Ils invitent dans des mondes virtuels mais réactivent aussi l'artisanat. Ils créent leurs propres matériaux, refusant de continuer à détruire et piller la planète, ils inventent d'autres façons de construire, plus légères, moins énergivores, ils imaginent des objets émotionnels, "injetables". Architectes, créateurs, artisans défrichent d'autres voies, proposent d'autres alternatives. À la question, "Le design peut-il changer demain ?" Ils répondent : "Il ne saurait en être autrement." Découvrez ces nouveaux inventeurs, trentenaires et visionnaires.
"La tête dans les étoiles, les pieds dans la terre. Il y a toujours ces frictions positives, ceux qui renouent avec le travail à la main, avec la maîtrise totale de la réalisation, poursuivant une démarche presque initiatique, artistique, à l'exemple de Benjamin Graindorge ou de Valentin Loellmann. Je les appelle les modérateurs. Et il y a les visionnaires qui proposent des univers numériques mais dont le mobilier peut devenir réel, sur les sollicitations du public, comme le fauteuil floral d'Andrés Reisinger apparu sur Instagram et tellement aimé qu'il est édité par Moooi". Vincent Grégoire de l'agence de prospective Nelly Rodi souligne le contexte dans lequel évoluent ces designers. "Nous sommes dans une phase de renaissance, à la recherche de nouvelles vies, après la résistance de 2020 puis la résilience de 2021. Plus de RSE (responsabilité sociale et environnementale), de disruption technologique, de services innovants." Alexandre Labasse directeur du Pavillon de l'Arsenal, épicentre de la documentation et des expositions de l'architecture et de l'urbanisme de Paris, est au plus près de ces jeunes diplômés, avec son appel à projets "Faire", lancé il y a cinq ans. Les lauréats, dix par an, sont accompagnés, soutenus par l'Arsenal. C'est ainsi que leurs travaux se voient développés et exposés. "On remarque que l'on ne voit plus de jeunes gens qui répondent simplement à une commande. Ils réinterrogent tout, tout le temps, jusqu'à leurs métiers. Ils pratiquent la recherche par l'expérimentation. Ils vont jusqu'à fabriquer eux-mêmes, comme Ciguë ou d'autres". Entre les premiers qui font resurgir du passé des techniques anciennes, et les seconds qui télétransportent dans des mondes virtuels, se trouvent ces chercheurs initiant des matériaux vertueux, découvrant des qualités insoupçonnées au chanvre ou aux sédiments marins, ou offrant une seconde vie à des rebuts de la consommation. Geneviève Gallot, auteur de 75 designers pour un monde durable, les pense en "lanceurs d'alerte" car, à travers leurs créations, brique en textile broyé de Clarisse Merlet, chaise en plastique recyclé de Maximum ou teintures naturelles de Marie-Sarah Adenis, chacun pointe les dérives des systèmes actuels, tout en proposant des solutions. "Une nouvelle habitabilité du monde emprunte des chemins de traverse". Aux éditeurs, industriels, concepteurs de les suivre à la trace.
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