Plus économique que le chauffage électrique, le chauffage au gaz naturel est privilégié par 29 % des Français, selon l'Insee. Mais dans le contexte de la guerre avec l'Ukraine, la donne pourrait bien être en train de changer. Doit-on craindre des pénuries ? La facture de gaz des consommateurs français va-t-elle flamber demain ? Ou encore comment se diriger vers une 'sobriété énergétique' pour réduire notre dépendance ? Des éléments de réponse avec nos experts du secteur pour tout savoir sur le chauffage au gaz naturel.
Selon l'Ademe, le chauffage représente 66 % des consommations énergétiques d'un foyer. Autant dire que les hausses des coûts de l'énergie peuvent fortement impacter le pouvoir d'achat des ménages. Pourtant même si le prix du gaz naturel augmentait chaque année avec une flambée non négligeable en 2021, il restait jusqu'alors une énergie relativement économique, notamment si l'on prenait en compte son coût d'exploitation (entretien, durée de vie du produit, pertes de stockage) et si l'on investissait dans une chaudière gaz haute performance qui optimise la consommation d'énergie. Le gaz représente ainsi une solution de chauffage performante, avec un système confortable pour l'utilisateur et très réactif pour un habitat immédiatement chauffé. Enfin, les chaudières gaz haute performance ouvrent droit à des aides de l'état (C2E) minimisant ainsi le coût d'acquisition.
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Vers des pénuries de gaz naturel en Europe ?
Selon l'Insee, l'électricité est toujours l'énergie la plus consommée, à hauteur de 34 %, devant le gaz naturel (29 % pour 11 millions de Français), les énergies renouvelables (23 %) et les produits pétroliers (11 %). Mais les énergies fossiles comme le gaz perdent du terrain depuis quelques années, notamment en raison de leurs coûts fluctuants. En octobre 2021, on enregistrait ainsi une hausse de 12,6 % des tarifs du kW de gaz (4ème hausse en 4 mois) provoquant une grande inquiétude des ménages. Résultat ? Les pouvoirs publics ont décrété des mesures d'urgence pour aider les Français à maîtriser leur budget, votant ainsi le bouclier tarifaire, ce qui signifie qu'ils ont bloqué les prix au niveau d'octobre 2021 jusqu'au 1er janvier 2023 et octroyé aux ménages précaires un chèque énergie revalorisé.
Mais depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, ces hausses de tarifs s'accompagnent désormais de craintes de pénuries car 17 % du gaz français vient de Russie (Et plus de 40 % du gaz européen). Des pénuries qui ne devraient pourtant pas intervenir avant l'hiver prochain, selon les experts. ENGIE, notamment dont le gaz russe représente 20% des approvisionnements, négocie des volumes additionnels avec la Norvège, les Pays-Bas, l'Algérie et les Etats-Unis. "Si l'Europe venait à ne plus recevoir de gaz russe, les premières difficultés apparaîtraient avec le remplissage des cuves pour l'hiver prochain", déclarait le 6 mars 2022 dans une interview aux Echos, Catherine MacGregor la directrice générale d'ENGIE. La France a la possibilité de stocker du gaz sur son territoire, ce que les différents opérateurs sont donc en train de faire actuellement en vue de l'hiver prochain. "En France, nous bénéficions actuellement environ de 22 % de stocks de gaz, déclare Phuc Vinh Nguyen, chercheur en politique énergétique à l'institut Jacques Delors, et ce qui est paradoxal c'est que depuis janvier 2022, l'Europe a augmenté ses importations de gaz de Russie en comparaison avec l'année passée. Depuis le 8 avril 2022, la commission Européenne a voté l'embargo sur le charbon russe, la suite logique serait de procéder à l'embargo sur le pétrole russe, avant que ce ne soit le tour du gaz, ce que nombre de parlementaires souhaitent." Si l'Europe décrète l'embargo sur le pétrole russe, elle pourra toujours s'approvisionner auprès de l'Iran ou du Venezuela. "Il serait plus difficile de se priver du gaz russe car ce dernier est transporté par gazoduc, reprend Phuc Vinh Nguyen, il serait donc impossible de l'importer par gazoduc, des Etats-Unis. D'où l'intérêt de se tourner vers des pays voisins comme la Russie, avec lesquels de surcroît, la France a des engagements de longue durée, induisant des coûts compétitifs."
Que faire pour que sa consommation de gaz (et donc sa facture) ne s'emballe pas ?
Pas de craintes de pénuries et de coupures de gaz à l'horizon, à court terme donc. "L'hiver est fini, et nous avons des stocks, confirme Marion Deridder-Blondel, directrice marketing data et communications d'ENGIE France BtoC, nous n'avons donc pas d'inquiétude concernant des coupures de gaz actuellement. C'est le moment de travailler avec nos clients pour l'hiver prochain, d'oeuvrer sur leurs équipements pour piloter leur consommation et mieux la maîtriser." En effet, dans ce contexte de hausse des coûts et de risques de pénuries, les appels à la sobriété énergétique se multiplient. "Il faut repenser nos rapports à l'énergie, ajoute Phuc Vinh Nguyen, pour mieux passer l'hiver prochain et les suivants. Cela revient à baisser sa consommation de gaz, de toutes les façons possibles, pour économiser pour l'avenir."
Première étape pour économiser, suivre sa consommation de gaz régulièrement, les études montrant que ceux qui suivent leur consommation, la réduisent. ENGIE par exemple envoie à ses clients des e-mails mensuels incluant un bilan de leur consommation. Autre conseil de Marion Deridder-Blondel, procéder à des améliorations de son habitat, si l'on est propriétaire : "Sur www.monespaceprime.engie.fr, le particulier peut être conseillé sur les travaux à entreprendre dans sa maison pour augmenter son efficacité énergétique, découvrir les solutions, les coûts et même les aides proposées, ce qui est intéressant car ces dernières changent souvent." Il peut aussi s'avérer intéressant de changer sa chaudière gaz, soit pour des modèles de dernière génération affichant des consommations minorées de 30 %, soit pour des pompes à chaleur.
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En partenariat avec Netatmo, ENGIE propose aussi 'Mon Pilotage Gaz', un service destiné à ses clients gaz. Permettant de contrôler son chauffage au gaz naturel selon son budget et le niveau confort souhaité, le service est accessible directement depuis l'application mobile ENGIE Particuliers. Encore une fois, l'objectif étant d'accompagner les particuliers pour consommer moins et mieux, précise Marion Deridder-Blondel : "Le service comprend un Capteur gaz conçu par ENGIE, qui se branche directement sur le compteur GAZPAR pour mesurer ses consommations de gaz naturel ainsi qu'un Thermostat Intelligent Netatmo et son relais, qui servent à piloter la chaudière gaz, à mesurer la température intérieure du logement et à gérer le planning de son chauffage. " Une fois l'équipement installé, et après 30 jours d'analyse des habitudes de consommation, le client accède à une estimation annuelle et mensuelle de son budget gaz et peut piloter son chauffage en fonction d'un budget cible souhaité. Grâce au Thermostat Intelligent Netatmo, il gère aussi son planning de chauffage en fonction de ses préférences de confort et de budget et peut ainsi chauffer juste comme il faut et uniquement quand cela est nécessaire. En utilisant tous ces différents outils, le consommateur peut ainsi réaliser des économies de chauffage : pour être encore mieux protégé des hausses de tarifs, il peut aussi choisir de s'engager de façon contractuelle avec un opérateur comme ENGIE, entre 1 à 3 ans, pour bénéficier de tarifs fixes du prix du kW de gaz. Un bon moyen de ne pas voir sa facture s'envoler.
Quel gaz naturel pour demain ?
"C'est au printemps et en été que les opérateurs remplissent leurs cuves de gaz, car les coûts sont moins élevés qu'en hiver, commente Phuc Vinh Nguyen. En temps normal, il nous en coûte 2 milliards d'euros, les estimations parlent de 10 milliards pour remplir les cuves françaises, notamment en se tournant vers du gaz liquéfié."
Le gaz liquéfié, c'est quoi ? Il s'agit de gaz naturel qui va être compressé, de façon à pouvoir être transporté par bateau, on peut donc ainsi l'acheter à des pays plus lointains comme les Etats-Unis, le Nigeria, le Qatar ou l'Australie. Accueilli dans des terminaux méthaniers sur le sol français, il sera ensuite regazéifié pour servir de combustible. Premier importateur de gaz naturel liquéfié américain au monde, la France possède actuellement quatre terminaux méthaniers, un cinquième étant en construction. Un bon point en cas de guerre longue avec l'Ukraine et de blocus du gaz russe (l'Allemagne par exemple n'en possède aucun).
Autre possibilité, miser sur le développement du biogaz, gaz vert issu de la fermentation des déchets (90 % de matière agricole mélangé à du gaz), avec l'objectif ambitieux de la Commission Européenne de passer à 10 % de biogaz en 2030. "ENGIE est le premier fournisseur de gaz naturel en France, conclut Marion Deridder-Blondel. Pour soutenir le développement des gaz verts, nous proposons à nos clients une option à leur contrat : c'est eux qui choisissent le montant mensuel qu'ils veulent allouer au biogaz. Par exemple, pour 3 euros par mois, l'équivalent de 20 % de la consommation du client est injectée sous forme de biogaz dans le réseau de gaz naturel. Fin 2021, près de 400 sites injectaient du biogaz dans le réseau. Mais le potentiel est beaucoup plus élevé. Et c'est un gaz 100 % français qui permet de soutenir des producteurs locaux..."
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