[News] Le Mucem s'immerge dans le folklore, et montre comment il a constitué pour les artistes un exotisme de l'intérieur, source d'inspiration, puissance régénératrice, aussi bien qu'objet de critique ou de contestation. Hérités du musée national des Arts et Traditions populaires, peintures, costumes, outils, amulettes... de tous horizons entament un dialogue avec des oeuvres d'art moderne et contemporain. Une passionnante incursion dans l'univers fécond des rites et croyances à découvrir jusqu'au 22 février.
Elle a suscité et suscite encore aujourd'hui la polémique. La définition du folklore n'est pas universelle, signifiant à l'origine "le savoir du peuple" dans une Angleterre du 19e siècle. Puis bannie des milieux intellectuels et scientifiques du 20e siècle, à force de récupérations idéologiques. C'est pourtant loin des clichés que les artistes s'en sont inspirés, trouvant dans le folklore une source d'inspiration créatrice sans cesse renouvelée. Le parcours de l'exposition du Mucem retrace ces relations, des prémices de l'art moderne à l'art d'aujourd'hui, en six étapes. Les 360 oeuvres et objets y sont mis en scène par le scénographe Pascal Rodriguez. Une juxtaposition des univers réussie.
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Une scénographique au carrefour de deux mondes
La mise en scène des 190 pièces issues des collections du Mucem et des 170 oeuvres d'art moderne et contemporain - dont une grande partie est conservée au Centre Pompidou - est signée Pascal Rodriguez, architecte DPLG et scénographe. Les espaces du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée sont investis comme un carrefour, à la croisée entre plusieurs univers. C'est à partir du motif de la croix que Pascal Rodriguez a conçu la scénographie de l'exposition, une façon de juxtaposer et de confronter les approches.
L'ambiance y est sombre et dense, mettant l'accent sur les oeuvres rythmées par les installations et vidéos. Au détour d'une section, on y découvre par exemple un atelier d'artiste, retranscrit à travers les cimaises, évoquant les murs des ateliers d'époque. Cette progression au sein de l'exposition porte au jour les références au folklore, à l'art populaire, en les sortant de leurs carcans.
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Les cinq sections permettent d'appréhender les relations entre artistes et folklore
L'ambiguïté ne date pas d'hier, comme le prouve la première section "Une quête des origines". L'exposition met en lumière le fantasme construit autour, cet attrait pour un "exotisme de l'intérieur" qui guide entre autres Paul Gauguin ou encore Vassily Kandinsky à la fin du 19e siècle.
Des paradoxes émergent ensuite, fruits d'instrumentalisation ou de revendications nationalistes, créant des tensions dans les démarches artistiques. Une remise en question illustrée par la deuxième section du parcours de l'exposition, "Ambiguïtés et paradoxes". La troisième partie - "Un vivier de formes" - s'attache à formaliser la réappropriation du folklore par les artistes qui lui trouvent un vivier créatif inépuisable. À partir de là, il contribue au renouvellement du vocabulaire des arts plastiques.
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À cette dimension formelle, succède une autre plus conceptuelle : car le folklore est profondément lié à la tradition orale. Rites, croyances, danses, musiques et autres proverbes intéressent les artistes de l'après-guerre, mis en scène dans la quatrième section, "Explorer l'immatériel".
L'exposition se poursuit en retraçant la façon dont les artistes des années 1970 ont usé des codes anthropologiques pour constituer une "muséographie du quotidien", leur permettant de collecter, classer ou reconstituer les éléments constitutifs du folklore nécessaires à la création. Cette cinquième étape du parcours, "Enquêter, collecter, classer" précède l'après à travers la sixième et dernière section, explorant les nouvelles géographies du folklore à l'échelle planétaire. En perpétuelle mutation, revisité et réinventé par les artistes, il est envisagé aujourd'hui comme un retour à l'expérience, à la transmission, nécessaires en ces temps de crise. Un voyage passionnant entre passé, présent et futur...
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Plus d'info : "Folklore", jusqu'au 22 février 2021. Mucem, esplanade du J4. mucem.org
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