Si la peinture a pris possession de nos maisons et appartements, il n'est pas toujours évident de définir quel mur peindre en couleurs. Plusieurs paramètres conditionnent non seulement le choix de cet emplacement mais aussi de la teinte à privilégier. Et lorsque l'on est friand d'associations colorées, la tâche se complique d'autant plus. Pourtant, peindre ou repeindre son intérieur doit rester un plaisir, n'oublions pas que la couleur a de nombreux bienfaits, non seulement d'un point de vue strictement architectural mais aussi sur notre humeur et notre moral, favorisant un meilleur sommeil dans la chambre lorsqu'elle est utilisée à bon escient, par exemple. Deux professionnelles de l'agencement et de la décoration livrent leurs précieux conseils pour désacraliser ce procédé, Hélène Pinaud, architecte du studio d'architecture Heju, et Sophie Texier, architecte de l'agence parisienne Texier-Soulas.
Sans être un expert de la couleur, maîtriser quelques bases comme le cercle chromatique, savoir distinguer couleur chaude versus couleur froide, permet déjà d'appréhender un projet de peinture avec plus de sérénité. Le choix d'une teinte passe souvent par un coup de coeur, une envie, évocatrice d'un souvenir. Mais la couleur a bien d'autres atouts, à commencer par celui de structurer les espaces de vie. Elle peut agrandir une pièce, corriger certains de ses défauts, capter la lumière, etc. Autant de bonnes raisons de l'adopter, encore faut-il savoir où l'appliquer. Face à la fenêtre ou perpendiculaire ? Sur un mur en all over ou simplement en soubassement ? Et puis quelle teinte choisir ? Dans quelle finition ? En fonction de l'effet recherché, de la pièce à peindre, ces paramètres varient. Petite revue de la question par deux amoureuses de la couleur pour vous aider au mieux à réussir votre projet de mise en couleurs.
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Identifier l'intérêt de peindre un mur en couleurs
Ce n'est un secret pour personne, peindre un mur en couleurs c'est apporter gaieté et joie de vivre chez soi. Et si cela est particulièrement valable pour les tonalités vives, les nuances plus foncées ont la capacité d'apaiser le mental, de calmer la nervosité ou encore de favoriser un meilleur sommeil. En lisant ces lignes, vous êtes sans conteste acquis à cette cause, aussi nous vous proposons d'identifier les atouts architecturaux de la couleur lorsqu'elle se trouve en situation.
Si elle semble si évidente une fois posée, "la couleur ne doit toutefois pas être appliquée de manière gratuite", souligne l'architecte Hélène Pinaud du Studio Heju. En particulier dans les projets de rénovation, la couleur s'adapte à l'espace dans lequel elle est utilisée, corrigeant ses défauts et/ou sublimant ses caractéristiques. Le plus souvent, elle permet de "mettre en valeur un élément fort, soulignant une particularité architecturale comme les moulures d'un appartement haussmannien" par exemple, ou encore un volume central que l'on souhaiterait distinguer des autres espaces d'une maison. La couleur a aussi cette capacité à faire oublier un élément disgracieux du décor, impossible à supprimer, lorsqu'elle est appliquée en totalité sur un mur avec tuyauterie apparente par exemple.
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Utilisée à bon escient, une couleur permet notamment d'accentuer la perspective d'une pièce, ou encore de changer ses proportions. Appliquée en partie basse d'un mur, "elle redonne une hauteur de référence à la pièce", explique l'architecte Sophie Texier. Cela peut être intéressant dans une chambre d'enfant, où une teinte utilisée à hauteur de ses yeux donne une proportion plus adaptée à l'espace, compte tenu de la taille de l'enfant. En peignant "d'une même couleur une pièce entière (mur et plafond), les arêtes disparaissent, faisant ainsi perdre la notion de volume", souligne la pro de l'agence Texier-Soulas. Cela est d'autant plus intéressant dans les petits espaces, comme les toilettes ou un couloir étroit. Ou encore, pour augmenter la sensation de hauteur sous plafond là où elle fait défaut, "peindre un mur de couleur en s'arrêtant plusieurs centimètres avant le plafond", ce dernier se fondra alors dans le mur. De façon générale, la peinture structure les espaces, donnant corps à un coin nuit dans un studio pourquoi pas, ou à un salon perdu dans une grande pièce à vivre. Dans une cuisine ouverte avec salle à manger par exemple, "peindre une niche du côté de la table des repas permet d'appuyer cette zone".
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La couleur permet également de jouer avec la lumière, une propriété intéressante lorsqu'il est question d'espaces sombres. En misant sur un blanc pur, comme ont l'habitude de le faire les pro de l'agence Heju dans le cadre de leurs projets de rénovation, ou des tonalités claires, il est ainsi possible d'accentuer la luminosité d'une pièce.
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Tenir compte des paramètres suivants pour peindre un mur
La configuration de la pièce destinée à être peinte en couleurs a toute son importance : il faut tenir compte du volume, de ses particularités, et notamment de l'emplacement des fenêtres. "Généralement, lorsque l'on se trouve face à une fenêtre, ce que l'on souhaite voir c'est ce qu'il se passe à l'extérieur, d'où l'idée de ne pas mettre la couleur sur ce mur-ci", préconise l'architecte Hélène Pinaud. Peindre le mur qui se trouve en face ou perpendiculaire aux ouvertures est donc un choix beaucoup plus judicieux, d'autant qu'une teinte en contre-jour apparaît bien différemment que si elle est placée en pleine lumière. Par exemple, un gris moyen appliqué en face de la fenêtre, versus un blanc appliqué sur le mur comprenant l'ouverture : le résultat est un rendu équivalent, l'impression qu'il s'agit de la même teinte, précise Sophie Texier.
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La lumière joue donc un rôle de taille puisqu'elle fait varier la tonalité utilisée. Par ailleurs, "une lumière rasante est sans concession sur la qualité de la préparation du mur destiné à recevoir la couleur", ajoute la pro de l'agence Texier-Soulas. Une "teinte en finition brillante fera ainsi ressortir tous les défauts du mur, là où une finition mate noiera plus facilement le poisson". Si le mur à peindre se trouve directement face à la lumière naturelle, veiller donc à bien le préparer. Il peut également être difficile de gérer les reflets des différents matériaux présents dans une pièce. Par exemple, si le sol est un parquet en chêne ciré, et que le choix de couleur du mur est le blanc, il y a un risque pour que celui-ci soit bien différent de l'échantillon de départ. Il prend les reflets chauds du parquet, à vous de juger s'il s'agit de l'effet désiré.
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Un mur de couleur est notamment perçu différemment selon qu'il se trouve face à notre champ visuel ou raccourci, dans un lieu de passage par exemple. Face à soi, il peut être intéressant de peindre un mur en couleurs, notamment si l'on veut fondre un élément du décor dans son sillage. Cela peut être le cas d'une cuisine ouverte par exemple, ainsi intégrée à l'ensemble de l'espace ; on veillera à peindre les meubles dans le même ton. Dans une pièce de passage, Sophie Texier propose d'"unifier le volume par la couleur pour redonner une position fixe à l'ensemble" ; ou encore de "créer une séquence colorée au sein de cet espace : peindre seulement une arche pour qu'il y ait un "avant" et un "après" dans le couloir en question, de façon à contrecarrer l'aspect fuyant de la pièce".
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Bien choisir sa couleur de peinture
Définir la couleur pour peindre un mur est généralement une affaire de goûts. Ce choix n'est jamais hasardeux, il fait référence aux éléments que nous avons l'habitude de voir, à des souvenirs de vacances, ou à une émotion bien plus complexe, fruit de notre vécu. L'infinie variété des couleurs rend le choix final parfois ardu. Heureusement, "certaines marques proposent des gammes colorées restreintes qui évitent de s'éparpiller", confie Sophie Texier.
Si une couleur ne vaut pas mieux ou moins bien qu'une autre, la tonalité peut influer sur la décision : "Les couleurs foncées permettent généralement de reproportionner l'espace", souligne Hélène Pinaud, les "couleurs claires peuvent éclairer un endroit", ajoute Sophie Texier. Dans une pièce en manque de chaleur, privilégier une tonalité sombre, enveloppante, sur un mur ou au plafond. Il est également possible de jouer avec le contraste entre teinte claire et plus foncée : l'architecte de l'agence Heju préconise ainsi de "souligner les espaces de circulation, comme le couloir, dans une couleur relativement foncée qui crée un vrai contraste avec la pièce de vie" située dans sa continuité. Cette dernière paraît tout de suite plus lumineuse qu'elle ne l'est en réalité. L'architecte de l'agence Texier-Soulas propose quant à elle de jouer avec deux nuances de couleurs claires, une base de gris léger, sur laquelle on définit des rectangles blancs, dans l'angle d'une pièce par exemple, de façon à capter davantage la lumière naturelle au sein de l'espace.
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Il est aussi tentant de miser sur des associations colorées, mais "cela à tendance à augmenter les difficultés", surtout si l'on ne maîtrise pas bien l'art des couleurs, précise Sophie Texier. Elle recommande de mettre en situation autant que possible ce mélange de teintes désiré pour s'assurer du rendu final qui, ne l'oublions pas, dépend notamment de l'évolution de la lumière au cours de la journée. Dans certaines conditions (heureusement relativement exceptionnelles), l'architecte met en garde contre l'effet de contraste simultané : si admettons, nous partons sur une association d'"un mur vert entouré de murs blancs, l'oeil aura tendance à teinter ces derniers dans la couleur complémentaire du vert, à savoir le rouge". Mais là encore, pas de panique si vous ne maîtrisez pas tous les codes, certains fabricants proposent des associations de couleurs toutes prêtes qui facilitent la mise en oeuvre.
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Les finitions de peinture influent également sur la décision finale. Entre mate, satinée ou brillante, laquelle choisir ? L'architecte de l'agence Texier-Soulas attire l'attention sur le fait qu'une même couleur a un rendu tout à fait différent selon qu'elle se décline dans l'une ou l'autre. Il est ainsi possible de jouer avec un camaïeu, non pas de couleur, mais de finitions pour peindre son intérieur. La pro propose par exemple une même couleur déclinée en version satinée sur des portes de placard, avec seulement un arrondi autour des poignées, traité en finition brillante, ainsi plus facile à nettoyer.
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En résumé...
Pour définir le mur à peindre en couleurs, éviter une application en contre-jour. Miser sur les avantages de la peinture pour corriger les défauts d'une pièce, structurer l'espace ou mettre en valeur un élément du décor (ou au contraire, faire disparaître un détail peu flatteur). Eviter de multiplier les teintes et prêter attention aux associations colorées. Miser sur une teinte foncée pour donner une nouvelle proportion à l'espace, sur une teinte claire pour agrandir une pièce. Jouer des contrastes pour favoriser la luminosité. Et surtout, faire des tests, des mises en situation pour s'assurer du rendu final. Cela peut être à l'aide d'une feuille A4 peinte dans une nuance foncée, ou directement sur le mur si la couleur est claire, plus facile à recouvrir si besoin, comme le recommande Sophie Texier.
>> En savoir plus sur le studio d'architecture parisien Heju en se rendant sur son site Internet Heju.fr
>> Découvrez le profil et les réalisations des architectes de l'agence Texier-Soulas sur Côté Maison Projets
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