Où vit le créateur et designer Jean-Charles de Castelbajac ?

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Où vit le créateur et designer Jean-Charles de Castelbajac ?

Où vit le créateur et designer Jean-Charles de Castelbajac ?

Hubert de Castelbajac

Ce n'est pas un "appartement-maison" classique, c'est son terrain d'expression, de réflexion, de création. Cap sur le 14e arrondissement de Paris, dans la "taverne" de Jean-Charles de Castelbajac. Le créateur et designer nous a chaleureusement accueillis. Il évoque sa collaboration avec la maison Jules Pansu, et tant d'autres choses.

Ils l'ont approché pour son originalité, ses couleurs et son aura. "Nous voulions sortir des sentiers que nous connaissions et c'est très positif et novateur pour nous", se réjouit Eric Pansu, directeur de la maison Jules Pansu, qui entrevoit déjà les collaborations à venir avec Jean-Charles de Castelbac. Mode, maison, sport... Le créateur et designer vogue d'idées en défis, alimentant son âme et sa créativité de tout ce qui l'entoure : une heureuse rencontre de quartier, une bouffée d'émotions, ou encore une passe au foot. Ce qui l'anime avant tout ? "Bousculer les traditions et leur donner une nouvelle vie". Il vit comme il crée ; sa maison est son atelier. "C'est un endroit bouleversant il y a un grand jardin de 400 m2, très arboré avec une petite cabane et un jardin d'hiver. L'appartement est très attachant, on sent que les gens qui ont vécu là avant ont été heureux". Voilà 4 ans et demi qu'il y est installé et pourtant il ne cache pas son envie de "bouger", il n'en sera qu'à son 22e déménagement parisien. Aujourd'hui, il vise une cathédrale à rénover, un nouvel espace blanc où s'exprimer. Rencontre en couleurs et poésie. 

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Pourquoi cette collaboration ?  

Jean-Charles de Castelbajac : La maison Jules Pansu était la meilleure maison pour ce projet, parce qu'on sent cet amour et le respect de l'oeuvre des créateurs. Cette maison d'édition a travaillé avec d'immenses créateurs, avec précision et délicatesse. Ils respectent d'une manière gigantesque des icônes disparues, je me suis dit qu'ils respecteraient mon travail. Et c'est ce qu'il se passe. 

Comment s'est passée cette collaboration ? 

Jean-Charles de Castelbajac : La manière dont ils appréhendent la tradition me plaît car elle donne envie de la bousculer et de faire d'autre chose. La collaboration a été fluide. J'ai eu affaire à deux générations : au père et au fils et c'est ce qu'il se passe chez moi puisque je travaille avec mes deux enfants. Il y a une histoire de famille dans les gênes de notre histoire.  

Le résultat ? 

Jean-Charles de Castelbajac : "Un passé spiritueux et un futur spirituel". Cette tapisserie est une première approche, et les 4 coussins sont comme des bulles qui en sortent. Il y a un côté punk, le château de mon enfance... et cet enfant qui a les tiges qui lui sortent de ces oreilles parce qu'il est dur de la feuille.  

Où vit le créateur et designer Jean-Charles de Castelbajac ?

Jules Pansu x Jean-Charles de Castelbajac

Travaillez-vous chez vous ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Je travaille chez moi. Je travaille la nuit quand je me réveille ; j'ai mon rythme à moi et j'aime bien être confronté à mon travail lorsque je déjeune, lorsque je dîne, pour le juger, le construire, le déconstruire. 

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A quoi ressemble votre intérieur ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Ça ressemble à un grand salon, dans lequel je peins, je dîne, je reçois. Ça ressemble à une grande chambre, et à une grande salle de bains. C'est très lumineux, parce que c'est plein sud et face à un jardin.  

Et votre mobilier ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Il y a des choses que j'ai créées pour Roset dans les année 80, une table d'Eero Saarinen, des fauteuils et une bibliothèque d'Ettore Sottsass, beaucoup de tableaux d'artistes différents comme Chris Johansen, Robert Malaval et puis des tableaux de moi. Il y a une grande table de salle à manger et une autre où je dessine. J'accroche aussi des robes au mur. 

Vous possédez de belles pièces qu'aimez-vous en elles ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Les pièces n'ont pas tant d'importance en elles-mêmes. C'est la manière dont elles s'entrechoquent, deviennent des accidents visuels, dont elles se répondent.... C'est ça ce qui m'inspire. C'est la manière dont elles ne vont pas bien ensemble. Les éléments constituent un chaos qui devient une beauté. Mon salon change tout le temps. Cette pièce où je vis est la scène d'un théâtre

Y-a-t-il néanmoins un objet qui vous suit ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Une poupée qui vient de ma famille depuis la nuit des temps. Elle date de la Renaissance : il est dit que Marie de Médicis jouait avec. Il lui manque une jambe, sa robe est punk, déchirée, et elle est assise dans un grand trône de style Louis XIII. Tout le monde en a peur, moi je la trouve assez attachante. C'est une enfant de 400 ans.  

Quelle est votre pièce préférée ?  

Jean-Charles de Castelbajac : La pergola est mon espace préféré. Ni à l'intérieur ni à l'extérieur, je pourrais y installer un rocking-chair, comme dans les westerns. C'est un no man's land.  

La nature est importante ?  

Jean-Charles de Castelbajac : La nature est fondamentale. J'aime la nature la plus profonde et la plus mystérieuse comme la forêt la plus abyssale. J'aime aussi l'urbain, le béton brut, sauvage, tagué et imparfait. 

Vous jardinez ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Je ne jardine pas. Je n'aurais pas pu. Enfin, je jardine mon coeur.  

Qu'est-ce-qui vous nourrit ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Tout ce que je vois au quotidien apparaître de créateurs géniaux. Toutes les grandes inventions technologiques sur le recyclage, ces choses qui nous parlent de partage. J'aimerais participer à ça. Les inventer voudrait dire que mon égo se met en place, mais non. Je préférerais faire partie d'une invention, celle du monde de demain.  

C'est pour ça que vous multipliez les collaborations ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Oui. Si j'étais monté sur scène à 18 ans, je n'aurais pas été seul. J'ai toujours aimé l'idée du groupe avec bassiste, guitariste, batteur. Réunir, partager, c'est un peu le sens de ma vie. Quand j'ai commencé à préparer mon exposition chez Magda Danysz et à dresser l'inventaire de tous les êtres et des entreprises avec qui j'ai travaillé... Il y en avait trop. Depuis 50 ans... Mais il n'y en a jamais trop : j'aimerais vivre tant d'aventures avec les nombreux talents de demain. C'est le challenge : quand je vois un défilé comme celui de Moncler à Milan avec 8 créateurs... Bam ! Vous vous dites quels talents arrivent ! C'est vivifiant. Autant que si vous êtes sur une presqu'île à Quiberon et que vous prenez l'air de la mer, ce n'est pas comme lorsque vous êtes dans votre salon confiné. J'ai besoin de ça, ma créativité a besoin de ça.  

Vous vous renouvelez sans cesse ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Je suis comme un homard qui vit très longtemps : 120 ans. Mais à un moment de sa vie il est à l'étroit dans sa carapace. Il se planque sous des pierres pour en changer. Moi je change, pas de médicaments, de consultations chez le psy. Je fais du sport : je me suis fait un nouveau copain qui s'appelle mon corps. 

L'alimentation est très importante ? 

Jean-Charles de Castelbajac : Oui, très. 

Vous cuisinez ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Des légumes. Des carottes : je sais cuire les carottes et quand "les carottes sont cuites"...  

Et pour des amis qui arrivent à l'improviste ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Je ferais des carottes, des haricots verts. Des pâtes, je fais très bien les pâtes : des pâtes au thon avec des câpres.  

Votre cuisine, ouverte ou fermée ?  

Jean-Charles de Castelbajac : La cuisine est fermée, mais toujours ouverte aux autres.  

Votre couleur préférée dans votre intérieur ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Le blanc. Je suis obsédé de blanc. J'ai envie d'une grande maison blanche où poser des choses. 

Vous vivez en musique ou en silence ?  

Jean-Charles de Castelbajac : En musique et en FIP, France Culture et Radio Nova. En musique, j'aime tout ce qui est alternatif : La Muerte, Alice et Moi... 

Sur votre table de nuit que trouve-t-on ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Un roman qui s'appelle "La nostalgie de l'honneur", de Jean-René Van der Plaetsen, une Bible et des photos de ceux que j'aime.  

Est-ce que vous vous rêvez d'une pièce en plus ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Je ne rêve que d'une pièce, je rêve d'un immense galion renversé.  

Y-a-t-il un domaine que vous aimeriez explorer ?  

Jean-Charles de Castelbajac : Je suis en train de le faire. Le bonheur. Avant, j'étais heureux mais je n'avais pas exploré le bonheur.  

Votre actu ? 

Jean-Charles de Castelbajac :  

- Je travaille à mes souvenirs : 50 histoires qui me sont arrivées. Cela va du punk aux années terroristes en Italie, à ma rencontre avec le Pape, à la façon des contes et nouvelles de Guy de Maupassant. 

- Mon nouveau site Internet jeancharlesdecastelbajac.com arrive très vite avec mon art, ma mode et même une télé JCC TV avec mes actus, et toute une partie qui s'appelle "S'inspirer n'est pas copier", où je donne mes archives aux internautes.  

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