En hommage au génie du grand architecte, Côté Paris vous fait revivre divers aspects de Le Corbusier, ce créateur protéiforme et cependant encore méconnu. On vous propose de découvrir en images la polychromie architecturale de cet ambassadeur de l'habitat moderne.
Ses détracteurs l'appelaient Monsieur Ripolin, celui qui ne jure que par badigeonner tout en blanc, dans le style "clinique". Le Corbusier adorait la couleur et ne s'en privait pas en tant que peintre dans ses tableaux. L'architecte, lui, la dosait à bon escient. Il s'en explique souvent dans ses nombreux écrits : "l'intérieur de la maison doit être blanc, mais pour que le blanc soit appréciable, il faut la présence d'une polychromie bien réglée."
Il précise : "La polychromie c'est une question de vitalité". Et oui, le Corbusier, ce dandy sec et cassant, distant, apparemment austère et puritain, fou des machines et des voitures, cachait son amour pour la simplicité, la nature, le ciel bleu, les femmes et les bonnes choses. La vie quoi.
La couleur, que Le Corbusier considère comme un élément d'équilibre pour faire chanter le blanc, ou pour faire frémir la "peau" sensible de son béton adoré, la couleur devait faire vibrer. Ses couleurs de prédilection sont à peu près celles des Modernistes, de De Stijl et des autres, couleurs primaires franches qu'il utilise de manière scientifique et systématique sur les façades de ses diverses Unités d'Habitation.
Mais auparavant, dans les "villas blanches" des années 1930 dites "puristes", Le Corbusier utilise le "bleu charron", le chocolat conducteur de chaleur dont il recouvre les radiateurs toujours apparents ainsi que différentes teintes pastel, gris perle, jaune poussin, rose buvard comme c'était prévu dans la Villa Savoye.
L'architecte les organise comme dans une composition picturale. Dès 1926, à la cité Frugès de Pessac près de Bordeaux, il étudie le revêtement polychrome des façades extérieures des blocs placés tête-bêche jusqu'à éditer un nuancier, le célèbre "Clavier Salubra", sans grand succès, trop précurseur !
La Cité restaurée présente une succession de facettes terre de Sienne, bleu outremer clair et vert anglais s'enchaînant comme dans un prisme. Dans son appartement à Paris, Le Corbusier ose le mur rouge, l'escalier bleu, les tablettes jaune vif. Dans ses Unités d'Habitation, il transforme de simples loggias en cubes colorés sertis dans la façade et formant une immense palette.
À l'intérieur, notamment dans ses fameux couloirs-rues, les fenêtres sont en verre coloré à la façon d'un vitrail et le soleil fait clignoter un kaléidoscope sur les murs et les sols comme dans une église. De même les fragments chatoyants comme des pépites incrustées dans les murs de la façade Sud de la chapelle de Ronchamp ; ou dans l'école maternelle de Rezé-Nantes, ou dans les villas construites à Ahmedabad.
Le Corbusier a toujours considéré que la couleur était "apporteuse d'espace", ce qu'il met en pratique jusque dans son minuscule Cabanon du Cap Martin dont l'intérieur s'ouvre et se déplie comme un jeu de construction multicolore.
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