On retrouve son lit tous les soirs, avec plus ou moins de délice, pour le quitter, ou y traîner, au petit matin. On y rêve, bouquine, converse... et surtout on y dort. Au bout d'une vie, c'est 24 ans que nous aurons passés au lit. Mais à quoi ressemble-t-il, ce meuble si nécessaire à notre repos ?
Vu par un Allemand, le lit français est grand. Trop grand même, pour lui qui aime se sentir à l'étroit (les couples allemands dorment sur des matelas séparés). Bien qu'il soit taillé pour deux, ses 140 cm de largeur figurent parmi les dimensions les plus "slim" du monde occidental. Mais les choses changent, lentement, pour gagner quelques centimètres... jusqu'au 160.
Un luxe qui représente aujourd'hui 30 % des achats. Et qui s'annonce comme une vraie bonne nouvelle, car 20 cm de plus nous permettraient d'augmenter de 15 % notre temps de sommeil profond (152 minutes contre 132) et de diminuer d'un quart (23 contre 30) le nombre de réveils nocturnes. Combiné à un matelas de plus en plus épais (30 cm au lieu de 15 il y a une douzaine d'années), voilà qui nous promet des nuits de rêve ! Reste le sommier. Plus haut de 4 cm (20 cm en moyenne), hissé sur des pieds, il fait le beau et remplace avantageusement le cadre de lit en troquant son coutil polyester pour un habillage tissu, souvent coordonné aux rideaux, ou carrément cuir... et tendance. Quant à la tête de lit, elle fait désormais un peu plus que protéger le mur. Flanquée d'appliques, elle éclaire nos lectures. Équipée d'étagères, elle accueille nos petits bazars et surtout rinardise la table de chevet, jugée trop encombrante.
Comme on fait son lit...
Voilà une trentaine d'années qu'on ne jure plus que par la couette (merci Ikea !). Et pas seulement parce qu'elle nous dispense de longues séances de repassage ou qu'elle nous libère de l'option couverture. En France, la couette, toujours grand format, se partage (nous sommes de grands romantiques) et se borde, un peu comme s'il s'agissait d'un couvre-lit. Il arrive même que, chez certains, elle se double d'un drap. Le frileux (ou la frileuse) peut ainsi tirer la couverture à lui sans que l'autre soit " dénudé ". Rien à voir avec les pays nordiques dont elle est originaire. Là-bas, même si on dort côte à côte (et sans pyjama), on fait couette à part et, le matin, on replie, en deux ou en quatre, l'édredon au bout de sa couche. Pour l'ethnologue Pascal Dibie, il va sans dire que cet accessoire venu du Nord a radicalement changé le quotidien des sociétés dites " à draps ", où faire son lit exigeait tout un cérémonial : étendre correctement le linge, le glisser bien tendu sous le matelas, et enfin le couvrir. Aujourd'hui, l'affaire est pliée en cinq minutes, nous offrant chaque matin l'impression d'une chambre tirée à quatre épingles. Et ce n'est pas pour nous déplaire.
Remerciements à Gérard Delautre, directeur général de l'Association pour la literie (infoliterie.com).
A lire aussi : Eloge du lit de Colette Gouvion (éd. du Rouergue). Ethnologie de la chambre à coucher de Pascal Dibie (éd. Métailié).
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