Qu'est-ce que l'écorénovation ?

Lors d'un projet de rénovation, aux enjeux de gain de confort et de réduction des factures d'énergie, s'ajoute aujourd'hui l'enjeu écologique, qui n'est pas des moindres. Ainsi, l'écorénovation est un double concept dans lequel les cercles de rénovation énergétique et de rénovation biosourcée peuvent se croiser. Ce sont des travaux qui représentent un coût élevé, mais qui bénéficient de nombreuses aides financières. Si vous êtes propriétaire d'un bien immobilier ancien, c'est un sujet qui vous concerne. Voyons ensemble quels sont les postes de la rénovation énergétique.

Rénover son logement, c'est avant tout gagner en confort pour aménager un intérieur mieux isolé et redécoré. La rénovation permet aussi la création d'espaces sains en toutes saisons et adaptés à nos modes de vie contemporains, valorisant le bien. Rénover, c'est également améliorer ses performances énergétiques et réduire les factures d'énergie (électricité, chauffage). Rénover c'est aussi mener une réflexion sur l'adaptation nécessaire au bâtiment existant dans le respect des caractéristiques du patrimoine ancien. Rénover, c'est enfin agir pour l'environnement, obtenir un résultat pérenne et mieux respecter la planète.  

"La rénovation peut être faite soit de façon globale, soit par gestes, introduit Philippe Leonardon, animateur secteur bâtiment à l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) : la rénovation globale est l'option qui permet d'atteindre une valeur de consommation d'énergie puisque tous les postes sont étudiés et traités en même temps : l'isolation du bâtiment (murs, plancher et toiture), le changement des menuiseries, le système de ventilation VMC et le changement des équipements de production d'énergie. On parle de 'rénovation énergétique'". Attention aux raccourcis, prévient-il : "Derrière le terme écorénovation, bon nombre d'acteurs ont la liberté aujourd'hui d'y mettre le recours à des matériaux biosourcés et renouvelables mais il s'agit en réalité d'un travail complexe associant matériaux, équipements et performance énergétique à atteindre". Il explique aussi qu'il n'existe pour l'instant aucun référentiel public estampillé de la part des pouvoirs publics, aucun cadre législatif et aucune obligation de faire une analyse du cycle de vie.  

En France, le bâtiment est le deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre. Il représente à lui seul 27 % des émissions de CO2 et près de 45 % des consommations d'énergie. Selon l'étude Habitat Durable par Leroy Merlin et IFOP*, 6 Français sur 10 considèrent que leurs actions pour un habitat plus durable peuvent avoir un impact positif sur la planète. 55 % des Français aimeraient être accompagnés pour transformer leur logement en un habitat plus durable. Pour 7 Français sur 10, la motivation principale pour se lancer dans ces travaux est de faire baisser les factures, notamment d'énergie. Pour 44 % des répondants, la motivation est d'améliorer le bien-être et le confort ; et, pour 35 % des répondants, il s'agit de préserver l'environnement. La préservation de l'environnement passant par la réduction de l'impact sur les ressources (matières premières, eau, énergie) que ce soit dans la construction, la rénovation ou l'usage quotidien. 64 % d'entre eux disent ne pas être assez informés : globalement, une question revient, "comment s'y prendre ?". Assez largement, pour 6 sondés sur 10, le prix s'avère être également un frein majeur (pour 36 % d'entre eux il s'agit du prix des travaux et, pour 24%, le prix des matériaux). 

*étude IFOP menée en novembre 2022 pour Leroy Merlin sur un échantillon de 864 personnes 

Quelle différence entre une rénovation énergétique et une écorénovation ?

"Il faut distinguer, avance Maud Wascat, responsable offre rénovation énergétique chez Leroy Merlin, la rénovation thermique énergétique d'une part, qui permet d'améliorer la performance énergétique d'une maison et qui consiste à piloter les trois postes isolation-chauffage-ventilation pour atteindre idéalement un niveau BBC (bâtiment basse consommation) ; et d'autre part, l'écorénovation, qui concerne la façon dont va être menée la rénovation, en utilisant des matériaux écoconçus donc sains, écologiques et économes. L'idéal étant de relier les deux : la rénovation énergétique globale du bâtiment avec des matériaux respectueux (de l'environnement, du patrimoine et de la santé), à faible empreinte carbone."  

La porte d'entrée de la rénovation est la question énergétique, mais en général les propriétaires en profitent pour faire de la restauration globale, avec mise aux normes électriques, réfection de la salle de bains etc. "Pour la rénovation globale, on est sur un bouquet de travaux, explique Léocadie Brothier. Les équipes d'hemea viennent pas exemple de terminer un appartement en rénovation globale, qui associe la rénovation classique (cuisine, salle de bains, peinture) avec l'installation de nouvelles fenêtres ainsi qu'une rénovation par l'intérieur* ; et également une rénovation complète d'un chalet, qui a combiné rénovation globale pour agrandir l'espace et améliorer le confort et le rendement énergétique de l'habitation."  

*Pour isoler les murs d'un logement, deux types d'isolation thermique existent : l'isolation thermique par l'extérieur (ITE) et par l'intérieur (ITI). L'ITI est mise en oeuvre dans les appartements car elle ne modifie pas l'aspect extérieur du bâti ; en maison, les deux types d'isolations sont possibles, l'ITI diminue par contre l'espace intérieur mais elle est privilégiée si la façade revêt un certain cachet comme pour les maisons en pierre meulière. 

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La rénovation énergétique dans les détails

La rénovation énergétique vise à réduire les pertes d'énergie. L'isolation est le premier poste à réaliser avant même le chauffage - autrement dit, changer un système de chauffage n'est utile qu'après avoir travaillé sur l'enveloppe du bâti - murs, combles, plancher, portes et fenêtres. L'isolation influe d'ailleurs sur la qualité de l'air en évitant la condensation et la moisissure. Viennent ensuite le changement de la chaudière, l'installation d'un système de ventilation efficace à simple ou double flux, éventuellement hygrométrique (qui s'adapte à l'hygrométrie de l'air) : ces travaux permettent d'améliorer le confort avec une température plus agréable. De plus, optimiser l'éclairage naturel permet de consommer moins d'énergie après les travaux. 

Les appareils connectés et intelligents peuvent être inclus à cette rénovation énergétique, puisqu'ils permettent de ne pas surconsommer : ils amènent avant tout une fluidité dans l'usage, le thermostat apprend par exemple des habitudes de consommation, dans le cas de l'installation d'un chauffe-eau connecté par exemple. "Le connecté n'est pas indispensable mais amène de la data, des routines et améliore le niveau d'utilisation, explique Maud Wascat, donc des économies supplémentaires. Pensez aux têtes thermostatiques sur des robinets ! Le taux d'équipement en France est encore très faible alors que c'est l'installation énergétique la plus rentable." 

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Les matériaux de l'écorénovation

L'écorénovation consiste à choisir les techniques et les matériaux adaptés pour rénover dans le respect de la santé, de la planète et de la tradition du bâtiment existant. Dans l'idéal, des produits transformés localement, aussi, donc à empreinte carbone plus faible. Ce sont des matériaux dit biosourcés. 

Commençons par les matériaux pour l'isolation : si la laine de verre ou de roche correspond à 60% des ventes, ce sont pourtant des matériaux peu respectueux de l'environnement ; idem pour les isolants dits synthétiques (polystyrène et polyuréthane issus de la pétrochimie, ayant donc impact sur l'environnement) qui concernent 25% des ventes ; quant aux isolants minces, il s'agit de 5%. Il est conseillé de privilégier les isolants biosourcés qui contiennent au moins 80 % de matière naturelle ou issus du recyclage : du chanvre, de la laine de bois, de mouton, du liège, ou alors des déchets textiles, souvent des jeans donc du coton. Ces deux familles d'isolants représentent 10% du chiffre d'affaires de Leroy Merlin. "Ces isolants durables ont des performances thermiques supérieures aux isolants classiques, surtout pour la chaleur l'été ; ils bénéficient d'une densité supérieure, d'un déphasage thermique de 12 heures contre 3 à 4 heures pour la laine minérale... Nous souhaitons les développer chez Leroy Merlin."  

Il conviendra ensuite de se renseigner avec le cuisiniste et l'installateur de salle de bains quant aux innovations spécifiques à chaque marque concernant l'éco-respect, la durabilité et la recyclabilité de leurs matériaux. De référencer des peintures biosourcées avec peu de solvants chimiques ; les bois labellisés FSC et PEFC donc issus de forêts durablement gérées ; sans oublier des pierres extraites en France, de la terre cuite ou de la chaume pour le toit, selon les régions. 

"Les écomatériaux sont encore méconnus du grand public, consulter un architecte ou un artisan permet d'être bien conseillé, note Maud Wascat. Et l'écorénovation à partir de matériaux biosourcés diffère complètement des méthodes conventionnelles, elle nécessite une approche plus technique et complexe." 

Les étapes pour écorénover

1. Réaliser un diagnostic de performance énergétique DPE 

L'écorénovation est un sujet complexe et difficile à comprendre puisque spécifique à chaque bâti. Pour cela, il est conseillé de démarrer toujours par la réalisation d'un diagnostic énergétique : "Cet audit sera la carte d'identité de la maison, il permettra de proposer trois scenarii de rénovation, explique Timothée Wallaert de Leroy Merlin, et d'avoir une idée de l'investissement financier nécessaire en fonction des matériaux choisis. Concrètement, il s'agit souvent de passer d'un diagnostic F ou G correspondant à une 'passoire énergétique', à un diagnostic B voire A après travaux". Les collectivités s'investissent puisque certaines villes offrent ce diagnostic à leurs habitants ; par ailleurs, il n'engage à rien, il est indépendant du début des travaux.  

Renseignez-vous d'abord en mairie puis consultez un professionnel, architecte, spécialiste de la maîtrise d'énergie comme l'entreprise Hellio, Ithaque rénovation ou encore une association comme Soliha. Ils délivrent des conseils personnalisés sur le choix des installations et la priorisation des travaux. Le studio de rénovation hemea travaille avec des partenaires spécialisés pour la récupération des aides. Enfin, vous pouvez consulter les Espaces Infos -> Énergie (Ademe) sur https://france-renov.gouv.fr/. 

2. Calculer les aides auxquelles vous avez droit 

L'éclatement et la complexité des aides serait le frein principal à ces projets. Pourtant, il existe de nombreuses aides et subventions financées par l'état ou les collectivités. Les deux plus importantes sont MaPrimeRénov' et l'éco-prêt à taux 0%. Les aides secondaires sont la CEE (Certificat d'Économies d'Énergie, cumulable avec MaPrimeRénov' et pris en charge par le fournisseur d'énergie) et la prime Coup de pouce qui concernent les aides régionales ; bien d'autres aides locales et spécifiques à tel ou tel logement particulier existent. 

>MaPrimeRénov' est un nouveau dispositif proposé par le gouvernement français à tous les ménages propriétaires depuis le 1er janvier 2020. Elle est calculée en fonction de deux éléments : les revenus du foyer et les économies d'énergie que les travaux permettront de réaliser, s'ils sont faits par un artisan certifié RGE. Elle fusionne l'ancien CITE et les aides du programme Habiter Mieux de l'Anah (Agence nationale de l'habitat). Pour savoir si vous êtes éligible, connectez-vous sur Maprimerenov.gouv.fr. 

>L'éco-prêt à taux zéro, ou éco-PTZ, lui, complète les différentes primes de l'État en donnant la possibilité aux ménages de réaliser des travaux sans avancer de trésorerie. Il finance soit des actions simples, soit une rénovation globale. 

"Les clients sont souvent surpris car il existe de nombreuses aides nationales et locales qui permettent de déclencher sereinement des travaux, souligne Maud Wascat chez Leroy Merlin. Il est même possible de s'associer avec un courtier lors des démarches avec la banque." L'enseigne de bricolage et de décoration dispose d'équipes d'aide et de coordination des chantiers : ces responsables en rénovation énergétique sont les points de contact avec les clients pour diagnostiquer en amont avec eux les meilleures possibilités de travaux et d'aides, conditionnant l'accessibilité du projet.  

3. Faites établir des devis par différents artisans RGE 

Pour obtenir ces aides, il sera indispensable de faire appel à des artisans RGE, c'est-à-dire reconnus garants de l'environnement et qui vous présenteront les solutions techniques envisageables dans le contexte de l'écorénovation. Ils savent manier les matériaux et éviter les mauvais matériaux qui entraîneraient des pathologies sur les bâtiments dans la durée. Les artisans RGE sont bien sûr attachés au patrimoine ancien. 

L'importance des gestes au quotidien

Même dans un logement écorénové, les gestes du quotidien sont importants pour la durabilité du bâtiment et les économies d'énergie. Les professionnels suggèrent des conseils pour agir chaque jour et bien entretenir son habitat (température moyenne de l'habitation, aération quotidienne...). Le nota bene de Leroy Merlin : "Avant d'installer une climatisation, plantez un arbre face à la fenêtre plein sud et/ou installez des stores ou des volets ; et si vous installez un climatiseur, choisissez plutôt une PAC (pompe à chaleur) air-air qui permet la climatisation réversible, donc utilisable toute l'année autant en été pour rafraîchir la maison qu'en hiver pour la réchauffer". 

Dans le neuf aussi ?

Depuis le 1er janvier 2013, les logements neufs sont aussi soumis à la réglementation thermique 2012 dite RT2012, fixant des normes élevées de constructions et visant à encadrer leur consommation en énergie. De plus, depuis janvier 2022 est appliquée la RT2020 qui induit de nombreux concepts d'utilisation de matériaux respectueux comme le bois, pour baisser l'indice carbone de la consommation d'un bâtiment. "Cette RT2020 impose une analyse cycle de vie des bâtiments, de sa construction à sa fin de vie, basée sur la qualité des produits et l'impact du bâtiment, précise Philippe Leonardon de l'Ademe. Sont également étudiés la consommation d'eau, la production de déchets (inertes, dangereux ou autres), l'impact atmosphérique, entre autres. Elle est basée sur la Norme Européenne NF15804 A2 et sur la NF 15978, avec des échéances à 2025 puis 2028 puis 2031 pour baisser les seuils énergétiques à ne pas dépasser. On résonne donc en analyse cycle de vie multi-impacts. À l'Ademe, on y travaille aussi avec l'association HQE." 

Remerciements à Philippe Leonardon, animateur secteur bâtiment à l'Ademe ; à Maud Wascat, responsable offre rénovation énergétique et Timothée Wallaert, responsable d'offre - Maison plus économe chez Leroy Merlin ; à Léocadie Brothier d'hemea, responsable Marque et Communication de hemea, studio d'architecture et de rénovation.