Beaucoup l'avaient oubliée. Cette rétrospective au musée d'Arts de Nantes redonne sa juste place à la peintre, dessinatrice et graveuse de grand talent Suzanne Valadon (1865-1938). Figure du Montmartre avant-gardiste du début du XXe siècle, la mère du peintre Maurice Utrillo fut artiste, femme et libre à une époque qui l'acceptait encore peu. À découvrir jusqu'au 11 février 2024.
Au tournant des XIXe et XXe siècles, les femmes artistes peinent à être reconnues. C'est ce que découvrira Marie-Clémentine Valadon, née de père inconnu en Haute-Vienne, arrivée à l'âge de un an à Montmartre avec sa mère lingère. Toute jeune, elle dessine tout en exerçant de petits métiers. Une chute de trapèze interrompt ses débuts d'acrobate. À 15 ans, elle devient modèle sous le prénom de Maria pour ateliers d'artistes, dont celui d'Auguste Renoir. La jeune femme y écoute, observe. En 1883, elle met au monde son fils Maurice, le futur peintre, né de père inconnu, que reconnaîtra le critique catalan Miquel Utrillo. La première oeuvre signée Suzanne Valadon, son prénom d'artiste, est un autoportrait au pastel.
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Suzanne Valadon, l'audacieuse
Amie de nombreux peintres, tels Henri de Toulouse-Lautrec ou Pierre Puvis de Chavannes, pour lequel elle posa durant sept ans, Suzanne Valadon est la première femme à exposer, en 1894, au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts. Elle rencontre le peintre Edgar Degas, qui lui enseigne la gravure et soutient son art. L'artiste dessine de nombreux nus dans leur intimité, use de contours appuyés, évoque en peu de traits mouvements et expressions, ses lignes et vides se jouent de la perspective. Sa palette de peintre est riche et vive, son oeuvre protéiforme, originale, audacieuse.
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Une vie d'artiste
Mariée au négociant Paul Moussis en 1896, dont elle divorcera en 1910, Suzanne ose se peindre en Adam et Êve avec son amant (on lui connaît aussi une liaison avec le compositeur Erik Satie), âgé de vingt-deux ans de moins qu'elle, André Utter, qu'elle épouse en 1914. En 1923, l'État lui achète La Chambre bleue. Ses portraits, paysages, natures mortes, fleurs sont exposés à Tokyo, New York, Prague, Amsterdam... À son enterrement en 1938, au cimetière parisien de Saint-Ouen, sont présents ses amis montmartrois Pablo Picasso, André Derain, Max Jacob... qui iront se consoler, dit-on, au Moulin Joyeux.
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Aux 120 tableaux et oeuvres sur papier exposés au musée d'Arts de Nantes, la commissaire Claire Lebossé a ajouté de nombreux documents permettant de replacer l'oeuvre de Suzanne Valadon dans son contexte. Et d'y voir son incroyable modernité.
Plus d'info : Suzanne Valadon. Un monde à soi - jusqu'au 11 février 2024, musée d'Arts de Nantes. museedartsdenantes.fr
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