Si vous habitez une résidence gérée en copropriété, vous êtes peut-être doté d'un chauffage collectif, une notion qui reste assez floue pour nombre de Français. Avantages, inconvénients, différentes énergies, fonctionnement de la ou des chaudières... Deux experts du secteur nous éclairent sur le chauffage collectif qui concerne environ la moitié des 400 000 copropriétés de France.
Dans les appartements équipés d'un chauffage collectif, la période de chauffe démarre aux alentours du 15 octobre jusqu'au 15 avril environ. Choix des installations, température, énergie... Vous n'avez pas vraiment la main sur la gestion de vos équipements. Cependant, vous pouvez améliorer leur efficacité et le confort de chauffe mais aussi réduire les coûts de votre facture de chauffage, par exemple si la résidence a opté pour l'individualisation des frais de chauffage, possible depuis 2017.
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Les atouts du chauffage collectif
"Lorsque votre résidence est équipée d'un chauffage collectif, cela signifie qu'une ou plusieurs grosses chaudières, vont fournir le chauffage - mais aussi parfois l'eau chaude, de tous les appartements, raccordés grâce à un système de tuyaux, explique Eric Pallu, de l'ARC UNARC, association des responsables de copropriétés. Cela présente notamment l'avantage de pouvoir mutualiser les dépenses, de réduire la consommation et de garder une température un peu plus homogène dans les logements." Autres avantages, votre logement n'est pas encombré par une chaudière et un ballon d'eau chaude et la rénovation de ces équipements coûte moins cher que lorsque vous êtes équipé d'un chauffage individuel.
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Les bémols du chauffage collectif
"Une installation mal conçue, un défaut d'entretien, de régulation ou d'équilibrage peuvent engendrer des inconforts et des gaspillages, enchaîne Marilyne Vialles, pour l'Ademe, Agence de la Transition écologique. En cas de mauvais équilibrage, la température de consigne établie par la copropriété pour que les logements soient chauffés à 20 degrés, par exemple, ne sera pas respectée dans tous les appartements : si vous êtes situé près de la chaufferie, votre appartement sera plus chauffé que celui situé à son opposé. "Certains vont avoir froid, d'autres vont avoir chaud et auront envie de couper leurs radiateurs, reconnaît Eric Pallu, c'est un problème d'équilibrage de réseau, et cela peut être réglé, mais cela a un coût." Il faut pour cela que le chauffagiste pose des vannes et calcule le débit d'eau nécessaire de chaque radiateur, selon son emplacement et ses caractéristiques techniques.
Autre désagrément, "l'entretien de ces chaufferies 'géantes' coûte aussi plus cher, ajoute Eric Pallu. Il est mensuel, et il y a toujours de la maintenance à prévoir ce qui n'est pas le cas avec des radiateurs électriques individuels, par exemple."
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Chaufferie ou pas...
Le local technique ou chaufferie (obligatoire des que la puissance de l'installation dépasse les 70 kW) peut abriter une ou plusieurs chaudières. Le fait d'installer plusieurs chaudières représente une sécurité en cas de panne de l'une d'entre elles, les autres pouvant prendre le relais. Cela peut aussi générer des économies : on parle de système de mise en cascade, ce qui signifie que l'on ne fait fonctionner que le nombre nécessaire de chaudières et que l'on optimise ainsi leurs performances. Incendie, ventilation... pour des raisons de sécurité, les caractéristiques de la chaufferie sont aussi scrupuleusement réglementées. "On peut aussi choisir d'implanter une chaudière par bâtiment, complète Eric Pallu, la copropriété doit choisir la solution la plus rentable, une seule chaufferie minimisant généralement les coûts d'installation et d'entretien."
Chauffage collectif : quelle énergie ?
Les chauffages collectifs sont majoritairement à gaz (naturel), mais peuvent aussi fonctionner au fuel pour le moment. Les pouvoirs publics voulant éradiquer cette énergie polluante ont voté une loi, qui obligera les copropriétés équipées d'une chaudière fuel à changer d'énergie à compter de 2022. Certains équipements modernes sont très performants. "Les chaudières à condensation améliorent de 10 à 25% les performances des chaudières standard, précise Marilyne Vialles. En consommant moins, elles rejettent moins de gaz à effet de serre et sont aussi moins polluantes (moins d'émissions d'oxydes d'azote et dioxyde de soufre).
La copropriété peut aussi être chauffée via une chaudière bois mais cela demande un local technique de taille suffisante car il faut positionner un imposant silo pour stocker les granulés de bois ou le bois déchiqueté. La Pac aérothermique ou géothermique est aussi une solution de chauffage collectif même si elle reste marginale. Enfin, la copropriété peut aussi être raccordée au réseau de chaleur urbain du quartier, comme cela existe dans des grandes villes comme Paris, Lyon, Strasbourg... "Le chauffage urbain (ou réseau de chaleur) centralise la production de chaleur au niveau d'une grosse chaufferie, qui dessert un ou plusieurs quartiers, poursuit Marilyne Vialles. Ensuite, des canalisations souterraines transportent la chaleur jusqu'aux immeubles, sous forme de vapeur d'eau surchauffée (180 °C) ou très chaude (100 à 110°C)."
L'individualisation pour payer uniquement ses consommations
Depuis mars 2017, la loi sur la Transition Énergétique pour la Croissance du 17 août 2015 (TECV) impose l'individualisation des frais de chauffage dans les immeubles collectifs. "Le chauffage et l'eau chaude sanitaire représentent environ la moitié des charges locatives, précise Marilyne Vialles. L'individualisation des frais de chauffage est une solution intéressante pour les réduire. Elle permet de prendre conscience de vos dépenses énergétiques en payant selon ce que vous avez consommé. Les économies d'énergie réalisées grâce à cette mesure peuvent dépasser 10%."
Qui est concerné par cette loi ? Tous les immeubles d'habitation chauffés collectivement dont la date de dépôt de permis de construire est antérieure au 1er juin 2001, à condition qu'il soit possible d'installer dans chaque appartement des appareils de régulation (robinets thermostatiques...) et de mesure des consommations (répartiteurs...). Face aux opposants à ce système, en 2020, le gouvernement a promulgué un arrêté, indiquant que le syndicat de copropriété devait au préalable à sa mise en place, faire une étude technique pour vérifier la rentabilité du système. Si le système est mis en place, on paie ses charges trimestrielles et en fin d'exercice, on relève les compteurs, d'où un système plus juste. Si l'on a plus consommé, on devra régulariser. Avec ce système, 30 % des frais de combustibles globaux sont ainsi partagés entre les occupants selon les règles en vigueur dans la copropriété, les 70% restants sont répartis selon les consommations de chaque occupant.
Quelques conseils pour optimiser votre chauffage collectif
D'un côté la chaufferie... De l'autre, l'émetteur de chaleur installé dans votre appartement, avec trois possibilités. Des convecteurs (l'air est chauffé au contact de l'émetteur) ou des radiateurs chauffant par rayonnement (les murs, les sols, les objets se réchauffent) procurant ainsi un meilleur confort. Enfin, avec un plancher chauffant, la chaleur provient des canalisations d'eau chaude et chauffe surtout par rayonnement pour une température uniforme de l'air et des parois et au final, un excellent confort.
En début de saison de chauffe, l'Ademe conseille de purger ses radiateurs qui s'ils sont remplis d'air, chauffent mal ou pas du tout et sont bruyants. N'oubliez pas de refermer après la purge. Sachez aussi que si vous habillez un émetteur et le recouvrez d'une tablette, de joues latérales ou d 'un parement, il chauffera moins la pièce. Attention enfin à le fixer à plus de 10 cm de l'émetteur pour que l'air puisse circuler autour.
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