L'architecte Rudy Ricciotti est un provocateur. Oui, et un archi de renom. Lauréat du grand prix de l'architecture en 2006, cet homme n'est plus à présenter, juste à redécouvrir. Côté Maison vous présente le portrait de Rudy Ricciotti qui a le Sud chevillé au corps.
Rudy Ricciotti est un architecte qui construit, écrit, édite et parle. Beaucoup. Ses diatribes provoquent chez certains des réactions exaspérées. Tonitruant, Ricciotti a l'humour corrosif, le coup de gueule provocant, parfois vulgaire. On aime ou on n'aime pas. Impossible de rester indifférent.
Mine bronzée, tignasse foisonnante, l'auteur du Mucem, 63 ans, est plutôt séduisant. Laetitia Masson lui a consacré un court-métrage amoureux : L'Orchidoclaste, projeté lors de l'exposition "Ricciotti, architecte" en 2013 à la Cité de l'architecture. Orchidoclaste ? Un mot policé pour dire "casse-couilles". Ricciotti accepte la plupart de ses surnoms.
"Casse-couilles", donc, et "anar de droite" seraient ses préférés. Son pamphlet "L'Architecture est un sport de combat" (éd. Textuel) s'arrache. Il y cogne allègrement sur le "salafisme architectural ambiant" (entendez le minimalisme qui règne sur la création actuelle), la "barbarie bureaucratique", sans oublier la "terreur verte" ou doxa environnementale.
Rudy Ricciotti, un architecte sudiste
Né à Alger en 1952, d'ascendance italienne, il a grandi en Camargue, fait ses études à Genève (il est aussi ingénieur) et à Marseille. Son agence, il l'a installée à Bandol où il vit toujours.
En 2006, il livre le Centre chorégraphique d'Aix-en-Provence. La même année, il reçoit le Grand Prix national de l'architecture. Suivront le musée Jean-Cocteau à Menton, le département des Arts de l'islam au Louvre, le musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille, le stade Jean-Bouin à Paris. En septembre prochain, on inaugurera dans les Pyrénées-Orientales le Mémorial du camp de Rivesaltes dédié aux milliers de juifs qui y furent internés.
D'une grande sophistication technologique, les réalisations de ce chantre du béton possèdent une force plastique incontestable. "Je suis un architecte maniériste, dit-il, en ce sens que je pratique la déformation de la mémoire moderne pour une synthèse des savoirs constructifs."
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