A Bordeaux, le charme brut d'une échoppe modernisée

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Se lancer dans la rénovation d'un bien, en particulier ancien, incarne toujours une aventure. Ce n'est pas un hasard si l'expression "projet de vie" est régulièrement utilisée pour parler de ces cas de figure. Que les travaux s'étendent sur des mois voire des années, ou se finalisent plus rapidement que prévu, ils font partie intégrante de l'histoire de la maison, mais aussi de celle de ses habitants. Ecrire un nouveau chapitre de cette échoppe bordelaise était une évidence pour Thomas Sabatier et sa famille. La bâtisse offrait toute l'authenticité que recherchait cet architecte chevronné, à commencer par sa façade ouvragée quasiment intacte. Une fois la porte ancienne passée, les choses se sont pourtant compliquées : la définition même d'une maison "dans son jus". Le plan très cloisonné empêchait la lumière de circuler d'un bout à l'autre. Aux prémisses du projet, personne ne pouvait donc soupçonner le potentiel (bien caché) des lieux...

Cofondateur de l'agence d'architecture BAL, Thomas Sabatier connaît bien le fonctionnement des maisons de sa région. Etendues sur la longueur, plutôt basses, les échoppes bordelaises possèdent un charme particulier mais aussi les inconvénients inhérents. Il n'était donc pas étonné de retrouver dans ce 140 m2 les problématiques déjà rencontrées lors de précédents chantiers, et notamment un gros défaut de luminosité. Les nombreuses petites pièces qui composaient le bien obstruaient également la vue sur le jardin, classique pour une construction ancienne. Mettre complètement à plat le plan était essentiel pour moderniser cette échoppe délaissée. Reste qu'il ne s'attendait pas à découvrir une hauteur sous plafond aussi importante au cours des travaux. Cet atout a d'ailleurs cristallisé toute l'évolution du chantier, offrant à l'architecte et sa famille, l'occasion de remodeler les lieux à leur image. Les matériaux bruts ont ainsi modernisé la silhouette authentique de la maison.
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>> Le projet de rénovation en bref >> Le lieu : Bordeaux, quartier Nansouty (33). La surface : 170 m2 après construction de l'extension. La durée des travaux : 14 mois fractionnés en deux phases. L'idée : réhabiliter et agrandir une échoppe bordelaise dans son jus pour la vie de famille, favoriser au maximum la luminosité, privilégier des matériaux bruts pour mettre en valeur l'architecture des lieux.
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>> Agence d'architecture BAL, bal-archi.com
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agrandir Un projet de rénovation sensible

1 - Un projet de rénovation sensible - "L'échoppe bordelaise est une typologie de maisons en bande qui s'est développée dans les faubourgs de Bordeaux du 19e siècle jusqu'au milieu du 20e. Un habitat compact, cohérent, qui allie les qualités d'une maison individuelle avec une densité urbaine raisonnable", expliquent les fondateurs de l'agence BAL. Typique de la région donc, cette échoppe du début du siècle dernier a naturellement tapé dans l'oeil de l'architecte Thomas Sabatier. Certainement car la façade ornée de motifs n'avait rien perdu de sa noblesse. L'intérieur n'avait cependant pas eu cette chance - le 140 m2 n'ayant pas subi de réelles rénovations depuis sa construction. A l'intérieur, un grand couloir central distribuait encore le séjour (évidemment placé côté rue), puis une série de petites pièces secondaires désuètes, à l'image des chambres ou de la salle de bains. La cuisine était reléguée en rez-de-jardin, loin des regards. Repenser entièrement la configuration était indispensable au vu de nos modes de vie actuels. Thomas Sabatier a choisi de faire tomber toutes les séparations inutiles, pour repartir sur une base clean.
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Fabio Semeraro

agrandir La démolition des faux-plafonds a révélé un beau potentiel

2 - La démolition des faux-plafonds a révélé un beau potentiel - L'avantage lorsqu'on entreprend des travaux en auto-construction, comme ce fut le cas pour cette réalisation, c'est qu'il est possible d'adapter le projet en fonction des imprévus. Faire soi-même offre la possibilité de moduler les aménagements au fil des découvertes. Les premières esquisses de la future maison prévoyaient de recréer deux niveaux complets, en séparant espaces de vie et partie nuit suivant l'étage. Mais le plan a considérablement évolué pendant la phase de démolition. Très cloisonnée à l'origine, l'échoppe s'est transformée en plateau dénudé après la dépose des cloisons non porteuses et des faux-plafonds. Là, l'architecte et sa famille ont eu la bonne surprise de découvrir une hauteur vertigineuse : la toiture culminait à plus de 7 mètres. Un atout bien trop précieux pour être sacrifié. La configuration prévue fut entièrement recalibrée en fonction de ce paramètre. Plus question de bâtir un étage complet qui aurait signé le glas de la hauteur, le bien a donc adopté un tout nouveau visage.
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Thomas Sabatier

agrandir Mettre en valeur la hauteur sous plafond inédite

3 - Mettre en valeur la hauteur sous plafond inédite - Faire des compromis est parfois inévitable dans un projet de rénovation. Pour mettre en valeur la belle hauteur découverte sur le tas, le cofondateur de l'agence BAL a choisi de sacrifier quelques mètres carrés au sol. L'idée étant de créer une mezzanine plutôt qu'un niveau tout entier, en perçant une large trémie côté jardin - une surface équivalente à une chambre s'est évaporée au profit de cette vue dégagée sur le reste de la maison et le jardin verdoyant. "Ce parti pris nous a également permis de gagner rapidement en clarté, commente le pro. La lumière circule librement entre les étages, tout comme les fenêtres des deux extrémités se répondent sans entrave." La réfection de l'isolation (aujourd'hui composée de laine de bois et chanvre) était un bon prétexte pour ajouter des ouvertures directement dans la toiture. Les fenêtres de toit accentuent évidemment la luminosité mais guident également le regard vers le haut, soulignant l'atout phare de la maison. Le plafond fut recouvert de contreplaqué de peuplier, une essence de bois que l'on retrouve à différents points, tel un fil conducteur doux entre les espaces de vie.
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Fabio Semeraro

agrandir Des jeux de niveaux animent les espaces de vie

4 - Des jeux de niveaux animent les espaces de vie - Même si la rénovation s'est articulée autour d'une esthétique contemporaine, où les matériaux bruts sont majoritaires, respecter l'âme d'origine était essentiel aux yeux des propriétaires. Le caractère ancien de l'échoppe transparaît à travers quelques éléments restaurés, à l'image de la porte d'entrée ou du plancher patiné qui s'étend sur toute la mezzanine. Ou encore via l'escalier en pierre qui descend vers le rez-de-jardin et fut conservé tel quel avec ses aspérités. Ne pas rompre avec l'identité de l'échoppe signifiait également conserver sa typologie, parfois un peu biscornue. Il n'est pas rare de trouver sur Bordeaux des maisons qui, comme celle-ci, possèdent de nombreuses variations de niveaux. Pour faciliter l'écoulement des eaux et donc éviter les inondations, beaucoup ont par exemple une partie jardin plus basse que la rue. Les différentes hauteurs ont été sauvegardées durant la transfromations car elles contribuent au charme du bien.

Fabio Semeraro

agrandir Quand les aménagements épousent l'architecture biscornue

5 - Quand les aménagements épousent l'architecture biscornue - Maison ancienne rime très souvent avec murs irréguliers, et celle-ci ne fait pas exception. Il est toutefois possible d'en tirer avantage avec des agencements adéquats. Dans le nouveau séjour, le mur en biais est devenu une pièce maîtresse après l'installation d'une bibliothèque sur mesure. Entièrement en contreplaqué de peuplier, cet aménagement épouse naturellement les lignes de l'architecture, redressant visuellement la paroi. Le même type de rangement fut réalisé au bas de l'escalier, comme un écho à cet élément qui capte le regard dès l'entrée. Le mur biscornu joue quant à lui un rôle central dans la distribution des pièces puisqu'il scinde l'échoppe en deux parties : d'un côté s'agencent les espaces de vie comme le séjour, le bureau suspendu, de l'autre la zone plus "intime" du foyer avec chambre et salle de bains.
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Fabio Semeraro

agrandir La couleur s'invite par touches stratégiques

6 - La couleur s'invite par touches stratégiques - "Nous avons choisi de n'utiliser la couleur que par touches, là où son utilisation était justifiée par l'agencement, précise Thomas Sabatier. Les matériaux bruts et leurs nuances claires ont été privilégiés pour appuyer la luminosité gagnée avec le décloisonnement." Ce qui explique également pourquoi la plupart des murs furent conservés en blanc. La peinture intervient seulement à des points stratégiques, pour souligner une spécificité de l'échoppe, mettre en valeur un espace par contraste. Toute la partie située de l'autre côté du mur en biais fut ainsi recouverte d'un vert franc, sur les cloisons comme au plafond. La bande verte obtenue se détache du reste du décor comme pour signifier le changement de zone. Il faut dire que cette niche concentre de nombreuses fonctions puisqu'un grand dressing, une chambre d'enfant et une salle de bains sont contenus ici. Un contraste coloré d'ailleurs accentué par la mosaïque verte qui tapisse la salle de bains.
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Fabio Semeraro

agrandir La cuisine s'offre une vue imprenable

7 - La cuisine s'offre une vue imprenable - A l'origine, la cuisine était déjà installée en contrebas comparé au séjour... mais l'accès était alors entravé par de nombreuses petites pièces et un couloir sans fin. La nouvelle cuisine a pu s'étendre largement en rez-de-jardin seulement après la refonte totale du plan. Les lieux de passage se sont effacés au profit d'un grand espace aéré où il fait bon se retrouver. Il suffit de lever légèrement le nez pour comprendre les intentions de l'architecte : la trémie percée a offert une vue imprenable sur les 170 m2 habitables. La cuisine s'impose ainsi comme le coeur névralgique du repaire familial. Depuis ce point, le plafond atteint 7,50 mètres de hauteur - un changement de physionomie trop exceptionnel pour ne pas être souligné. Il ne faut pas oublier que le niveau d'origine étouffait sous un plafond de 2,20 mètres de haut avant l'intervention de l'agence BAL. La vue complètement dégagée sur l'étage a aussi revalorisé le rez-de-jardin au sein du bien.
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Fabio Semeraro

agrandir Dialogue de matières en cuisine

8 - Dialogue de matières en cuisine - Installée sous la mezzanine, la nouvelle cuisine profite d'une atmosphère intimiste. Une implantation en L était la meilleure option pour structurer la partie cuisine dans ce grand plateau décloisonné. Ce sont ensuite les choix esthétiques des propriétaires qui ont accentué cette distinction - en misant notamment sur le vert, une couleur de référence dans le projet même si elle s'affiche dans une variante plus douce avec les façades laquées, la crédence en zelliges et ses reflets nacrés. Les portes en bois de mélèze ont été façonnées par un menuisier pour trancher avec le contreplaqué répandu dans les autres pièces de l'échoppe. En somme, les matériaux ont modelé le tempérament de la cuisine. "Le sol n'est pas un béton ciré comme on pourrait le penser, mais un simple ragréage que l'on trouve habituellement sous le carrelage. Ce n'est pas un revêtement pérenne car il s'abîme avec les passages à répétition, se patine au fil du temps. Mais nous souhaitions justement un rendu authentique", précise l'architecte.
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Fabio Semeraro

agrandir Une extension de 12 m2 accueille aujourd'hui la partie salle à manger

9 - Une extension de 12 m2 accueille aujourd'hui la partie salle à manger - Même si quelques mètres carrés furent sacrifiés à l'étage pour magnifier la hauteur sous plafond, la maison bordelaise s'est quand même agrandie au cours de la transformation. Une extension a permis de gagner 12 m2 au sol en un temps record. "L'extension en bois a de nombreux avantages, en particulier dans un projet d'auto-construction. Economique, elle est aussi très rapide à monter puisqu'en moins de quinze jours le rez-de-jardin avait doublé." Ce mode d'agrandissement était le meilleur moyen de ne pas dénaturer la typologie des lieux, en optant pour un matériau vivant qui évolue avec les années. L'espace gagné fut transformé en salle à manger d'appoint, d'où l'on profite d'une double vue : sur la cuisine attenante et sur le jardin.

Fabio Semeraro

agrandir S'ouvrir au maximum sur l'extérieur

10 - S'ouvrir au maximum sur l'extérieur - Thomas Sabatier et sa famille avaient à coeur de profiter au maximum du jardin. Il faut dire qu'un extérieur comme celui-ci est chose rare en ville, et même les saisons les plus froides de l'année ne devaient les empêcher d'en tirer partie. Ouvrir la maison sur la verdure fut une priorité, notamment car de larges percées permettaient au passage d'augmenter considérablement la luminosité. Une façade vitrée répondait aux différents enjeux soulevés dans le cahier des charges. Le jardin s'inscrit aujourd'hui comme une toile de fond pour les espaces de vie, une sorte de tableau qui change au fil des mois, et prend des tonalités variées suivant la période de l'année.
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Fabio Semeraro

agrandir Avant les travaux, une maison laissée dans son jus

11 - Avant les travaux, une maison laissée dans son jus - A l'époque où les échoppes se sont démocratisées en région bordelaise, le foyer était encore distingué en deux parties avec des pièces dites "nobles" pour recevoir et des espaces secondaires, réservés à l'intime, où se concentraient notamment la cuisine et les chambres. Le décalage entre les façades témoignait également de ces considérations. La devanture côté rue, considérée comme l'apparat de la maison, était souvent travaillée, en pierres ou en briques. Tandis que la façade du jardin était délaissée - en témoigne celle du 170 m2 avant les travaux.

Thomas Sabatier

agrandir La façade entièrement vitrée transforme la silhouette de l'échoppe

12 - La façade entièrement vitrée transforme la silhouette de l'échoppe - Moderniser la façade côté jardin était essentiel. Au vu de son état au moment de l'acquisition, il était impossible de la reproduire à l'identique après la création d'une extension. La devanture vitrée fait aujourd'hui toute la particularité du bien, distinguant cette échoppe de ses homologues traditionnels. Les grandes baies ont surtout répondu au besoin de luminosité, quasi-vital, du 170 m2 : elles effacent au maximum les frontières entre le jardin et les espaces intérieurs. Au fond, même si la façade entièrement vitrée propose une allure bien plus contemporaine, elle s'inscrit pleinement dans l'histoire de l'échoppe. La maison a ainsi conservé la rupture qui existait déjà entre le front côté rue et celui du jardin.
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Fabio Semeraro

agrandir A l'étage, une chambre d'enfant avec vue

13 - A l'étage, une chambre d'enfant avec vue - Dans le prolongement du salon s'est également installée une chambre d'enfant. Entièrement tournée vers le jardin grâce à la façade vitrée nouvellement créée, la pièce n'avait pas besoin de grand chose pour réussir son effet. Des matériaux bruts, à l'image des espaces de vie, furent choisis pour envelopper ce coin nuit. On retrouve ainsi le contreplaqué au plafond et le ragréage au sol - ils soulignent l'architecture mais n'entravent en rien le regard, naturellement happé par l'étendue du jardin. Une ambiance résolument sereine émane de la chambre.
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Fabio Semeraro

agrandir Les parents se nichent dans une chambre cosy

14 - Les parents se nichent dans une chambre cosy - La chambre parentale s'est dérobée dans la partie la plus basse de l'échoppe. Cette surface n'était même pas une pièce à proprement parlé à l'origine puisqu'il s'agit de l'ancien passage pour le charbon - voilà pourquoi elle est toujours dotée d'un accès discret sur la rue. Remastérisé au cours des travaux, cet espace s'est métamorphosé en coin nuit cosy, notamment car le couple a conservé un mur en pierres apparentes et le plafond bardé de poutres. Autant d'atout charme qui contribuent à l'atmosphère feutrée des lieux. Le camaïeu de gris et de sable de la décoration influent également sur le rendu final. La petite hauteur n'est pas un souci dans cette chambre puisque la lumière continue de se faufiler ; via l'ouverture sur la rue, mais également grâce à la cloison vitrée donnant sur le reste du rez-de-jardin.
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Fabio Semeraro

agrandir Chaque recoin du 170 m2 est optimisé

15 - Chaque recoin du 170 m2 est optimisé - La chambre parentale fait figure d'exemple, mais de nombreux espaces de rangement sont en réalité cachés au sein de l'échoppe. Sur les 170 m2 habitables, les placards intégrés ont investi les angles délaissés ou les murs biscornus pour tirer parti de la moindre parcelle disponible. Les aménagements sur mesure permettent d'optimiser les mètres carrés en dessinant des dressings résolument discrets. Comme la plupart des placards ont été façonnés avec des portes minimalistes, un seul coup de peinture (de la même couleur que le mur) a permis de les fondre complètement dans le décor. Installés au coeur des espaces de vie, ils passent donc inaperçus grâce au travail minutieux de menuiserie.
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Fabio Semeraro

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