Rafraichissant, naturel, reposant, zen... Le jardin d'eau a tout pour séduire. Avec l'aide de Michel Pena, paysagiste de son etat, on a posé les bases de la création d'un bassin de jardin.
Se créer un bassin de jardin est loin d'être un acte anodin pour Michel Péna. Ce paysagiste, ancien président de la Fédération Française du Paysage qui enseigne à l'Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles a été le maitre d'oeuvre de la réalisation de nombreux bassins. Il nous a livré ses conseils, tout en distillant sa philosophie du paysage...
1. Créer le bassinQuestionnement préalable
Législation. En dessous de 1000m² d'eau, pas besoin de faire de déclaration. Si vous souhaitez détourner des cours d'eau naturels pour alimenter votre bassin, contactez la DDE locale (Direction Départementale de l'Equipement) et informez-les de votre projet.
Période. Le mieux, c'est de creuser la mare durant l'été, de la bâcher en septembre et de profiter des pluies automnales d'octobre pour la remplir. Si on habite dans le sud de la France, on devra la remplir artificiellement dans un premier temps. On profite au maximum des installations de récupération d'eau de pluie, plus saine pour le bassin.
Exposition. Tout dépend du type de plante que l'on souhaite avoir dans son bassin. Si on le veut fleuri et luxuriant, mieux vaut le placer en plein soleil. Mais il existe certaines plantes qui préfèrent l'ombre.
Forme. Plus la rive est spacieuse, plus la richesse biologique sera favorisée.
Profondeur. Pour un bassin naturel, on table sur 1m50 d'eau au minimum dans la partie centrale. Notamment pour permettre aux animaux et aux végétaux de se protéger des prédateurs et des intempéries.
Tendance ? Si on est de plus en plus demandeur de " naturel ", on n'a pas forcément conscience de la signification de ce choix. Un biotope autosuffisant et vivant, cela comprends peut-être aussi l'installation de moustiques, des croassements de grenouilles intempestifs...
Boite à outils de base...
Terrassement. L'idéal pour creuser le trou, c'est d'utiliser une mini pelle. Cet engin de chantier ne nécessite pas de permis de conduire spécial et son maniement s'apprends relativement rapidement. C'est un gain de temps et d'énergie indéniable, qui nous évitent aussi un lumbago !
Isolation. Pour aménager le fond du bassin, deux solutions principales s'offrent à vous : l'utilisation d'une membrane plastique et l'isolation à l'argile.
La bâche, technique la plus courante, présente l'avantage d'isoler parfaitement, facilement et instantanément le bassin. Toutefois, un simple trou dans celle ci implique son renouvellement total et les préjudices pratiques qui en découlent.
L'argile est en apparence la solution la plus écologique et la plus durable. Sous forme de briques crues à assembler par exemple, c'est la garantie d'une étanchéité réellement pérenne. Mais cela implique plus de travail d'installation, une profondeur de bassin plus grande car on doit compter apposer une couche de 20 a 50 cm et l'annulation de l'intérêt écologique si l'argile se trouve à longue distance de votre lieu d'habitation. Il faut aussi s'attendre à avoir une eau moins limpide qu'avec d'autres techniques. On profite donc de cette méthode si on vit sur des terres argileuses ou si on peut en trouver à proximité de chez soi.
On peut aussi opter pour des solutions comme les bassins préformés ou maçonnés mais avant de se ruer sur leur efficacité manifeste, encore faut-il se poser la question de la philosophie qu'on souhaite donner à son bassin.
Qualité de l'eau. Une eau qui macère n'est jamais bon présage ni pour la santé du biotope de votre jardin d'eau ni pour l'esthétique de celui-ci. La recommandation de base pour avoir une eau de qualité ? Il est primordial qu'elle soit toujours en contact avec de l'oxygène. Pour cela on peut utiliser : des systèmes qui mettent l'eau en mouvement comme des petites fontaines et des chutes d'eau (qui sont en plus très esthétiques), des pompes d'aération mécanisés, et des " plantes oxygénantes " comme l'élodée.
2. Aménager la flore du bassinIl existe une grande variété d'espèces que l'on peut acheter en jardineries ou dans des pépinières spécialisées, plus rares mais qui valent le détour. L'essentiel étant de bien considérer la compatibilité des plantes choisies avec l'environnement (taille de bassin, exposition, faune...) dans lequel elles vont évoluer. Ainsi certaines espèces comme les roseaux ne conviennent pas aux petites mares car ils peuvent s'avérer envahissants.
Pour ce qui est de la végétation à proximité du bassin, ont met les saules à l'honneur. Cet arbre qui présente une grande variété d'espèces de toutes tailles était l'ami historique des mares et autres étangs français. Il y a seulement un cinquantaine d'années, ils étaient présents un peu partout aux abords des points d'eau de l'hexagone. C'est donc une variété qui se prête très bien à l'environnement des bassins.
En ville et en banlieue, on donne la part belle aux fameuses carpes koï. Très colorées, plusieurs sortes existent et s'acclimatent bien à tous les bassins. Elles peuvent prendre différentes tailles, en fonction de leur alimentation et de la surface de la mare qui les accueille.
Si vous vous lancez dans l'aventure et que vous avez l'opportunité d'avoir un bassin en montage ou à la campagne, renseignez-vous auprès du garde-pêche pour en savoir plus sur les variétés locales qui seraient facteurs d'équilibre pour votre bassin.
Bon à savoir : les poissons se nourrissent de larves de moustique, ils sont donc nos alliés pour les combattre.
Pour protéger toute la faune du bassin, rien de mieux qu'une vase au fond de la marre. Elle se créera naturellement si il y a de la terre dans le fond du bassin, et permettra aux animaux de se mettre au chaud l'hiver, et de fuir les prédateurs le reste du temps.
Le fin mot de l'histoire, nous confie Michel Péna, c'est que l'adaptation du bassin à l'environnement et à la nature est le point essentiel à respecter. Etre attentif au milieu d'origine plus qu'à nos désirs personnels est la clef d'un bassin durable, beau et en bonne santé.
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