Les alarmes sont-elles efficaces et suffisantes contre les risques de noyade " Zoom...
Juillet 2008, coup de tonnerre dans le petit monde de la piscine : le gouvernement fait retirer du marché cinq alarmes à détection d'immersion. Fixées sur le bord du bassin, celles-ci sont censées se déclencher en cas de chute accidentelle. Or, sur six modèles testés par un laboratoire indépendant, un seul est irréprochable. Les autres ne repèrent pas la chute d'une masse de 6 kg, censée représenter un enfant de quelques mois. La Commission de sécurité des consommateurs (CSC) réclame l'exclusion de ce type d'alarmes des dispositifs de protection obligatoire (lire ci-dessous). En vain : elle n'obtient qu'un durcissement de la norme à laquelle les fabricants d'alarmes doivent se conformer. Sur les cinq modèles incriminés, la Direction générale de la consommation et de la répression des fraudes a effectué un rappel du plus défectueux, d'importation chinoise ("Alpool JB 2005"), mais invite les propriétaires des quatre autres à les maintenir en fonction. "Il n'y a aucune raison de les enlever", peut-on lire sur son site Internet (www.dgccrf.bercy.gouv.fr).
L'alarme plébiscitée
Les constructeurs de piscines se seraient bien passés de cette polémique. Le secteur, qui a connu en 2008 un ralentissement inédit de son activité (moins 20 %), organise sa riposte. Interdire les alarmes à détection d'immersion ? "Cela reviendrait à priver ceux qui ont le moins d'argent d'un système de protection efficace, qui sauve chaque année des vies", estime Joëlle Pulinx-Challet, de la Fédération des professionnels de la piscine (FPP).
Ce type d'alarmes, plébiscité par 1 personne sur 4 lors du choix d'un système de sécurité, coûte en effet beaucoup moins cher qu'une barrière ou qu'une couverture. "Et puis, c'est souvent l'unique solution quand on a un bassin de forme libre, un terrain en pente ou un sol meuble. Sans compter l'absence de préjudice esthétique", ajoute la porte-parole.
" Le risque zéro n'existe pas "
À l'heure actuelle, on estime que seulement 70 % des piscines sont équipées d'un système de sécurité, pourtant obligatoire depuis 2006. Imparfaitement respectée, la loi semble néanmoins avoir contribué à la baisse du nombre d'accidents mortels chez les enfants : 32 cas en 2000, 25 en 2003, 21 en 2006 et, selon nos informations (pas de chiffres officiels), une dizaine en 2007. "Les campagnes de prévention ont eu une grande influence sur cette baisse, note Joëlle Pulinx-Challet. Mais le risque zéro n'existe pas." La présence d'un dispositif de sécurité, quel qu'il soit, peut ainsi entraîner un faux sentiment de sécurité et un relâchement de la vigilance. D'où le message de prévention martelé par le gouvernement et relayé par les fabricants : pour prévenir la noyade, rien ne remplace la surveillance d'un adulte avant, pendant et après la baignade.
En 2006 (derniers chiffres officiels) : 21 enfants sont morts noyés dans une piscine privée, dont 13 pendant la baignade et 8 à la suite d'une chute en dehors de la baignade. Pour ces derniers cas, le dispositif de sécurité n'était pas conforme à la réglementation (simple bâche ou barrière trop basse), ou inexistant, ou encore inopérant (barrière ouverte, alarme désactivée).
Les quatre dispositifs obligatoires : depuis 2006, les propriétaires de piscines doivent installer l'un des systèmes de sécurité suivants, sous peine d'une lourde amende :
- Barrière de protection, norme NF P90-306.
- Couverture de sécurité, norme NF P90-308.
- Abri, norme NF P90-309.
- Alarme à détection d'immersion (chute dans l'eau) ou périmétrique (déplacement vers le bassin), norme NF P90-307-1.
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