Avec un engouement certain ces derniers mois, le potager est devenu un vrai loisir pour oublier son quotidien, s'évader. Il incarne aussi le plaisir de faire soi-même et d'avoir un oeil sur l'origine de ses fruits et légumes. Sur une petite terrasse ou dans un grand jardin, peu importe la superficie, pourvu qu'il y ait de l'enthousiasme. Aux prémices du potager, les erreurs et petits pièges sont nombreux et peuvent vite décourager l'apprenti jardinier. Si l'idée de planter pour récolter est simple, un potager demande quelques connaissances et surtout du temps afin de ne pas se heurter à des difficultés. Parcourez les 9 erreurs à éviter dans un potager et, bien sûr, les conseils pour y remédier !
Se lancer dans l'aventure d'un potager est assez euphorisant pour faire tourner la tête et oublier l'essentiel... Prendre le temps, sans se précipiter, observer la nature, rester simple et se contenter de peu. La récolte arrive comme une récompense d'un dur labeur. Emportés par une tendance green, certains occultent toutes les contraintes que représentent aussi un potager. "Cultiver ses propres légumes demande surtout du bon sens, du travail et de la persévérance", rappelle Pierre Nessmann, expert et auteur du livre Le potager de père en fils. Il cite avec Benjamin Nowak, chef de produit Marché aux fleurs chez Jardiland, les erreurs les plus fréquentes pour créer son propre potager mais aussi les conseils essentiels pour s'assurer une belle récolte.
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Erreur n°1 : voir trop grand
Réflexe naturel au début, l'envie de bien faire nous pousse à imaginer un potager pas forcément adapté à ses capacités. "Quand on commence, on voit toujours trop grand !, remarque Pierre Nessmann. L'enthousiasme est certain, on est tellement contents de se lancer. Mais le potager demande beaucoup d'entretien avec de l'arrosage, du désherbage, etc. On se retrouve vite débordé par la situation, à ne pas pouvoir suivre la cadence."
La solution : démarrer petit quitte à augmenter ensuite les quantités si la récolte n'est pas assez grande. Cela peut être avec un potager au carré de 1 mètre 20 par 1 mètre 20 ou un potager en butte. "Les plantations doivent être adaptées, poursuit l'auteur. Si on plante dix pieds de courgettes, on va vite se retrouver avec un stock démesuré. Et des kilos de légumes à ramasser mais aussi à préparer pour les mettre en bocaux ou autre. Un vrai travail et beaucoup de temps !"
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Erreur n°2 : mal positionner son potager
En oubliant certaines notions essentielles, le potager peut être aménagé à un mauvais emplacement, à proximité de grands arbres ou le long d'un mur, par exemple. Au final, la récolte sera moins bonne.
La solution : le potager demande une certaine luminosité et une position idéale pour les fruits et légumes. "Le mieux est de choisir le lieu où il y a le plus de lumière directe, conseille Pierre Nessmann. Il ne faut pas se précipiter ! Observer son jardin pour repérer l'endroit le plus favorable. Un potager a besoin d'un bon équilibre entre soleil et lumière pour donner de la saveur et de la maturité aux légumes. Il doit aussi être abrité du vent et pas trop exposé à l'humidité."
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Erreur n°3 : planter trop tôt
Après avoir préparé tout son potager et ses plants, la saison n'est pas toujours favorable. Toujours porté par un certain enthousiasme, on a tendance à vouloir planter trop tôt.
La solution : "Au moment où l'on décide de planter et semer, prendre son temps est important, rappelle Benjamin Nowak de Jardiland. Par exemple, à la fin du printemps, les températures sont bonnes mais le sol est encore trop froid. Si toutes les conditions ne sont pas réunies, la lancée du potager n'est pas conseillée. Il vaut mieux ne pas se précipiter et attendre d'observer le redémarrage de la nature dans son jardin."
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Erreur n°4 : penser que tout pousse dans n'importe quelle terre
La plupart des gens ont le réflexe de réfléchir à tout ce qu'il y a autour du potager sans prêter attention à la terre elle-même. Un point clé pour commencer un potager avec les bonnes bases. Selon les endroits, le sol est plus ou moins riche, avec une terre de remblais, une terre épuisée, etc.
La solution : avant tout, un tour dans le futur potager s'impose. "Afin de connaître la nature du sol, il suffit de retourner un peu la terre et de l'observer, indique Benjamin Nowak. Si la terre est noire, elle est déjà riche. Si le sol est argileux, il a besoin d'être enrichi en amont." Autre astuce, là aussi l'observation est de mise ! Pierre Nessmann livre son conseil : "Afin d'identifier une terre de bonne qualité, on peut déjà regarder où l'herbe est la plus verte dans un jardin."
À noter qu'il ne faut surtout pas désespérer, tout sol peut être amélioré, enrichi. D'ailleurs, un potager peut même voir le jour sur une terrasse. "On crée un carré potager où l'on apporte une terre dédiée avec un parfait équilibre et tous les apports nécessaires pour la bonne croissance des légumes, explique Benjamin Nowak. Sur une terrasse ou dans un jardin, il est possible de partir de rien !"
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Erreur n°5 : de décourager assez vite avec des légumes compliqués à faire pousser
En commençant par un potager, l'objectif est d'avoir une récolte rapide pour être encouragé dans son labeur. Toujours porté par l'envie de bien faire, on a tendance à planter plein de légumes sans forcément se rendre compte de la complexité de certaines variétés. "Quand on démarre un potager, on peut vite être déçu, prévient Pierre Nessmann. Certains légumes sont compliqués comme l'aubergine ou le melon, d'autres sont longs à faire pousser, à l'image du chou ou des poireaux."
La solution : au début, mieux vaut s'orienter vers des légumes faciles avec peu d'entretien afin d'avoir des résultats rapides. "À commencer par les salades (laitue, batavia, etc.), les radis, les haricots avec de nombreuses variétés, les courgettes, les courges, les tomates cerises et les aromates, préconise Benjamin Nowak. Ces légumes ont une croissance importante et une production abondante."
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Se lancer avec des légumes simples est aussi une bonne façon de démarrer en douceur en réalisant la masse de temps qu'un potager représente. "Cela permet de se rendre compte assez vite du travail derrière, affirme Pierre Nessmann. Et en fonction du temps dont on dispose, on plante éventuellement d'autres légumes. C'est primordial, quand on débute, d'avoir satisfaction et de garder son enthousiasme."
Erreur n°6 : ne pas laisser assez de place à ses plantations
À vouloir être trop gourmand, on plante beaucoup et dans un espace restreint afin d'optimiser sa récolte. "En serrant les plants, les légumes ne peuvent pas avoir une bonne évolution, prévient Benjamin Nowak. Ils seront plus petits et la récolte moins généreuse."
La solution : les plants sont désormais vendus de façon individuelle (et plus uniquement par six, par exemple), il est donc possible de semer les légumes en fonction de ses besoins et de la place disponible. Dans son potager, laissez assez de place entre les plants selon les variétés et leur ampleur.
Erreur n°7 : se faire envahir par les mauvaises herbes et négliger l'entretien
Une fois le potager démarré, en pleine saison, il demande parfois beaucoup d'entretien pour garder un espace favorable. Les mauvaises herbes (aussi appelées plantes adventives pour être exact) arrivent vite !
La solution : "Avec une simple binette, il faut prendre l'habitude d'aérer la terre entre les légumes en l'ameublissant à la surface, conseille l'expert chez Jardiland. Un geste tout simple à faire et à répéter environ une fois par semaine. Mais un réflexe important afin de repousser les mauvaises herbes et d'avoir plus d'humidité pour limiter aussi l'arrosage."
Erreur n°8 : trop arroser son potager à ses débuts
À vouloir trop bien faire, on arrose son potager à outrance, surtout à ses prémices. La plante ne va pas avoir le temps de puiser dans ses ressources et de faire ses racines.
La solution : se contenter d'un arrosage tous les deux jours dès le départ et jusqu'à la reprise ou la germination des plants (soit pendant environ 10/12 jours) puis espacer les apports d'eau selon les besoins pour inciter la plante à développer un réseau profond de racines. Même si elle se recroqueville, elle va gagner par la suite en résistance. Si les températures sont trop élevées, il est préférable de réaliser un paillage de lin ou de chanvre pour limiter l'arrosage et préserver l'humidité au sol.
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Erreur n°9 : sous-estimer le temps nécessaire à la culture d'un potager
"Lancer un potager, c'est mettre le doigt dans un engrenage !, prévient Pierre Nessmann. Les légumes ont besoin qu'on leur consacre du temps et une attention régulière. Ça peut même remettre en cause les loisirs, les vacances. Avoir un potager, c'est aussi une contrainte !"
La solution : au début, il est conseillé de voir petit et de faire évoluer son potager en fonction du temps disponible. Aussi un peu d'organisation permet d'anticiper certains besoins. "Les absences doivent être pensées bien en amont, par exemple, avec un paillage, la récupération des eaux de pluie ou l'installation d'une arrosage automatique géré par une programmateur", conseille l'auteur. Avoir un potager, c'est un labeur d'environ une heure par jour pour avoir une belle récolte. Un travail qui devient vite un plaisir !
En savoir plus :
Le potager de père en fils, Pierre Nessmann, photographies Alexandre Petzold (éditions Delachaux & Niestlé)
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