Une ruine bien retapée en Corse

Sur les hauts de Centuri, une demeure rurale contemple la Méditerranée... Cette réhabilitation imaginée par Stéphane Poux, architecte d'intérieur, maître d'oeuvre du projet, et Virginie Harnois, la propriétaire, est faite de complicité et de simplicité. A travers le choix des couleurs et des matériaux le duo rend hommage à l'habitat capcorsin. >> A lire aussi >> Une maison familiale rénovée avec goût

Dans le hameau d'Ortinola, la solide bâtisse adopte les codes vernaculaires : enduit brut soigneusement appliqué par le façadier local, toiture en lauzes de serpentinite - pierre schisteuse aux reflets verts - huisseries peintes en gris bleuté dit bastiais et porte d'entrée à imposte en lunette flanquée de palmiers. "Nous avons souhaité maintenir l'aspect traditionnel de la maison de village du Cap Corse, la casa, sans chercher les effets." C'est la visée de Stéphane Poux, architecte d'intérieur, maître d'oeuvre du projet, en osmose avec Virginie Harnois, la propriétaire.  

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De fait, le bâti est inchangé, le jardin juste démaquisé, son vocabulaire végétal laissé au naturel : la vue bucolique sur le vallon odoriférant, les flots et l'îlot de Capense règnent et... suffisent ! "Un rêve pour les pinzutti (continentaux) que nous sommes", souligne Virginie Harnois, conquise par le site. "J'ai fait appel à Stéphane Poux, décorateur et ami qui connaît bien l'île, pour remettre sur pied cette ruine prometteuse et m'aider à la décorer."  

Partition à quatre mains : le suivi du chantier, le gros oeuvre, le choix des matériaux, c'est lui, la chine c'est elle ! Du mobilier de récup, des sièges vintage en rotin, des photos de la dame de céans en cimaise et, en sus, quelques belles signatures de créateurs pour ponctuer le tout : un aménagement décontracté symbole de vacances pour Virginie. Les murs des pièces à vivre ont retrouvé leur blancheur chaulée, la pierre a refait surface par endroits, tandis que les circulations haussent le ton et adoptent une densité taupe ou gris galet.  

Nouvelle vie pour cette maison ayant appartenu aux Cipriani, une famille de "Corses-Américains" qui, au XIXe - comme tant d'autres insulaires - tentèrent leur chance vers le Nouveau Monde, en quête d'un eldorado mirifique. Fortune faite, ils revinrent au pays, le Cap Corse en l'occurrence, pour y construire maisons patri-ciennes, palazzi cossus et autres édifices dans le goût colonial, destinés à exhiber au regard de leurs congénères leur réussite sociale ! "Je me suis inspiré de ces architectures très particulières dans la restructuration des volumes intérieurs : j'en ai retenu la notion d'harmonie, d'espace et de symétrie...", relate Stéphane Poux qui oeuvre depuis trente ans pour une clientèle privée. Ce qu'elle apprécie chez lui ? L'omniprésence de la couleur ! Tout l'inverse de ce qu'il vient de réaliser ici... Comme quoi l'on peut être à l'aise avec l'orange de feu et le rose fuchsia et manier avec un égal bonheur les tons de sable et de craie...  

• Contacts : www.virginieharnois.com ; www.stephanepoux.com  

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