Comment agir pour protéger les abeilles ?

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Comment agir pour protéger les abeilles ?

Comment agir pour protéger les abeilles ?

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Pas de planète ni de biodiversité sans abeilles. Or depuis 30 ans, ces agents pollinisateurs sont menacés de disparition. De la plantation de végétaux mellifères à la mise en place d'un hôtel à insectes en passant par l'installation d'une ruche dans son jardin, check-list des 6 points qui vous permettent d'agir de façon simple pour protéger les abeilles.

'Si les abeilles disparaissaient de la surface du globe, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre.' Une citation que l'on attribue à tort à Einstein mais qui véhicule en tous cas un message important : la vie de l'humanité est liée à celle des pollinisateurs et notamment des abeilles. "Moins d'habitat et de nourriture pour les abeilles solitaires mais aussi une utilisation excessive de pesticides ou encore une perte de biodiversité liée à l'intensification de l'agriculture... 30 % de la population des abeilles a disparu en France ces 30 dernières années, alerte Gabriel Perronneau, cinquième génération à oeuvrer dans la société familiale Apidis, spécialisée dans la production et la commercialisation de miel.  

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De l'importance de préserver les abeilles

Heureusement, il y a en France une vraie prise de conscience collective de l'importance de les préserver : 88 % des Français sont conscients de la disparition brutale des abeilles et 81% identifient les pratiques agricoles comme la première cause de ce déclin (Etude IPSOS UNAF 2011).  

"Selon une étude de l'INRA de 2008, les insectes pollinisateurs et l'abeille en particulier sont à l'origine de 35% de nos ressources alimentaires, avance Antoine Rochard, chargé de projet transition agroécologique et alimentaire au sein de la Fondation GoodPlanet, fondée par Yann Arthus-Bertrand. Nous menons différentes missions toute l'année pour sensibiliser le public, enfants, adultes mais aussi professionnels aux différentes façons d'agir pour les protéger avec des cours d'apiculture, la fête du miel..."  

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Toutes les plantes mellifères sont à privilégier dans son jardin pour attirer les agents pollinisateurs comme les abeilles.

Toutes les plantes mellifères sont à privilégier dans son jardin pour attirer les agents pollinisateurs comme les abeilles.

Truffaut

Action numéro 1 : 'nourrir' les abeilles au jardin

En France, 80% des abeilles françaises sont des abeilles solitaires, souvent de plus petite taille que les grosses abeilles noires. Et la première façon de les protéger est de leur donner à manger. "On peut planter des fleurs ou des arbres mellifères au jardin, précise Gabriel Perronneau. Lavande, bruyère, acacia, tilleul, thym, etc. Ces végétaux vont apporter de la nourriture aux abeilles - et donc les attirer - , de même que les haies mixtes composées de multiples espèces de fleurs comme les aubépines, les viornes, les épines-vinettes, les églantiers ou les prunelliers, etc." Une action capitale en France, notamment en ville : on y trouve surtout des plantes de printemps et en fin d'été, les abeilles ont souvent du mal à dénicher de la nourriture. "Les abeilles ont besoin de manger toute l'année, déclare Antoine Rochard. On peut donc varier les plantes et les périodes de floraison avec des grimpantes comme de la glycine au printemps, d'autres végétaux comme du lierre qui fleurit tardivement peu avant l'hiver ou même des fleurs potagères comme les cucurbitacées qui abritent énormément de pollen."  

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Les abeilles ont besoin de nourriture toute l'année. Il faut donc varier les plantations avec différentes périodes de floraison.

Les abeilles ont besoin de nourriture toute l'année. Il faut donc varier les plantations avec différentes périodes de floraison.

Truffaut

Action numéro 2 : proposer des habitats et de l'eau aux abeilles

Outre le couvert, il faut aussi penser au gîte en installant par exemple des hôtels ou des abris à insectes pour les accueillir. Vous en trouvez dans le commerce mais pouvez aussi les fabriquer vous-mêmes en accrochant simplement en hauteur un gros morceau de bois et en le perçant de trous de différents diamètres et de 6 cm de profondeur. Les abeilles solitaires peuvent ainsi y pondre des larves et se reproduire, mais aussi se protéger du gel extérieur avant de ressortir pour affronter le monde extérieur. "Il faut aussi leur aménager un point d'eau pour qu'elles puissent s'abreuver lors des intenses chaleurs, poursuit Gabriel Perronneau, notamment lors des périodes sèches en juillet et en août. Cela évite aux abeilles de se fatiguer à chercher de l'eau, et l'on est sûr que cette dernière sera saine."  

L'idéal ? Une assiette ou une petite coupelle remplies de billes de verre pour qu'elles puissent se poser sans risque de se noyer.  

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Action numéro 3 : revenir à un jardinage naturel

La Fondation GoodPlanet a aussi milité pour un mois de 'mai sans tondeuse'. En limitant la tonte, l'herbe seule n'étant d'aucun bénéfice nutritionnel pour les abeilles, on peut ainsi préserver une belle diversité florale dans les pelouses. Avec du trèfle ou du pissenlit qui apportent au contraire un complément alimentaire non négligeable aux abeilles. Le bon compromis si l'on souhaite néanmoins une pelouse esthétique ? Tondre sa pelouse mais laisser des bordures non tondues... Enfin, n'oubliez pas que le jardinage bio ou sans traitement chimique de synthèse sera bénéfique à l'abeille qui a besoin d'un environnement sain et d'une nourriture 'viable'. À noter d'ailleurs qu'une étude qui vient d'être publiée dans Journal of Applied Ecology montre que les parcelles cultivées en agriculture biologique offriraient aux abeilles domestiques plus de ressources, avec par exemple davantage 'de mauvaises herbes', ce qui tendrait à augmenter la survie de ces pollinisateurs. 

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30 % de la population des abeilles a disparu en France ces 30 dernières années.  En leur apportant le gîte et le couvert et en optant pour un jardinage respectueux de l'environnement, on participe au repeuplement des colonies.

30 % de la population des abeilles a disparu en France ces 30 dernières années. En leur apportant le gîte et le couvert et en optant pour un jardinage respectueux de l'environnement, on participe au repeuplement des colonies.

Herbert Kratky - Fotolia

Action numéro 4 : installer une ruche dans son jardin

Depuis quelques années, le nombre de ruches a fleuri dans les jardins des particuliers qui se régalent ainsi de leur production de miel maison. Une initiative qui a du sens à condition de respecter certaines règles. "C'est une bonne démarche, précise Gabriel Perronneau, mais attention, l'abeille reste sauvage et on ne s'improvise pas apiculteur." Tout le matériel apicole est désormais disponible en jardinerie ou en magasin spécialisé, et on peut ensuite acheter un essaim, par exemple une reine et 30 000 abeilles.  

Renseignez-vous néanmoins auprès de la ville pour savoir si la pratique est autorisée dans votre jardin et s'il existe ou pas des contraintes de distance avec votre voisinage. "Nous conseillons vraiment de vous adresser à un rucher école qui va vous accompagner pendant un an et vous dispenser les connaissances de base pour bien vous occuper de votre ruche, poursuit Antoine Rochard. Il convient de prendre quelques précautions car vous serez en présence de 30 ou 50 000 abeilles qui peuvent potentiellement vous attaquer." Il peut notamment vous montrer comment traiter en lutte biologique en cas d'attaque de varroa, avec un bacille qui paralyse le développement de cet acarien. En effet, une abeille malade peut contaminer toute la ruche et même les essaims voisins.  

Action numéro 5 : parrainer une ruche

Vous n'avez pas de jardin ou ne souhaitez pas vous lancer dans l'apiculture ? Vous pouvez toujours parrainer une ruche via différentes associations (renseignez-vous auprès du Syndicat National de l'apiculture, snapiculture.com) comme monmiel.fr. En versant une contribution allant de 40 à 100 euros pour une année en fonction de votre budget, vous pouvez agir concrètement en faveur des abeilles. Grâce à ce don financier, de nouvelles colonies d'abeilles sont créées et installées dans des endroits sauvages et préservés. Un échange gagnant-gagnant puisque vous recevez des pots de miel de vos abeilles directement chez vous. Parmi les actions de protection des ruches, la Fondation GoodPlanet a, quant à elle, choisi d'accompagner une communauté d'apiculteurs au Maroc.  

Pour ne pas être piqué lors de l'ouverture des ruches, l'apiculteur s'équipe d'une combinaison de protection et d'un enfumoir. L'enfumage va précipiter les abeilles au coeur de la ruche et faciliter ainsi ses interventions. Matériel botanic.

Pour ne pas être piqué lors de l'ouverture des ruches, l'apiculteur s'équipe d'une combinaison de protection et d'un enfumoir. L'enfumage va précipiter les abeilles au coeur de la ruche et faciliter ainsi ses interventions. Matériel botanic.

Arnaud Childéric

Action numéro 6 : privilégier des miels respectueux des abeilles

Objectif, valoriser les apiculteurs qui protègent les abeilles, en produisant sans pesticides et en respectant les rythmes de vie des abeilles. "Pour soutenir les abeilles, il est important d'acheter du miel français produit dans le respect des savoir-faire, milite Gabriel Perronneau. Chez Apidis, nous transportons les abeilles de nuit lors de la transhumance et les élevons dans des ruches confortables qui les gardent productives et en bonne santé." 

Au quotidien, la filière apicole française lutte pour limiter l'arrivée de miels de mélange (Chine, Ukraine) produits de façon intensive sans aucun respect des abeilles. "Il est capital de regarder l'origine du miel que vous achetez, corrobore Antoine Rochard, et de soutenir l'apiculture en achetant du miel français. Outre le fait que vous dégusterez du très bon miel, vous serez également sûr que ce miel est produit dans de bonnes conditions pour les abeilles." Pour vous aider à faire votre choix, regardez bien les étiquettes. Lorsque le label européen Bee Friendly, symbolisé par une petite abeille, est apposé sur le miel, il garantit que le produit est respectueux des pollinisateurs et que l'agriculteur a mis en place toutes sortes de mesures pour favoriser la biodiversité et préserver les abeilles. 

La technique la plus courante de récolte du miel est celle du cadre à cadre. L'apiculteur procède par enfumage et ôte les abeilles par brossage à la balayette. Après avoir prélevé toutes les cadres, il faut extraire le miel dans un endroit sec et tempéré.

La technique la plus courante de récolte du miel est celle du cadre à cadre. L'apiculteur procède par enfumage et ôte les abeilles par brossage à la balayette. Après avoir prélevé toutes les cadres, il faut extraire le miel dans un endroit sec et tempéré.

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