A Paris, dans le 10e arrondissement, une propriétaire souhaitait rénover entièrement son appartement de 145 m2. Les architectes - et amis - Arthur Billaut (de l'agence Arthur Billaut Architecture) et Gauthier Jaulin (de l'agence OAW Architectes) sont tous deux sollicités. Ensemble, ils redessinent, optimisent l'espace facilitant la circulation de cet appart destiné à devenir galerie d'art. Visite.
Faire d'un lieu de vie privé une galerie ouverte (sur rendez-vous) au public, voilà un dessein complexe qui n'a pas effrayé Arthur Billaut et Gauthier Jaulin. Pour mener à bien ce projet, les deux architectes décident de "tout casser" dans ces 145 m2 pour tout recommencer. Ils esquissent ainsi un nouvel espace ne donnant à voir que l'essentiel. Les architectes ont souhaité un aménagement et une décoration assez sobres, qui n'écrasent pas les oeuvres qu'expose ou collectionne la propriétaire, mais suffisamment présents pour personnaliser ce lieu. Découverte.
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Le projet en bref
L'idée : revoir la distribution de cet appartement pour en faire un lieu de vie et d'exposition agréable.
Le lieu : dans le 10e arrondissement de Paris.
La situation : au 3e étage d'un immeuble orienté Sud.
La superficie : 145 m2 .
La durée des travaux : 3 mois 1/2.
Adapter l'appartement aux nouveaux besoins de la propriétaire
Dans ce nouveau schéma, celui de l'appart galerie, revoir la répartition des pièces, décloisonner l'espace et repenser la circulation étaient capital. "Nous sommes passés d'un 4 pièces à un 2 pièces", commence Arthur Billaut. "Avant les travaux, l'entrée donnait sur une chambre qu'un couloir contournait pour desservir chaque pièce de l'appartement", continue-t-il.
Cette chambre est devenue un bureau de 20 m2 : une sorte d'espace tampon, la première pièce de la galerie. Selon les moments de la journée, il devient salle d'accueil, de réunion, chambre d'appoint. Le salon accueille la cuisine (62 m2), discrète, et s'ouvre désormais sur une grande chambre, de 25 m2. Enfin, le couloir dévoile et éclipse les zones "techniques" comme la buanderie, l'arrière cuisine... qui n'ont, dans une galerie, que peu d'intérêt.
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Optimiser l'espace et ne révéler que le meilleur
Le binôme a dessiné les solutions de rangement. Un dressing se fond avec les portes escamotables. Celles-ci gomment, à l'envi, la porte d'entrée et le poste de travail. Tout en blanc, l'espace ne donne à voir que l'oeuvre affichée au mur.
Une bibliothèque court le long du couloir, elle enchâsse un balcon balinais antique. "Pour cette bibliothèque nous avons voulu le strict minimum, les livres se mettent eux-mêmes en valeur", précise Arthur Billaut.
La cuisine bien que discrète s'affiche sculpturale. Le marbre souligne ses lignes et le noyer lui donne du relief. Depuis le canapé, l'îlot et la hotte de cuisson encadrent une "vitrine" de vaisselle, cadres et statuettes. Sur le côté, les suspensions mettent en avant l'"analogie" des placards. L'art pour l'art... Arthur Billaut et Gauthier Jaulin ont fait de leurs créations des supports à l'ensemble des oeuvres exhibées ici. Dans ce nouvel espace, tout est prétexte à la contemplation, la découverte.
Pas de rangement dans la salle de bains : ils auraient nui à son ambiance zen. Néanmoins, une buanderie d'environ 4 m2 a été aménagée entre la salle de bains et le couloir.
Dans la chambre tout en longueur, la propriétaire a souhaité des rangements comme des meubles à poser de part et d'autre de la pièce. Sur les façades en blanc laqué, les poignées en cuir détonnent.
Un espace chaleureux et généreux
La nécessité de rendre un intérieur chaleureux est une évidence qui compte double dans cet intérieur voué aux "visites". Aussi les parquets massifs - droit et point de Hongrie - ont été préservés. Leur présence seule réchauffe l'atmosphère. Traces du temps, ancienne configuration... Ils attestent de l'histoire du lieu, un peu comme un héritage ; tout comme les poutres au plafond repeintes en blanc. D'ailleurs, un parquetier s'est chargé, quand il le fallait, de restaurer, consolider les lames en mauvais état avant de les remettre en place.
Cependant, dans le couloir, les architectes ont choisi de remplacer une parcelle de carrelage ancien par un nouveau parquet afin d'accentuer l'effet de profondeur.
Grâce à quelques détails déco, la paire d'experts a traduit la générosité inhérente à un tel lieu. Par exemple, sur la porte toute hauteur une poignée en noyer de 2 cm d'épaisseur et de 60 cm de long a été installée. Ailleurs, un tel équipement aurait été démesuré, ici il reste légitime.
Une décoration personnelle moderne mais subtile
Pour autant, il a fallu aux architectes personnaliser l'espace. Dans le bureau, le regard se pose rapidement sur les suspensions Led AIM des frères Bouroullec. "Pour la déco, nous avons privilégié des points de détails comme les luminaires qui attrapent l'oeil", souligne Arthur Billaut.
Derrière les portes, le bureau privé de la propriétaire se distingue en bleu. "Cette couleur accroche la lumière, se marie avec les planches en bois mais aussi avec les coloris pep des chaises Eames, que la propriétaire avait déjà", poursuit l'architecte.
Enfin, la salle de bains, pièce confidentielle, reste fidèle à l'ambiance générale de l'appartement. L'estrade démarque la zone d'eau : une nécessité dans un espace de cet taille (8 m2). La mosaïque épouse les courbes (de la cage d'escalier) et met en valeur cet ensemble dans l'esprit des "thermes". Les matériaux choisis unifient le lieu et créent un dialogue continu entre chaque pièce.
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