La longère aux lauriers : l'inspirante transformation d'une ferme en maison

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Les propriétaires de cette longère rennaise se sont lancés un pari un peu fou en investissant dans ce qui était alors une ferme désaffectée. La terre battue au sol, la toiture apparente, n'ont pas effrayé ces amoureux de l'ancien, qui ont tout de suite perçu le caractère exceptionnel de cette bâtisse érigée au début du 18e siècle. La charpente a notamment retenu leur attention avec ses belles poutres endormies sous une couche de poussière de plusieurs décennies. De lourds travaux structurels étaient nécessaires pour réhabiliter l'ancienne ferme, et notamment y aménager un étage de nuit, mais il en fallait plus pour entamer la motivation de ces heureux propriétaires. De nombreux échanges avec Sofia Mellah (fondatrice de l'agence Meej Architecture) ont permis d'établir un design architectural global et respectueux du bâtiment pour esquisser les lignes de la future maison. L'architecte a ensuite imaginé les contours d'une cuisine sur mesure, parfaitement intégrée dans ce nouvel environnement où les matériaux bruts fusionnent avec l'existant.

Transformer un bâtiment à l'état de grange en lieu de vie ne s'improvise pas. Si les propriétaires ont volontairement pris en main les rénovations, ils ont toutefois sollicité l'expertise de Sofia Mellah sur le design architectural, mais aussi sur le choix des matériaux. Ils avaient à coeur de ne pas dénaturer la bâtisse avec des matières anachroniques, ou simplement inadaptées à l'esthétique minimaliste qu'ils recherchaient. Le projet de réhabilitation s'est naturellement étendu sur une année où les deux parties ont régulièrement échangé pour faire fusionner leurs sensibilités. Comme la cuisine a une place centrale dans le quotidien du couple, sa conception fut entièrement confiée à l'architecte. Le béton ciré s'est rapidement imposé sur les aménagements pour son allure contemporaine mais brute, en adéquation avec l'essence même du projet. Car il était essentiel pour les nouveaux propriétaires comme pour l'architecte de Meej Architecture de ne jamais perdre de vue l'histoire première de cette ancienne ferme. En témoigne le rez-de-chaussée aujourd'hui terminé où la fusion entre passé et présent est saisissante.
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>> Le projet de rénovation en bref >> Le lieu : Rennes. La surface : le rez-de-chaussée d'une longère de 150 m2. La durée des travaux : 1 mois et demi de conception, suivie d'une année de travaux pour la réhabilitation complète du bâtiment. L'idée : imaginer une cuisine conviviale et ouverte sur le volume de cette ancienne ferme du 18e siècle, entièrement rénovée en maison sous l'impulsion de ses propriétaires et des professionnels de Meej Architecture.
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1 - Inspiration minimaliste pour la rénovation de cette bâtisse d'exception - "Respecter l'architecture de la bâtisse était la priorité aux yeux des propriétaires, se souvient Sofia Mellah de Meej Architecture. Ils avaient déjà entamé quelques travaux lorsqu'ils m'ont mandaté pour concevoir la cuisine mais aussi pour les conseiller d'une manière globale sur la réhabilitation. Toute la conception s'est articulée autour de ce point, les lignes d'une esthétique minimaliste, sans ostentation, s'est donc tout naturellement dessinée aux prémisses du chantier. Les aménagements devaient se fondre dans l'existant, et donner l'impression qu'ils ont toujours été là". Des matériaux naturels furent privilégiés pour les fondations du rez-de-chaussée, comme en témoigne le sol en pierre choisi par les propriétaires pour ses nuances irrégulières. Les murs ont été volontairement unifiés avec un blanc qui maximise la luminosité de la bâtisse mais permet également de lire le volume d'un seul trait. Une peinture colorée aurait en effet éclipsé le geste architectural, particulièrement travaillé dans ce projet. Il était également essentiel de guider le regard vers les ouvertures (la plupart créées pendant les travaux pour permettre à la lumière de pénétrer facilement à l'intérieur) donnant sur les champs qui entourent la bâtisse. "Les propriétaires sont tombés sous le charme de l'ancienne ferme mais aussi de son environnement nature. Nous avons d'ailleurs baptisé le projet "la longère aux lauriers" en hommage aux magnifiques arbres qui dominent le jardin."
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Germain Herriau

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2 - Une ancienne ferme coup de coeur pour les propriétaires - Le moins que l'on puisse dire, c'est que la ferme était dans son jus lors de l'acquisition. À l'intérieur, les murs partiellement démolis et la terre battue en guise de fondations en auraient effrayé plus d'un, pourtant les nouveaux propriétaires ont préféré y voir une opportunité - celle de remodeler chaque recoin comme ils le souhaitaient. Seule la charpente imposait la disposition des chambres à l'étage, le reste était une toile blanche à investir. Les volumes existants proposaient cependant une répartition naturelle des fonctions, notamment au rez-de-chaussée où la salle à manger s'est glissée sous la fameuse charpente. Comme la ferme se résumait à une ossature brute, aucune évacuation ou prise électrique ne venait contraindre la position de la cuisine. En toute logique, la pièce s'est installée dans le prolongement de la salle à manger, profitant du renfoncement sous le futur étage pour se déployer. Toute la technique fut donc réalisée en fonction du projet, offrant une liberté rare aux propriétaires comme à l'architecte, habituellement contraints dans leurs intentions par les raccordements en place.

Meej Architecture

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3 - Une cuisine synonyme de convivialité - Installée au beau milieu de la bâtisse, là où la hauteur s'étend sur plusieurs mètres, la salle à manger est devenue le coeur névralgique de la maisonnée à l'issue de la réhabilitation. Elle ponctue maintenant les déplacements quotidiens des propriétaires qui, lorsqu'ils ne s'y arrêtent pas pour déjeuner, la traversent pour rejoindre les chambres suspendues juste au-dessus, ou le salon attenant. Il était donc tout naturel pour Sofia Mellah d'installer la cuisine tant désirée dans le prolongement de cette salle à manger. Le couple de propriétaires souhaitait en effet un espace confortable, convivial, où exprimer ses talents de cuisinier sans perdre le contact avec ses invités, et de fait il n'était pas question de remonter une cloison durant le chantier. Un îlot aux belles proportions fut ensuite réalisé pour compléter le plan de travail du linéaire et ainsi maximiser la surface de préparation. Ces transformations étaient également l'occasion d'intégrer un élément de plus en plus rare dans les cuisines, la cheminée. Avec son large foyer, elle permettait d'offrir un système de cuisson supplémentaire aux habitants, tout en proposant une solution de chauffage non négligeable pour ce rez-de-chaussée au plafond démesuré.
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Germain Herriau

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4 - Privilégier les matériaux bruts pour des aménagements cohérents - Le béton ciré était un choix évident pour intégrer la cuisine dans l'esthétique minimaliste du projet. La fondatrice de Meej Architecture y voyait également un moyen d'affirmer l'identité de cette pièce clé du 150 m2, sans pour autant dénaturer l'architecture existante. Les plans de travail et les jambages en béton ont apporté une signature léchée à la cuisine. Alors pour réchauffer l'atmosphère, et contraster le rendu lisse du matériau, des façades en placage noyer furent installées. Ce bois a permis de nuancer la silhouette du mobilier avec une teinte profonde, qui rappelle celle des poutres apparentes. Les zelliges posés en crédence ont ensuite apporté du relief, de la texture, à la pièce, reflétant le moindre rayon de soleil de leur finition nacrée. Les matériaux bruts utilisés pour la cuisine ont légitimé sa présence au sein d'une bâtisse aussi ancienne.
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En photo : cuisine réalisée sur mesure en béton et avec des façades en placage noyer Plum ; crédence en zelliges de l'Atelier Zelliges

Germain Herriau

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5 - Quand la notion de "pièce de vie" prend tout son sens - Le soin apporté à la cuisine se traduit également par les éléments de décoration qui l'animent. Les suspensions en terre cuite, les céramiques et les plats en bois tournés ont naturellement trouvé leur place sur et au-dessus du plan de travail. Car tout comme une bibliothèque se remplit de bibelots au salon, la cuisine de cette ancienne ferme s'est offerte une décoration adaptée à sa fonction. Bien plus qu'un élément technique, elle est une pièce de vie à proprement parler pour les habitants, qui s'y installent aussi bien pour cuisiner que pour discuter avec leurs proches, ou simplement boire un café en admirant le jardin attenant. Des lampes ont été volontairement disposées sur le linéaire pour moduler l'ambiance de la cuisine en fonction des activités et de la luminosité. Une fois de plus, les éléments décoratifs ont été sélectionnés pour intégrer la palette terreuse du projet, où les matériaux naturels colorent subtilement le blanc dominant.
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En photo : chaises de bar Ferm Living ; suspensions Enamoura
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Germain Herriau

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6 - Exploiter le volume de la grange pour créer un étage - Les belles proportions de la ferme, et plus précisément sa hauteur, permettaient d'imaginer un étage là où ne subsistait qu'un grenier. Une dalle complète, étendue d'un bout à l'autre du bâtiment, n'était toutefois pas envisagée par le couple, qui souhaitait conserver une partie du toit-cathédrale comme témoignage du passé. L'étage fut donc scindé en deux pôles, installés de part et d'autre de la charpente. Des poutres de soutien (fondues dans le décor immaculé du rez-de-chaussée) ont été ajoutées pour renforcer la structure et permettre l'installation d'une passerelle entre les deux morceaux qui constituent aujourd'hui l'étage.

Meej Architecture

agrandir Le geste architectural au coeur des transformations

7 - Le geste architectural au coeur des transformations - La salle à manger est devenue un espace pivot de la maison grâce à son plafond démesuré. Mais conserver cette double hauteur sous-entendait de trouver une solution pour relier les deux pôles nuit, sans faire appel à un deuxième escalier. La passerelle imaginée par l'architecte était un véritable défi technique puisqu'elle supposait de toucher à la charpente existante pour l'appuyer contre le mur latéral. De lourds travaux structurels ont été nécessaires pour donner naissance à l'étage sans fragiliser le bâtiment ou le dénaturer. Aujourd'hui parfaitement intégrée au décor, la passerelle se fait presque oublier avec son manteau blanc identique aux murs. L'escalier a profité d'un traitement similaire mais se démarque par sa silhouette sculpturale que les propriétaires peuvent apprécier lorsqu'ils sont en train de cuisiner. "Je ne voulais pas que la montée prenne le dessus sur le volume ou la charpente apparente, précise la pro, j'ai donc opté pour un dessin élégant mais minimaliste, sans garde-corps, qui laisse le regard circuler entre le haut et le bas de la maison. L'escalier ne devait pas être un sujet mais un joli geste architectural." Un modèle aussi épuré permettait également d'éviter l'anachronisme dans un bâtiment datant du 18e siècle.
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Germain Herriau

agrandir Coeur névralgique de la bâtisse, la charpente a bénéficié d'une restauration

8 - Coeur névralgique de la bâtisse, la charpente a bénéficié d'une restauration - Comme la charpente a largement inspiré les propriétaires et l'architecte durant la conception, il était tout naturel de lui offrir une petite restauration. Le bois était en bon état mais le temps avait altéré sa couleur - un aérogommage a toutefois permis de lui redonner toute sa splendeur. Cette technique de décapage, basée sur un mélange d'air comprimé et d'abrasif naturel, est plus douce que le traditionnel sablage et donc plus adaptée à la restauration de pièces anciennes. La charpente et les différentes poutres ont ainsi conservé les aspérités, les traces du passé, qui font le charme de cette ferme où l'on aimerait s'installer.

Meej Architecture

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9 - Lire les espaces d'un seul trait - Sensibles aux petits détails qui font la beauté d'un lieu, les propriétaires ont fait confiance à Sofia Mellah pour dessiner les contours d'un rez-de-chaussée poétique, et pas seulement minimaliste. L'architecte a notamment créé des vues inattendues au sein de la bâtisse pour romancer le quotidien. Depuis la salle à manger, il est ainsi possible d'apercevoir le chapeau de paille qui trône sur l'une des poutres de la chambre d'amis. Tout comme la découpe du garde-corps permet au regard de se perdre vers la lumière dorée que diffuse la fenêtre de toit en fin de journée sur les hauteurs de la maison. Comme une toile de fond, les murs immaculés ont souligné les différents gestes architecturaux, s'effaçant derrière une découpe ou une ligne subtilement travaillée. Ils permettent également une lecture complète du volume, et ce que l'on se trouve dans la cuisine ou au sommet de l'escalier. Aucune porte ne vient d'ailleurs entraver le regard (ou même la circulation) entre les différents espaces du rez-de-chaussée.

Germain Herriau

agrandir Une maison pensée comme un prolongement de son environnement

10 - Une maison pensée comme un prolongement de son environnement - Plusieurs ouvertures furent percées pour apporter la luminosité qui faisait défaut au bâtiment d'origine. Un volume aussi exceptionnel méritait d'être souligné par les rayons du soleil - tout comme il importait d'ouvrir les perspectives sur le jardin attenant. Ces ajouts étaient l'occasion de revoir les fenêtres existantes, et de modifier les huisseries en privilégiant des cadres noirs qui se détachent du blanc intérieur. À l'extérieur, ce parti-pris esthétique permettait d'attirer le regard sur les contours en briques dont bénéficiaient déjà les ouvertures d'origines, et qui furent reproduites pour celles ajoutées durant le chantier. La façade habillée de chaux comme le veut la tradition a ensuite inspiré la décoration du salon. Les murs se sont naturellement colorés au contact de la terre de bauge qui leur donne cette teinte douce, tirant sur légèrement sur l'ocre. Visible depuis la salle à manger, la cuisine, cet enduit texturisé fut la seule note de couleur apportée par les revêtements de la maison. La touche finale d'une rénovation minutieuse et respectueuse de l'existant.
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Germain Herriau

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