Le Musée de Granville fête Colette et son Blé en herbe

L'année 2023 marque le 150e anniversaire de la naissance de Colette et le 100e anniversaire de la parution du "Blé en herbe". L'amitié qui lia l'écrivaine au libraire né à Granville, Richard Anacréon, a permis d'enrichir le musée du même nom de précieux et rares manuscrits, éditions originales, correspondances ou dessins.

Ils se sont rencontrés dans une librairie, aimaient échanger autour de leur passion des livres ou des potins de l'époque. À ce bibliophile émérite, la célèbre autrice offrit quelque 70 volumes de ses oeuvres, la plupart en édition originale et dédicacés, ainsi que des pages manuscrites comme celles, non publiées, de La Fin de Chéri qu'elle lui envoya en échange d'un gigot ! "Rangez ce petit souvenir dans le tiroir de votre amitié", écrivait-elle de son style imagé à celui qui légua à sa ville natale 550 ouvrages et 280 oeuvres d'art à l'origine du MamRA (Musée d'art moderne Richard Anacréon).  

>> A voir aussi >> Viva Varda ! Une exposition hommage et bien plus encore 

Celui-ci met à l'honneur le célébrissime Blé en herbe, paru en 1923 et dont il conserve un exemplaire à la savoureuse dédicace : "Pour Richard Anacréon, qui a des souvenirs de Cancale... et qui ne les raconte qu'aux jeunes filles ! En souvenir de sa vieille amie. Colette." C'est bien le ton de l'ouvrage au parfum de scandale qui narre l'été amoureux de deux adolescents et l'éveil sensuel par une femme plus âgée du jeune garçon. Scandale décuplé lorsque le public comprit qu'il s'agissait en fait des amours de la très libre Colette avec son beau-fils âgé de 17 ans, Bertrand de Jouvenel ! Écloses dans la maison bretonne de Roz-Ven, elles dureront cinq ans jusqu'au divorce de l'écrivaine avec le père de son amant et sa séparation d'avec ce dernier.  

>> A découvrir >> Van Gogh, les derniers mois de son oeuvre : l'exposition au Musée d'Orsay 

Censure de la fin du feuilleton publié dans le journal Le Matin puis roman paru chez Flammarion et succès salué par la critique, hostilité de l'Église et manifestations catholiques à la sortie du film de Claude Autant-Lara en 1954, avec entre autres Edwige Feuillère, élu Grand Prix du Cinéma français, une incroyable saga illustrée par les collections rares du musée et par des prêts exceptionnels de la Maison de Colette à Saint-Sauveur-en-Puisaye.  

En toile de fond, la mer où cette épicurienne aimait tant pêcher et se baigner. "L'heure de la fin des découvertes ne sonne jamais. Le monde m'est nouveau à mon réveil chaque matin et je ne cesserai jamais d'éclore que pour mourir", répétait aux étudiants cette enchanteresse dont l'oeuvre est bien vivante. 

Plus d'info : Colette, Le Blé en herbe - Musée d'art moderne Richard Anacréon, 50400 Granville. ville-granville.fr