur puisque les différents polluants qui parasitent les foyers peuvent avoir des répercussions plus ou moins grandes sur notre santé. Tour d'horizon des bons réflexes à adopter pour une maison saine, avec trois experts du secteur.
Nous passons environ 80 % de notre temps en intérieur, et l'air que nous y respirons n'est malheureusement pas toujours garant de notre santé. L'air intérieur est souvent plus pollué, car aux polluants propres à l'extérieur (qui pénètrent facilement dans les maisons) viennent s'ajouter les polluants spécifiques de l'air intérieur, en particulier ceux émis par certains appareils mal entretenus ou plus simplement par les revêtements des pièces. Le tout dans un milieu confiné qui n'est pas toujours suffisamment aéré. Quelles solutions avons-nous pour remédier à cet air pollué ? Éléments de réponse avec Souad Bouallala, ingénieur qualité de l'air à l'Ademe, Andrée Buchmann, Présidente de l'Aqaï et la porte-parole Atlantic Aude Vildrac.
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Les polluants chimiques présents dans l'air intérieur
On trouve dans la maison de nombreux polluants, souvent insoupçonnés mais présents en masse dans l'habitat, à commencer par les polluants chimiques. Premier dans le viseur, le monoxyde de carbone, un gaz incolore et incolore qui se dégage quand des appareils de chauffage ou de production d'eau chaude à combustion sont mal entretenus. "On n'y pense pas assez, mais bien entretenir son chauffage ou son chauffe-eau est une question de vie ou de mort, alerte Souad Bouallala, ingénieur qualité de l'air à l'Ademe. On comptabilise 100 morts par an en raison d'un appareil vétuste et mal entretenu". Autres polluants chimiques, les composés organiques volatils ou COV qui s'évaporent à température ambiante. On en dénombre des centaines le plus connu étant le formaldéhyde, issu des peintures, des colles, des parquets..."Ils peuvent être émis par des produits d'entretien lorsque vous faites le ménage mais aussi lorsque vous bricolez ou réalisez des travaux d'aménagement de la maison, poursuit Souad Bouallala, avec des conséquences potentiellement graves sur la santé si vous en respirez longtemps ou que vous êtes sensible aux allergies. Enfin, on oublie aussi souvent les composés organiques non volatils comme la fumée de cigarette ou le simple fait de brûler de l'encens qui émet entre autres du benzène".
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Focus sur les autres polluants de la maison
Les polluants biologiques, issus d'organismes vivants, peuvent aussi participer à la pollution de l'air intérieur. Parmi eux, les moisissures qui peuvent survenir suite à une humidité excessive dans la maison. "Par exemple, après un dégât des eaux, il faut trouver la source au plus vite, reprend Souad Bouallala, car un taux d'humidité excessif et supérieur à 60 % peut émettre des allergènes dangereux pour les personnes sensibles ou allergiques". Viennent ensuite les particules (poussières...), les fibres d'origine végétale ou minérale, et enfin, le radon, un gaz naturellement radioactif que l'on trouve dans certaines régions, comme la Bretagne ou la Corse.
Faire circuler l'air au maximum
Première règle de base pour garder une maison saine, bien aérer au quotidien. "Il est capital de faire circuler l'air afin de renouveler l'air intérieur, précise Andrée Buchmann, Présidente de l'Aqaï, l'Observatoire de la qualité de l'air. Il faut aérer la maison, le matin ou en fin d'après-midi, mais aussi quand on cuisine, qu'on bricole ou qu'on passe l'aspirateur". Il est aussi conseillé de bannir les barres de seuil qui empêchent l'air de se renouveler ; et pourquoi pas procéder à un détalonnage du sol, en conservant 2 cm de vide entre le sol et la porte, afin de laisser passer l'air d'une pièce à l'autre. Il est aussi important de s'équiper d'un système de ventilation performant. "Le fait d'aérer est une solution ponctuelle qui ne suffit pas, enchaîne Aude Vildrac, porte-parole de la marque Atlantic. Un système de ventilation adapté doit ensuite prendre le relais".
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Première possibilité, l'extracteur d'air qui va extraire l'air vicié (humidité, COV, odeurs...) d'une pièce et l'évacuer. "C'est facile à installer dans une pièce et cela constitue une alternative à la VMC sans la contrainte des conduits à faire passer, poursuit Aude Vildrac. En revanche, pour ventiler l'ensemble de la maison, il faut prévoir une ventilation simple ou double flux. Chez Atlantic, nous avons lancé une ventilation simple flux, le modèle Autocosy iH Flex. Cette ventilation, idéale pour les espaces réduits (faux-plafonds) prend en compte le taux d'humidité de la pièce, va extraire l'air vicié des pièces humides (WC, salle de bains, cuisine) et parallèlement insuffler de l'air neuf dans les pièces à vivre comme le salon ou les chambres". Sa fonction 'intelligence Humidité' va lui permettre de détecter une augmentation du taux d'humidité d'une pièce, en cas de douche ou de cuisine, et ainsi booster automatiquement la ventilation le temps nécessaire.
Encore plus performante, la VMC double flux va assainir l'air de façon plus importante car l'air insufflé est toujours issu de l'air extérieur, mais il est cette fois filtré pour en extirper les pollens, acariens, et autres poussières.
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Prévenir plutôt que guérir
"Avant de penser à dépolluer l'air, il faut aussi essayer d'éviter d'y faire entrer des polluants issus des produits chimiques, des nettoyants ménagers ou même des colles, analyse Andrée Buchmann. Si vous refaites votre appartement, privilégiez des peintures minérales, parmi les moins polluantes du marché et achetez autant que possible des meubles en bois ou en textiles peu émissifs". Les étiquettes peuvent aider à faire le bon choix. Depuis 2013, il est obligatoire qu'elles indiquent les émissions dans l'air intérieur, avec une échelle allant de A+ (émissions faibles) à C (émissions fortes). Produits de construction, revêtements de murs, sols ou plafonds (cloisons, panneaux, moquettes, papiers peints, peintures...), produits nécessaires à leur mise en oeuvre comme les sous-couches, les vernis, les colles, les adhésifs... ou même bougies et encens, une étiquette A+ vous garantit un taux de formaldéhyde inférieur à 10 microgrammes. Sur un produit A, il est inférieur à 60 microgrammes. Il existe aussi des écolabels publics pour les peintures, les détergents pour nettoyer la maison, les matelas, comme l'Écolabel Européen, l'Écolabel Nordique ou l'Ange Bleu, destinés à signaler des produits à l'impact limité sur l'environnement. Ainsi, un nettoyant pour la maison multi-usages portant l'Écolabel Européen ne contient pas de formaldéhyde ou de désinfectant pour une performance équivalente à un produit classique. "Ces produits porteurs de labels sont donc à privilégier", ajoute Andrée Buchmann. On peut aussi fabriquer soi-même ses produits ménagers à base de vinaigre blanc et de bicarbonate, en évitant d'y inclure des huiles essentielles. Ils seront toujours moins émissifs que des produits achetés dans le commerce.
Contrôler régulièrement le taux d'humidité de l'intérieur
Si des moisissures apparaissent dans votre maison, c'est que votre logement est trop humide. Il faut agir rapidement contre ces moisissures qui peuvent devenir néfastes pour votre santé. Pour un logement sain, le taux d'humidité doit être compris entre 40 et 60 % et la température entre 18 et 22°C. "Il est facile de le contrôler en achetant un hygromètre dans le commerce, reprend Souad Bouallala. S'il dépasse 60 %, c'est qu'une source d'humidité est apparue, cela peut aussi être le signe d'une mauvaise isolation, lorsque vous changez une fenêtre par exemple". Parmi les autres conseils, on rappelle qu'il est bon d'aérer la pièce pendant et après les activités qui produisent beaucoup d'humidité comme le bain, la douche, la lessive ou même simplement la cuisson. Si vous faites sécher votre linge en intérieur, mieux vaut le faire dans une pièce bien ventilée.
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Quelques conseils supplémentaires pour un air sain chez soi
Nos experts ont également quelques astuces pour conserver, au quotidien, un air plus sain. Il est notamment important de bien nettoyer ses entrées d'air et ses bouches de ventilation. Pensez également à changer les filtres de votre ventilation double flux lorsqu'ils sont encrassés, ou le système risque de perdre fortement en efficacité. Ne négligez pas les contrats de maintenance visant à entretenir vos chauffe-eaux, en particulier sur des modèles anciens qui posent plus souvent problème. Pensez à faire ramoner cheminées et poêles à bois régulièrement puisque l'air émis par ces aménagements peu devenir très polluant. Attention à ne pas utiliser les chauffages d'appoint en continu : dans des espaces confinés, comme une chambre ou un studio, ils dégagent un taux élevé de monoxyde de carbone. Concernant l'entretien de votre intérieur, ne mélangez jamais deux produits ménagers, contrairement à ce que l'on pense, leur combinaison pourrait émettre des gaz toxiques. De fait, il est déconseillé d'utiliser souvent les désinfectants type Eau de Javel, qui peuvent être responsables d'affections respiratoires plus ou moins graves, notamment chez les enfants.
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