Rénovation réussie pour ce jardin de ville en clair-obscur

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Encerclé par des immeubles, ce jardin de la Capitale semblait petit à petit disparaître sous une végétation mal maîtrisée lorsque des nouveaux propriétaires sont tombés sous le charme de ce poumon vert ombragé. Conscients que les 150 mètres carrés disponibles (en comptant l'atelier existant) pourraient devenir une véritable bouffée d'air dans leur quotidien, ils n'ont pas hésité à faire appel aux talents de Stéphane Larcin pour les retravailler. Ce concepteur/paysagiste a rapidement compris ce qui se jouait sous le lierre envahissant : un manque cruel de structure. Seule l'allée incarnée par les pavés parisiens permettait de relier la maison à l'atelier abandonné, dans une sorte de jungle urbaine où la nature reprenait un peu trop ses droits. De nouveaux aménagements paysagers étaient nécessaires pour créer un semblant de cadre dans ce jardin de ville à fort potentiel. Des matériaux à la palette végétale, chaque détail fut donc pensé pour en faire une oasis entre ombre et lumière.

Même si ce jardin enclavé de Paris n'était pas très ensoleillé, il n'attendait qu'une main experte pour révéler son potentiel dissimulé sous une végétation devenue envahissante avec les années. Les immeubles voisins et l'érable majestueux, planté en lisière de terrain, l'enveloppaient d'ombre - un apparent défaut qui n'a toutefois pas empêché de nouveaux acquéreurs de s'y projeter. Après quelques années passées au Brésil, ils n'ont pu qu'apprécier cet espace vert en coeur de ville qui leur permettrait de prolonger leurs journées dehors une fois celui-ci transformé. Car sous les grimpantes gourmandes en mètres carrés, d'autres faiblesses devaient être corrigées pour pouvoir en profiter. Le jardin partait en pente vers la maison ce qui contraignait naturellement l'aménagement paysager. Mandaté sur le projet, le concepteur/paysagiste Stéphane Larcin a imaginé une toute nouvelle structure pour adoucir ce dénivelé avec des paliers. Ainsi, plusieurs zones ont pu être créées au jardin, sans rompre l'unité végétale dessinée. Exécutés par l'entreprise du paysagiste Éric Bouillut, les travaux ont ainsi permis d'insuffler une ambiance luxuriante, un brin dépaysante, à cet extérieur citadin.
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>> Le projet en bref >> Le lieu : Paris. La surface : 150 m2 de terrain avec un atelier. La durée du projet : environ 2/3 mois de conception, et 3 semaines de travaux. L'idée : retrouver une structure dans un jardin envahi par la végétation, souligner l'axe principal entre la maison et l'atelier et insuffler une ambiance luxuriante malgré l'ombre dominante.
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>> Stéphane Larcin, concepteur paysagiste, stephanelarcin.com.
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agrandir Un jardin "comme une jungle" à maîtriser

1 - Un jardin "comme une jungle" à maîtriser - Investir dans cette maison parisienne sous-entendait quelques rénovations ; et pas seulement en intérieur. Le jardin existant ressemblait à une jungle sans queue ni tête, où le lierre et le laurier palme s'étendaient de toutes parts. D'une certaine manière, la végétation semblait avoir repris ses droits sur le terrain, au point d'éclipser le petit atelier qui y trônait déjà depuis quelques années. Il était donc difficile d'entrevoir les 150 mètres carrés pourtant proposés par cette propriété. Mais les travaux à prévoir n'étaient qu'un détail comparé au bénéfice d'un espace vert en plein Paris. De retour du Brésil où ils étaient expatriés, les nouveaux propriétaires ont tout de suite décelé le plein potentiel qui sommeillait sous les plantes envahissantes et vieillissantes. Un simple débroussaillage n'aurait pas suffi à corriger les imperfections de cet extérieur pour autant. Le manque de structure, notamment, nécessitait une réflexion plus poussée sur l'aménagement. L'expertise de Stéphane Larcin n'était donc pas de trop pour offrir un cadre à la végétation indomptée de ce jardin parisien.
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Stéphane Larcin

agrandir Esquisser les lignes d'une nouvelle structure

2 - Esquisser les lignes d'une nouvelle structure - Outre la végétation dense, le principal problème de cet espace vert était lié au manque de structure. L'ensemble paraissait un peu "fouillis" puisqu'aucune bordure ne permettait de dissocier un recoin de l'autre - seuls les pavés parisiens implantés dessinaient une sorte d'ossature sur laquelle Stéphane Larcin s'est appuyé pour tracer les lignes du futur jardin. Cette allée permettait de relier la maison à l'atelier qui disparaissait sous le lierre. "Les pavés parisiens faisaient partie du lieu, de son histoire, il me semblait donc tout naturel de les conserver après travaux. La largeur du chemin fut légèrement modifiée pour qu'il paraisse plus structuré. Nous n'avons pas cherché à réaligner les pavés pour autant, car le résultat ne devait pas paraître trop rigide." explique notre concepteur paysagiste. Les parterres ont ensuite souligné l'axe tracé par les pierres par un joli jeu de contraste entre végétal et minéral. Imaginer un tout autre aménagement que l'existant permettait également de corriger la pente de ce terrain citadin. Plusieurs niveaux ont donc été créés pour l'estomper, mais aussi pour composer différentes zones, là où il n'existait autrefois qu'une étendue légèrement inclinée. Soutenus par des traverses en bois, ces paliers ont apporté un nouveau rythme au jardin au point d'éclaircir la lecture du volume depuis la maison.
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Stéphane Larcin

agrandir L'exposition mi-ombre a aussi influé sur l'aménagement paysager

3 - L'exposition mi-ombre a aussi influé sur l'aménagement paysager - Aménager un espace où l'ombre domine largement n'est pas simple. Le choix des végétaux est forcément contraint (pour ne pas dire réduit) par ce manque d'ensoleillement qu'il est fréquent de rencontrer sur des terrains enclavés comme celui-ci. Le lierre qui s'épanouissait avant les transformations est une espèce peu exigeante qui s'accommode de toutes les expositions ; autrement dit, il ne souffrait pas de cette ambiance très ombragée où beaucoup d'autres végétaux auraient suffoqué. Tout comme l'érable démesuré, qui déployait déjà ses longues branches au-dessus de l'atelier. Il fut naturellement préservé dans le nouveau dessin, étant considéré comme l'élément majeur de ce jardin. En revanche, certaines plantes, trop fatiguées par les années ou simplement incompatibles avec l'atmosphère contemporaine souhaitée, se sont effacées aux prémisses du chantier. Ce fut le cas du laurier palme, très réputé dans les années 80, qui envahissait les zones où le lierre ne s'était pas encore établi mais avait pour effet de "vieillir" l'espace. L'introduction de plantes plus exotiques a notamment permis de renouveler la palette végétale existante.
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agrandir Des feuillages graphiques animent aujourd'hui l'espace

4 - Des feuillages graphiques animent aujourd'hui l'espace - Les propriétaires de la maison avaient une idée assez précise de ce qu'ils souhaitaient en termes d'"atmosphère végétale", notamment grâce aux voyages qui ont ponctué leur parcours de vie. Des espèces trop colorées n'auraient pu trouver leur place dans ce jardin contemporain qu'ils rêvaient luxuriant, avec de jolis camaïeux de vert, quelques touches de blanc. Des feuillages graphiques ont également été privilégiés aux quatre coins du terrain pour apporter du relief mais aussi refléter les personnalités dynamiques de ces nouveaux habitants. Le choix des plantes fut toutefois contraint par le manque d'ensoleillement. Le défi était de taille si l'on considère que les plantes dites "dépaysantes" sont plutôt friandes de soleil. Muehlenbeckia, fougères arborescentes et cornouiller (pour n'en citer qu'une poignée) ont toutefois esquissé une nouvelle palette végétale où se déclinent les nuances de vert, du plus acide au plus tendre en passant par des verts légèrement bleutés. Stéphane Larcin a misé sur une alternance de persistants (autrement dit des plantes qui conservent leur feuillage toute l'année), de caduques et de vivaces pour parfaire son tableau. Au fil des saisons et des floraisons qui se succèdent, l'espace change ainsi de visage sans jamais perdre sa structure de base. "Au début des projets, je travaille toujours avec un moodboard qui permet de déterminer l'ambiance, précise le pro. Et dans un second temps je me dirige vers les végétaux qui correspondent à l'esthétique recherchée et sont compatibles avec les spécificités de l'extérieur, comme l'ombre omniprésente dans ce cas de figure.

Stéphane Larcin

agrandir Remplacer le gazon par une plante couvre-sol

5 - Remplacer le gazon par une plante couvre-sol - Le gazon n'est pas vraiment compatible avec un terrain ombragé. Il fallait donc trouver une alternative végétale pour habiller une partie des 150 m2 disponibles sans tomber dans la facilité d'un revêtement artificiel. Parmi les plantes couvre-sols, l'helxine était la plus à même de s'accommoder d'une exposition pauvre en soleil. Les minuscules feuilles rondes de cette variété ne sont pas sans rappeler les lentilles d'eau qui recouvrent souvent les bassins. Elles permettaient d'apporter de la couleur et de la matière au sol, en créant un tapis vert moutonnant sur les différents paliers du terrain. Surtout, l'helxine ne demande que peu d'entretien puisqu'une seule tonte par an est vraiment nécessaire pour la maîtriser (bien loin des tontes mensuelles que suggère une pelouse traditionnelle).
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Stéphane Larcin

agrandir Un espace vert "à vivre" pour les nouveaux propriétaires

6 - Un espace vert "à vivre" pour les nouveaux propriétaires - L'ensemble du jardin fut pensé comme une pièce supplémentaire où les habitants comme les invités pourraient évoluer. La "jungle" d'origine s'est donc largement épurée pour favoriser les déambulations mais aussi créer différents spots de détente. L'espace se révèle maintenant d'un seul tenant depuis la maison, laissant le regard se perdre sur les différents détails du jardin. Le constat est le même du côté de l'atelier où la végétation luxuriante se dévoile via la porte vitrée. Au fond, la nouvelle structure n'a pas été conçue de manière "stricte". Les massifs n'ont pas été contraints par des bordures rectilignes, tout comme l'allée de pavés n'a pas été réalignée pendant les travaux : une sensation de liberté émane de cet aménagement paysager. Stéphane Larcin explique qu'il souhaitait créer "un jardin à vivre, et non une vitrine que l'on ne peut pas vraiment investir".
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agrandir Un aménagement qui floutte la frontière entre intérieur et jardin

7 - Un aménagement qui floutte la frontière entre intérieur et jardin - Autrefois inexistantes, les terrasses se sont naturellement intégrées dans ce jardin parisien. La rénovation avait pour objectif d'inciter les nouveaux habitants à migrer dehors dès que la météo le permet ; il était donc essentiel de prévoir des plateformes plus ou moins spacieuses à cet effet. Si la terrasse principale, plutôt dédiée aux repas estivaux, s'est installée en fond de terrain, une version plus compacte s'est dessinée au seuil de la maison pour les sorties quotidiennes. Comme un prolongement du séjour attenant, elle fut réalisée à niveau, avec des caillebotis en akola qui contrastent les pavés parisiens existants de leurs nuances rougeoyantes. Ce bois exotique ne fut pas seulement choisi pour sa bonne résistance à l'humidité - il permettait aussi de rappeler les couleurs solaires du Brésil où vivaient auparavant les propriétaires. D'autres matériaux et végétaux du projet évoquent d'ailleurs leur voyage, à l'image des fougères arborescentes qui ponctuent la nouvelle palette végétale. Jusqu'au choix du mobilier, c'est une véritable "architecture du jardin" qui fut élaborée. Des couleurs douces comme le tilleul ou le vert romarin ont été privilégiées sur la petite terrasse pour faciliter la transition avec l'intérieur. Des chaises plus criardes comme celles de la deuxième terrasse auraient certainement accentué la frontière qui sépare le jardin du salon, tandis qu'un duo pastel permettait de la flouter.
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En photo : fauteuils collection Luxembourg, en métal couleur tilleul et romarin ; tables d'appoint collection Cocotte ; lampe sans fil Balad, le tout chez Fermob.
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Ste?phane Larcin

agrandir Gommer (visuellement) les limites du terrain

8 - Gommer (visuellement) les limites du terrain - Un terrain enclavé par des immeubles comme celui-ci ne pouvait échapper aux problèmes de vis-à-vis. Pour le protéger des regards indiscrets sans l'étouffer d'un énième mur bétonné, Stéphane Larcin a proposé l'alternative des claustras. Ces cloisons ajourées, tout en légèreté, permettaient de bloquer la vue depuis la cour attenante, tout en laissant la lumière filtrer au travers des lattes en bois. Les grimpantes disposées juste devant ont ensuite permis de gommer les limites du jardin, en habillant les claustras d'un joli manteau vert qui varie au fil des saisons. Dissimuler les clôtures avec de la végétation était une manière de "dilater l'espace" sans effacer complètement les aménagements existants. Le dessin paysager s'est notamment appuyé sur la jardinière maçonnée qui s'étendait déjà en bordure de jardin au moment de l'acquisition. Quelques ajustements étaient toutefois nécessaires pour l'intégrer dans l'ambiance contemporaine établie par notre pro, et rectifier les dommages naturels du temps. Une peinture gris anthracite fut préférée au blanc d'origine pour adoucir la présence de la jardinière dans le décor - mais aussi souligner, par contraste, les nuances des cercis et des orangers du Mexique plantées à l'intérieur. Les différentes espèces choisies durant le chantier ont apporté une nouvelle dynamique au terrain, en jouant une alternance de pousses horizontales et verticales.
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Stéphane Larcin

agrandir Le jardin existant était étouffé de végétation

9 - Le jardin existant était étouffé de végétation - Il était bien difficile de distinguer les 150 mètres carrés disponibles sous le lierre et le laurier palme qui envahissaient autrefois les lieux : depuis la maison, la vue sur l'atelier était complètement obstruée par cette végétation indomptée. Avant même d'envisager une ambiance ou de nouvelles plantations, il fallait donc éclaircir cette jungle urbaine laissée à l'abandon. Débroussailler permettait également de révéler les différentes zones disponibles au sein du jardin. De fait, les lignes des futures terrasses se sont naturellement dessinées auprès du séjour et au niveau de l'atelier une fois les volumes épurés.

Stéphane Larcin

agrandir Une terrasse intimiste s'est dessinée au fond du 100 m2

10 - Une terrasse intimiste s'est dessinée au fond du 100 m2 - Une terrasse fut aménagée auprès de l'atelier pour exploiter pleinement ce recoin un peu en retrait de la maison et inciter les habitants à s'y rendre régulièrement. Toujours dans l'idée de corriger le dénivelé, elle fut matérialisée par une plateforme en caillebotis, rehaussée d'une traverse en bois brut. Les murs qui encadrent la zone permettaient d'imaginer une salle à manger d'été intimiste, où il fait bon se retrouver entre amis lorsque la lumière du jour commence à décliner. Des câbles ont d'ailleurs été tendus au-dessus de la terrasse, puis fixés au niveau de l'atelier, pour esquisser une future toiture végétale. Ainsi lorsque les grimpantes auront suffisamment poussé, elles protégeront l'espace des rayons brûlants du soleil, mais aussi du vis-à-vis venu d'en haut. Un mobilier rouge vif fut ensuite sélectionné pour bousculer le camaïeu de verts qui caractérisait cette zone du jardin et apporter une note dynamique, visible depuis le séjour de la propriété.
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En photo : table et chaises collection Luxembourg, en métal couleur capucine, chez Fermob.
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Stéphane Larcin

agrandir À la nuit tombée, un jeu subtil de lumières s'opère

11 - À la nuit tombée, un jeu subtil de lumières s'opère - Pas forcément partisan des "jardins à la Versailles" où chaque recoin est éclairé, Stéphane Larcin a préféré placer des points lumineux stratégiques qui révèlent avec subtilité les aménagements paysagers réalisés. Des spots électriques ont notamment été piqués dans la jardinière maçonnée pour souligner les perspectives lorsque la nuit s'installe. D'autres ont été disposés au pied de massifs ou aux abords de la maison, comme pour "suggérer" les différents espaces qui composent aujourd'hui le jardin sans pour autant les dévoiler d'un seul tenant. "Nous avons misé sur un éclairage aux tonalités plutôt chaudes et pas trop intenses, histoire de créer l'ambiance. Les propriétaires peuvent ensuite supplémenter cette base avec des lampes nomades qui s'invitent facilement sur les terrasses." Soigner l'éclairage était essentiel pour faciliter le passage de la maison principale à l'atelier, et inciter à la déambulation durant les longues soirées d'été. La touche finale d'une pièce supplémentaire où il fait bon vivre au rythme des saisons.
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Stéphane Larcin

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