L'artiste, peintre, illustrateur, dessinateur, poète et designer espagnol Ignasi Monreal, installé à Rome, hybride les techniques, croise les mondes. Passant des approches traditionnelles au digital, il invente une géographie visuelle. Célébrées par l'industrie de la mode et l'univers du luxe, ses utopies comme ses vues de l'esprit placent l'imaginaire, l'illusion, la facétie au coeur du jeu et de la vie. Les vues panoramiques sur Rome semblent prolonger le coup de pinceau d'Ignasi Monreal, comme l'horizon de ses toiles se superpose au paysage. Du haut de la colline de l'Esquilin, la basilique Santa Maria Maggiore s'invite à la fenêtre. De l'autre côté, la ville ocre se dessine à perte de vue au pied d'une galerie extérieure. Dedans, dehors, dans son appartement les décors tissent des correspondances, lient des rencontres. Dans l'atelier, le visage à deux têtes du dieu Janus occupe les lieux. Plus loin, les volets intérieurs simulent un coucher de soleil et une collection d'assiettes en trompe-l'oeil défie la loi de l'apesanteur. Le ton est donné, les facéties de l'artiste sèment le trouble et bougent les lignes, ralliant avec une impressionnante vraisemblance réalité et illusion.
Tout fusionne, s'hybride dans ce monde d'utopies souvent qualifié d'hyperréaliste. À tort, selon Ignasi Monreal, qui préfère parler de "Monrealism", une invention d'une de ses amies inspirée par le nom de famille du créateur. Dès l'âge de deux ans, "Cobi", la mascotte des Jeux olympiques de Barcelone en 1992 créée par le designer Javier Mariscal, inspirera ses premiers dessins. Les bandes dessinées, l'illustration, les films d'animation façonnent l'aventure créative. Un instinct qu'il cultive par la rigueur du travail, sans formation. Dessiner, laisser venir l'envie, croiser les références classiques de l'histoire de l'art et celles du surréalisme ou de la pop culture, rassembler ce que son oeil imprime et le restituer en un trait. Tout est bon pour projeter l'illusion sur la toile ou sur l'écran. Du pinceau aux outils numériques, des pigments au digital, Ignasi Monreal navigue d'un support à l'autre. Ce champ créatif à 360 degrés, capable de conjuguer techniques et styles, imposera le sien auprès de l'industrie de la mode, celui de la musique et de l'univers du luxe. Sa rencontre avec Alessandro Michele, directeur de la création de Gucci depuis 2015, a mis en lumière son goût pour les promenades visuelles au kitch poétique. Du vêtement aux campagnes publicitaires, des vidéos à la création de fresques murales dans le musée de l'enseigne, à Florence, ou encore dans les boutiques de New York, Milan et récemment à Las Vegas... ses collaborations infusent l'ADN onirique de la maison de couture. "La crise sanitaire a impacté les campagnes des marques, sans production photographique celles-ci ont eu recours au dessin pour communiquer autrement", souligne l'artiste que la période a mis sur le devant de la scène.
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