Heureux propriétaires d'une piscine, savez-vous que vous pouvez rendre votre piscine plus écologique ? Les postes d'évolution possibles sont la couverture du bassin, l'installation d'un système à électrolyse au sel, l'optimisation de la filtration, ainsi que son automatisation. Objectif : piscine basse consommation.
Une piscine dans le jardin : un luxe qui s'est grandement démocratisé, ces dernières années puisque de plus en plus de Français s'offrent un bassin de jeux, de détente et de rafraîchissement. En effet, le territoire en compte en 2023 deux fois plus qu'en 2018, selon une enquête menée par Decryptis pour la Fédération des Professionnels de la Piscine et du Spa (FPP) ; soit 3,2 millions de piscines en France actuellement, partagées à quasi-égalité entre les modèles enterrés (1,55 million) et ceux hors-sol (1,64 million). La France est le second marché mondial après les USA.
Pourtant, le traitement de l'eau, l'utilisation de l'énergie, et la question du recyclage pourraient impacter l'activité de ce secteur. Les fabricants et distributeurs s'attellent actuellement à créer des équipements qui visent à améliorer l'impact écologique des piscines déjà installées mais également à équiper les nouvelles piscines encore plus respectueuses de l'environnement. Et en parallèle de l'aspect technique, il s'agit aussi d'apprendre à mieux l'utiliser : l'aspect comportemental du consommateur est tout aussi important et complémentaire.
>> A voir aussi >> 10 idées reçues sur la construction d'une piscine
1. Comment rendre sa piscine la plus écologique possible ? L'équiper d'une couverture et/ou d'un abri
C'est le tout premier point crucial pour rendre sa piscine plus écologique : la couvrir. "Couvrir une piscine c'est non négociable, lance Vianney Tuffal, le directeur général de Waterair. Le chauffage est le poste plus énergivore - et le plus onéreux - de tout l'entretien d'une piscine." Couvrir permet d'éviter le refroidissement de l'eau pendant la nuit, son évaporation lorsqu'elle n'est pas utilisée, et également de salir l'eau lors de la chute des feuilles d'arbres et des pollutions extérieures, donc de préserver la propreté du bassin, réduisant l'utilisation et l'entretien du système de filtration.
"À partir du moment où le bassin est chauffé, la pose d'une couverture est indispensable, insiste Joëlle Pulinx, déléguée générale de la Fédération française de la Piscine et du Spa. Sinon c'est comme allumer le chauffage et ouvrir les fenêtres dans sa maison ! L'achat d'une couverture à bulles a minima permet de conserver les calories, mais attention, elle n'assure pas la sécurité du bassin - dans tous les cas, il faut toujours surveiller ses enfants dans et autour de la piscine, et les former à l'aisance aquatique dès 4 ans. Les autres types de couvertures disponibles sont les modèles à lames solaires, qui chauffent la piscine et permettent de conserver la température de l'eau ; ou encore le volet roulant en polycarbonate qui permet de chauffer l'eau."
>> A parcourir aussi >> 15 solutions pour profiter de sa piscine plus longtemps
L'entreprise internationale Maytronics, leader mondial sur les robots nettoyeurs de piscines, fabrique et commercialise aussi avec sa filiale française des couvertures automatiques de piscines. Marie-Pierre Fraychet, la directrice marketing, explique que "la loi sécurité piscine 2003 oblige tous les possesseurs de piscines à avoir un équipement de sécurité. La couverture de piscine est avant tout un produit de sécurité, norme NFP90308".
Il existe ensuite les abris à fermer, plus onéreux mais plus confortables aussi - attention, la pose d'un modèle haut nécessite un permis de construire. Un abri de piscine, sans avoir besoin de pompe à chaleur, permet de gagner 5 à 6 degrés de plus dans le bassin grâce à l'effet de serre. Couverture et abris sont par ailleurs combinables. Ils doivent répondre respectivement aux normes NFP 90 308 et NFP 90 309.
2. Conserver l'eau du bassin
En plus de l'installation d'une couverture ou d'un abri, d'autres bonnes pratiques permettent d'économiser l'eau et l'énergie de la filtration : en rénovation, la première opération consiste à créer un volume plus petit en remontant le fond du bassin. "Dans les années 80/90, les piscines étaient bien plus grandes qu'aujourd'hui, et plus profondes aussi, raconte Joëlle Pulinx. De véritables 'fosses de plongées' de 17 mètres sur 8 mètres à 3 mètres de profondeur, en moyenne 73 m3 en remplissage initial - vidée puis re-remplie à chaque grand nettoyage annuel ! Mais ces immenses piscines, c'est fini ! Les piscines sont passées de 12x6 m à 5x10 m, puis 4x8 m ; aujourd'hui, elles comptent en moyenne 39 m3 à 15 m3 d'eau, pour une profondeur d'1,20 m à 1,40 m. Plus petites et beaucoup moins profondes, elles correspondent à un besoin des familles qui ne la dédient plus à la nage mais à la détente et aux loisirs avec les enfants. Le prix d'investissement reste globalement le même, car, même plus petites, elles sont mieux équipées avec des couvertures, un pac (pompe à chaleur), de l'automatisation, pour des piscines plus autonomes et agréables à vivre."
Par ailleurs, en période de sécheresse, ne pas plonger ou sauter permet de ne pas perdre de l'eau... Descendre tranquillement dans son bassin conserve l'eau ! Et s'il est nécessaire de compléter son niveau d'eau, le faire plutôt le soir ou le matin permet de limiter l'évaporation.
Si le niveau d'eau a baissé pour quelque raison que ce soit, il est nécessaire de faire l'appoint. Simplement avec l'eau du circuit courant, ou même avec l'eau de pluie venant d'un récupérateur d'eau... selon certaines conditions. "Il n'est pas toujours évident d'utiliser l'eau de son récupérateur d'eau de pluie pour remplir complètement sa piscine, mais pour compléter le niveau d'eau de son bassin, c'est tout à fait valable, note Joëlle Pulinx. La pluie tombe dedans de toute façon. Et lors de l'hivernage passif qui consiste à changer seulement 1/3 de l'eau de son bassin (et non plus la totalité), les pluies de l'hiver peuvent parfois suffire, selon les régions, pour remettre à niveau l'eau du bassin. Attention cependant à l'eau stockée en citerne : tout dépend des zones géographiques, concernées ou pas par les pluies acides ; cela dépend également de l'état du toit et de celui de la citerne en elle-même. Plusieurs paramètres sont à contrôler, pour l'utiliser en restant prudent. Elle peut au besoin être utilisée après traitement".
3. Choisir/changer la pompe à filtration adaptée au bassin
Dans les années 90, les piscinistes préféraient installer des pompes de 1000-1500 watts, sans considérer son importante consommation énergétique, l'essentiel étant alors de s'assurer que l'équipement allait fonctionner au mieux. Aujourd'hui, la réduction de la taille des piscines doit s'accompagner de la réduction des pompes de filtration. Ces pompes sont le coeur de la piscine, et il est en effet fréquent de retrouver des systèmes surdimensionnés avec une consommation électrique importante (1000, 1500 watts voire plus). Aujourd'hui, il est conseillé de changer ces pompes surdimensionnées (si c'est nécessaire seulement, cependant !), pour une pompe adaptée à son bassin et à vitesse variable. "Une pompe adaptée, souvent plus petite, suffit et permet d'économiser beaucoup d'énergie, explique Vianney Tuffal. L'essentiel est d'assurer un brassage complet du bassin trois fois par jour pour profiter d'une eau claire et limpide. Ainsi, le moteur de la piscine s'adapte exactement au fonctionnement du bassin."
Aujourd'hui, les blocs de filtration indépendants et compacts s'installent tout prêt de la piscine (et non plus à distance dans une cabane), ce qui permet de consommer moins de tuyauterie, donc moins de pression pour faire circuler l'eau. Dans son bloc de filtration intégré, la pompe immergée de 150 watts de Waterair affiche une consommation annuelle égale à la production de deux panneaux photovoltaïques ; c'est cette innovation qui a permis à l'entreprise de concourir pour le prix Solar Impulse de Bertrand Picard, et d'obtenir pour cette Piscine Zéro Impact énergétique à l'usage le trophée 1000 Solutions. "Nous avons prouvé qu'une piscine chauffée, couverte, sécurisée et filtrée pour zéro consommation d'électricité, est possible ! (La consommation du système de filtration est compensée par la production de deux panneaux photovoltaïques, l'ensemble étant relié au réseau électrique de la maison. Elle n'est donc pas 'zéro CO2')". Par ailleurs, pour les piscines existantes et parce que c'est un budget de mettre sa pompe au rebut simplement parce qu'elle consomme, l'entreprise a travaillé sur un concept de variateur de vitesse qui réduit jusqu'à 30% sa consommation d'électricité et son bruit (tout en permettant le brassage du bassin trois fois par jour pour la propreté de son bassin).
Un robot nettoyeur peut également être ajouté dans le bassin : "Les robots nettoyeurs filtrent la piscine et réduisent ainsi le besoin de contre-lavage, permettant ainsi les économies d'eau et de produit d'entretien, souligne Marie-Pierre Fraychet de Maytronics. Ils capturent toutes les impuretés et évitent qu'elles n'aillent dans le filtre, ce qui participe à la filtration de la piscine, à raison de 15 à 19 m3/heure".
4. Utiliser une électrolyse pour une eau propre et saine
Entretenir l'eau de sa piscine consiste à la garder limpide et cristalline, dépourvue d'algues et de particules diverses. Tout d'abord, en rénovation toujours, Vianney Tuffal de Waterair conseille de prévoir des margelles qui orientent les eaux de pluie à l'extérieur du bassin ; cela évite que l'eau qui ruisselle n'amène les poussières, feuilles, insectes et toutes impuretés qui sont sur la plage. Celles-ci rendent la piscine inesthétique et nuisent à la qualité de l'eau et au confort de baignade.
Le poste de traitement de l'eau n'est pas énergivore en tant que tel, mais les recommandations actuelles sont d'avoir la juste dose de produit au bon moment pour éviter soit d'abuser de produits chimiques de traitement de l'eau, ou au contraire de ne pas la traiter correctement et faire 'tourner' l'eau, qui devient alors verte et obligerait alors à vidanger sa piscine dans les cas extrêmes. En début de saison, en mars ou avril, il est conseillé de faire analyser l'eau de son bassin auprès d'un pisciniste et de recueillir les recommandations de traitement pour avoir une eau qui va bien traverser la saison.
La tendance est à l'électrolyseur au sel. Contrairement à l'idée reçue, il ne permet pas de remplacer le chlore pas du sel... L'électrolyseur fabrique du chlore à partir de sel. Ce n'est donc pas un chlore fabriqué en usine mais directement dans le bassin. "Il est conseillé de charger l'eau en sel à raison de 3g/L, explique Vianney Tuffal. C'est le sel de cette eau légèrement salée qui se transforme en chlore en passant dans une électrode. Le chlore, qui est un puissant désinfectant est fabriqué en continu directement dans la piscine."
Mais si le chlore est un puissant désinfectant sécurisant, il peut cependant provoquer des allergies (asthme, problèmes de peau...). Il existe désormais un système sans chlore, mis au point par l'entreprise innovante et écologique Biopooltech : "Notre système de filtration n'envoie pas du chlore-qui-tue-tout mais des bactéries cultivées en laboratoire, validées par le CNRS, explique Jérôme Viala, directeur associé de l'entreprise française Biopooltech. Ces bactéries 'mangent' et absorbent les composés organiques qui sinon serviraient de nourriture pour les microalgues ; il s'agit de reproduire le principe de l'épuration par les plantes et la biodégradation, ce qui revient à se baigner dans une eau de rivière, dans une eau naturelle". Ce type de baignade naturelle utilise une filtration avec des pompes à vitesse variable, et un filtre qui contient de la lithotamne. Les bactéries filtrantes sont injectées dans le filtre et dans le bassin. Les vitesses de filtration sont lentes avec de la grosse tuyauterie pour éviter les pertes de charge et nécessitent cinq à six fois moins d'électricité que les pompes traditionnelles ; elles peuvent aussi être branchées sur panneaux solaires et ainsi devenir neutres par rapport au réseau. "L'eau d'un bassin naturel est bonne pour le jardin, car elle ne contient ni chlore ni sel, ajoute Jérôme Viala. Et le filtre à lithotamne nécessite deux à trois fois moins de rinçage que dans un circuit traditionnel, ce qui économise entre 400 à 800 litres d'eau par rinçage. Une véritable piscine positive, au moins neutre en eau et en électricité !." La filtration Biopooltech peut être installée dans tous types de piscines pour la rendre biologique et connectée.
5. Automatiser le bassin pour améliorer son impact écologique
L'automatisation du bassin dans sa globalité est très intéressante pour améliorer son impact écologique. Un capteur contrôle la température de l'eau (afin de réguler la pompe de la piscine et le taux d'injection de désinfectant), l'encrassement du filtre afin de le nettoyer lorsque c'est nécessaire, ainsi que le taux de pH et de chlore. Ces mesures permettent d'indiquer au client comment régler la durée de filtration et quels produits de traitement d'eau ajouter au bon moment, à moins que le pilotage ne se fasse directement sur la pompe et les appareils de traitement de l'eau pour les versions les plus avancées.
Il est aussi possible de réguler la pompe à chaleur, le système le plus courant pour chauffer sa piscine, ayant remplacé les réchauffeurs électriques installés il y a 15 ans, véritables gouffres énergétiques. Tous ces progrès ont divisé par neuf le nombre de kilowatts utilisés pour chauffer sa piscine !
La société Biopooltech a également mis au point un coffret de pilotage intelligent et connecté qui permet de savoir tout ce qui se passe dans la piscine et d'interagir sur tous les composants et accessoires de la piscine depuis son smartphone. Ce système a été primé au CES de Las Vegas. "Notre filtration s'adapte aussi sur toutes les piscines que les gens veulent rendre naturelles mais aussi le plus automatique possible, déclare Jérôme Viala. Cela permet aussi aux propriétaires de piscines équipées de moins passer de temps à entretenir leur bassin et de plus profiter de la baignade."
Nouveaux matériaux et bassin de baignade naturelle
Les matériaux les plus classiques pour la construction d'une piscine sont la coque polyester moulé rendu étanche par un gel coat, et le béton rendu étanche par un liner (dont les normes ont évolué depuis des années déjà, pour devenir exempts de substances chimiques et de métaux lourds). Certaines marques comme Waterair offrent une garantie de 12 ans sur les liners, qui peuvent durer jusqu'à 15 ou 20 ans. Avec la REP, responsabilité étendue des producteurs, les industriels organisent la filière du retraitement des déchets du bâtiment et de tout le secteur de la piscine, incluant les liners.
Une alternative à la piscine classique fait parler d'elle : la piscine écologique et bio, ou 'bassin de baignade naturelle' (une terminologie que privilégie la FPP). C'est une niche dans l'air du temps, qui répond à une attente spécifique : il plaît à ceux qui aiment se baigner dans une eau fraîche et dans un cadre tout à fait naturel. Non désinfecté au chlore ni désinfectant, c'est un biotope naturel, une 'piscine hypoallergénique', comme Jérôme Viala la surnomme.
Biopooltech a également lancé en 2016 (après des expérimentations menée dès 2008) un nouveau système constructif de bassin en bois immergé réalisé en pin douglas français, provenant de forêts écogerées du Massif Central. "Contrairement aux idées reçues, la meilleure façon de conserver le bois c'est de l'immerger. Il reste parfaitement sain, ne pourri pas et ne fait pas d'écharde, souligne Jérôme Viala. Mieux, il ne se fend pas ni ne fuit, grâce à son revêtement extérieur en membrane EPDM (celle-là même qui sert aux bassins de rétentions), qui reste en place sur toute la durée de vie de la piscine." La nouvelle piscine écolo est simple à vivre.
En somme, le marché de la baignade a beaucoup évolué. La piscine des années 90 et celle d'aujourd'hui n'ont plus rien à voir : la consommation d'énergie de la filtration fut divisée par six, le volume d'eau de remplissage par deux, le nombre de kilowatts utilisés pour chauffer sa piscine par neuf... C'est un nouveau marché de la piscine basse consommation qui s'ouvre actuellement, avec des modèles moins gourmands en eau, moins énergivores et plus sains. À l'initiative de la fédération française des professionnels de la piscine, la norme environnementale d'août 2022, qui sera appliquée dans les années à venir, va permettre de classer les piscines de A à F selon leur classe environnementale ; elle permettra aux consommateurs de comparer plus facilement les bassins.
Par ailleurs, les loisirs à domicile sont autant de kilos de CO2 non consommés à rouler pour aller jusqu'à la piscine municipale ! Une piscine, c'est seulement 250 kg de CO2 à l'année à l'exploitation.
Remerciements à Joëlle Pulinx de la FPP (Fédération des Professionnels des Piscines et spas) ; à Vianney Tuffal, directeur général de WaterAir ; à Jérôme Vialla, codirecteur de Biopooltech ; à Marie-Pierre Fraychet, directrice marketing chez Maytronics.
Commentez cet article
1 commentaire
SylvieCh
Bonjour, Dans votre article, vous ne parlez pas des piscines au brome, ce qui est dommage, car il y a beaucoup d'avantages (pas d'allergie au chlore, pas d'odeur, plus de stabilité aux UV). Est-il nécessaire de vider sa piscine ? Cela fait 10 ans que nous ne l'avons pas fait. Elle est entretenue par une société et c'est un coût mais ça représente des économies en consommation d'eau.
Signaler un contenu abusif