Un ancien monastère devenu espace à vivre du peintre Sergio Fiorentino

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Cathédrale de pierre, à Noto, en Sicile, l'ancien réfectoire des moines cisterciens, attaché à l'église Santa Maria dell'Arco, abrite désormais l'oeuvre magnétique de Sergio Fiorentino. Dans ce retour en grâce des origines, l'artiste, aux côtés de l'architecte Massimo Carnemolla, a fait de l'ancien monastère un lieu culte où ses icônes des temps modernes flottent dans la lumière et le bleu du ciel et de la mer. Découverte de l'ancien monastère devenu espace à vivre du peintre Sergio Fiorentino.

Noto est une ville de sable, irréelle comme un jardin de pierre où l'exubérance du baroque sicilien a poussé comme une liane après le tremblement de terre de 1693. Palais, églises et ruelles ont la douceur ambrée de la peau dans l'azur intense du ciel. Pour Sergio Fiorentino, né à Catane à l'ombre des paysages volcaniques de l'Etna, cette onde bleue et blonde est une révélation. Le désir de peindre s'impose, la palette est sous ses yeux et l'équilibre architectural l'invite à se mettre à l'oeuvre. Depuis des années, il s'en approche, apprend à l'Accademia Abadir de Catane, expose et collectionne design et arts décoratifs dans sa galerie, et enfin ouvre un atelier de restauration. L'histoire est en marche, jusqu'à la découverte de cet ancien monastère cistercien attaché à l'église Santa Maria dell'Arco de Noto, où tout bascule. Rénové dans les années 1970, le réfectoire construit en 1700 est divisé en douze appartements bétonnés. L'esprit d'anticipation s'impose, mais pour l'artiste, la trace du bleu et rouge, ses couleurs de prédilection, découverte sur la pierre lors de la rénovation, est une certitude de plus. Son ami et architecte Massimo Carnemolla l'accompagne dans ce retour aux sources. Mettre à nu le bâtiment d'origine et ses deux pièces sera la priorité. Deux cent soixante mètres carrés et six mètres de hauteur de pierre, d'arches, composent le volume d'aujourd'hui, juste augmenté d'une chambre mezzanine.
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agrandir Face à l'atelier de Sergio Fiorentino, l'église Santa Maria dell'Arco

1 - Face à l'atelier de Sergio Fiorentino, l'église Santa Maria dell'Arco - Sans concessions, la rénovation ne cherche pas à masquer les origines du site. Éviter les finitions sophistiquées et les normes de confort va dans le sens du projet. Comme un chantier inachevé, le site reste suspendu dans la beauté précaire de l'entre-deux. Parce qu'il fallait accepter l'autorité d'une échelle surdimensionnée, sans chercher à l'adoucir, les portes vitrées se mettent à niveau, épousant les six mètres de hauteur de l'arche. Telle une cathédrale de pierre, l'espace reprend peu à peu son souffle et la force de l'oeuvre de Sergio Fiorentino s'enrichit, s'affirme, s'aiguise, s'expose.
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En photo : face à l'atelier de Sergio Fiorentino, l'église Santa Maria dell'Arco fait partie des chefs d'oeuvre baroques de l'île qui inspirent son oeuvre. De cette église dépendait l'ancien monastère cistercien voisin, désormais occupé par l'artiste.

Philippe Garcia

agrandir Le couloir de l'entrée du monastère comme un lieu de stockage des toiles de l'artiste

2 - Le couloir de l'entrée du monastère comme un lieu de stockage des toiles de l'artiste - Fasciné par le portraitiste du XVe siècle, le Sicilien Antonello da Messina et son réalisme inspiré de l'école flamande, Sergio Fiorentino peint lui aussi des visages, des yeux, des regards, des corps et les profondeurs de l'âme. Magnétiques, intenses, hypnotiques, ces icones des temps modernes plongées dans le fluide bleu de la mer Ionienne flottent sur la pierre, chair contre chair. Ce sont des amis, des amis d'amis qui prêtent leurs visages, sacralisés le temps de l'oeuvre par d'immenses formats. À côté, d'autres visages et d'autres regards se croisent. Dans le décor, une collection de plus de cent têtes de Maures en faïence de Castiglione (symbole du célèbre mythe amoureux sicilien de La Testa di Moro) qui s'observent. L'oeil c'est aussi celui que porte Sergio Fiorentino sur l'art et le design du XXe siècle. Avisé, passionné, il rassemble des années de recherche, de trouvailles, d'objets, de céramiques, de meubles et autres curiosités chinées en Sicile, symbole d'une époque sensible pour lui, celle où l'art et le design ne faisaient qu'un.
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En photo : dans le couloir de l'entrée du monastère qu'occupe Sergio Fiorentino, sur la gauche, son oeuvre Frammento Greco. Plus loin, l'enfilade est un lieu de stockage des toiles de l'artiste. La table "Eros" d'Angelo Mangiarotti, en marbre Nero Marquina, 1970, est entourée de deux chaises dans l'esprit de Charle Eames, sculpture Migrazione di Tonni de Sergio Fiorentino, en laiton et cuivre.

Philippe Garcia

agrandir Le coin repas est occupé par une table en marbre d'Angelo Mangiarotti

3 - Le coin repas est occupé par une table en marbre d'Angelo Mangiarotti - Table en marbre chinée, dessus collection de vases du XVIIIe de Caltagirone et autour chaises "Lulli" de Carlo Ratti, 1950, Industria Legni Curvati. À l'arrière, lampadaire d'Oscar Torlasco, Lumi. À droite, sur le meuble "Mobile del cervo", d'Alfio Fallica, 1930, un mix de vases siciliens, 1950, modèles futuristes créés par Pippo Rizzo, et un lampadaire, Stilnovo.
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Philippe Garcia

agrandir Vue panoramique sur l'ancien réfectoire du monastère devenu espace à vivre

4 - Vue panoramique sur l'ancien réfectoire du monastère devenu espace à vivre - Devant le canapé "Charles" d'Antonio Citterio, B&B Italia, vue panoramique sur l'ancien réfectoire du monastère devenu espace à vivre mais aussi lieu d'accrochage pour les oeuvres de l'artiste. Un mélange de ses créations et de pièces chinées du XXe siècle compose le décor. Sur la table dans l'esprit de Jean Prouvé, chinée, collection d'anciennes têtes de Maures en faïence de Caltagirone, royaume des maîtres artisans de la céramique, autour, chaises "Medea" de Vittorio Nobili pour Fratelli Tagliablue. Devant, table basse, 1960, chinée, et lounge chair "DU55" de Gastone Rinaldi pour Rima, 1950, chiné. Plus loin, à droite, portemanteaux "F 554 AG", Osvaldo Borsani.

Philippe Garcia

agrandir La pièce à vivre fait apparaître le choix d'une rénovation respectueuse du bâtiment d'origine

5 - La pièce à vivre fait apparaître le choix d'une rénovation respectueuse du bâtiment d'origine - Sur le pavage, canapé "Charles" d'Antonio Citterio, B&B Italia, et sur le mur peinture Ritratto di un Santo de Sergio Fiorentino. Dans l'angle, lampadaire "Calla", d'Angelo Lelli, Arredoluce. Plafond peint dans un bleu léger.

Philippe Garcia

agrandir Bleu ciel et mer

6 - Bleu ciel et mer - Dans l'atelier, au pied de l'oeuvre Volto Greco, de Sergio Fiorentino, boules en céramique de Giovanni Agresti Fiumara.

Philippe Garcia

agrandir Au pied de l'oeuvre Volto Rosso, un sofa de Federico Munari, 1950, chiné

7 - Au pied de l'oeuvre Volto Rosso, un sofa de Federico Munari, 1950, chiné - .

Philippe Garcia

agrandir L'artiste peintre dessine à même le sol

8 - L'artiste peintre dessine à même le sol - À même le sol, Sergio Fiorentino trace une auréole à la peinture rouge sur laquelle il viendra appliquer la feuille d'or.

Philippe Garcia

agrandir Portrait d'un saint en cours de réalisation posé à même le sol

9 - Portrait d'un saint en cours de réalisation posé à même le sol - La peinture rouge sera travaillée dans un deuxième temps à la feuille d'or, créant un jeu de strates.

Philippe Garcia

agrandir L'artiste qui applique des feuilles d'or à la main

10 - L'artiste qui applique des feuilles d'or à la main - Sur la peinture encore fraîche, application des feuilles d'or à la main, sur l'oeuvre Ritratto di un Santo.

Philippe Garcia

agrandir Les rues de Noto, située dans la province de Syracuse en Sicile

11 - Les rues de Noto, située dans la province de Syracuse en Sicile - Témoignage de la Sicile baroque, les rues de Noto, située dans la province de Syracuse, au sud-est de la Sicile, ont été reconstruites après le séisme de 1693 dans une unité architecturale désormais inscrite au patrimoine mondial. La pierre calcaire locale donne une couleur dorée à la ville et ses ruelles.

Philippe Garcia

agrandir Portrait de l'artiste Sergio Fiorentino devant la magistrale porte vitrée de l'entrée

12 - Portrait de l'artiste Sergio Fiorentino devant la magistrale porte vitrée de l'entrée - Portrait de l'artiste Sergio Fiorentino devant la magistrale porte vitrée de l'entrée, celle-ci est montée sur un pivot central et se déploie sur plus de 2 m de large et 6 m de hauteur.
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LES ADRESSES DE SERGIO FIORENTINO
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>Pour ses plages, sa Tonnara et sa faune, la Riserva di Vendicari.
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>Pour chiner des objets insolites le dernier dimanche du mois, le marché aux puces de Modica.
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>Pour découvrir les vestiges de l'ancien centre médiéval de Noto, Noto Antica.
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>Pour l'ambiance et la qualité des produits du marché aux poissons de Catane, La Pescheria.
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>Pour son architecture baroque, ses palais et ses églises, chefs-d'oeuvre de l'île, la ville de Palazzolo Acreide.

Philippe Garcia

agrandir Une chambre sur mezzanine

13 - Une chambre sur mezzanine - Dans la chambre sur la mezzanine, ventilateur édité par San Giorgio, 1950. Sur le bahut dessiné par Sergio Fiorentino, son oeuvre Frammento. À côté, lampes, Arredoluce, et applique, Stilnovo. Sur le portemanteau, vêtements Archivio créés par Rosita.

Philippe Garcia

agrandir Rosita, styliste et fondatrice de la marque Archivio

14 - Rosita, styliste et fondatrice de la marque Archivio - .

Philippe Garcia

agrandir Une cuisine avec îlot central en métal noirci

15 - Une cuisine avec îlot central en métal noirci - Dans la cuisine, sur l'îlot central en métal noirci, paniers, poissons et têtes en faïence de Caltagirone. À l'arrière, lampe "Fungo", de Gabriela Crespi, appliques des années 1950, Arredoluce. Sur le mur, tableau Santa Lucia de Sergio Fiorentino, comme le tabouret en aluminium.

Philippe Garcia

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16 - Une arche taillée dans la pierre s'ouvre sur l'atelier de l'artiste - Devant, le tableau Sognatrice con tonni de Sergio Fiorentino, lounge chair "DU 55", de Gastone Rinaldi, 1950, Rima.

Philippe Garcia

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17 - Lieu d'inspiration pour l'artiste - À proximité de Noto, dans la réserve de Vendicari, le long de la plage, les vestiges de l'ancienne Tonarra scrutent la mer Ionienne.

Philippe Garcia

agrandir Rosita traversant la cour de l'ancien monastère

18 - Rosita traversant la cour de l'ancien monastère - Quittant l'atelier, Rosita traversant la cour de l'ancien monastère attaché à l'église Santa Maria dell'Arco.

Philippe Garcia

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19 - Reportage extrait du Côté Sud n°195 juin-juillet 2022 - Le magazine Côté Sud est disponible au numéro ou en abonnement, rendez-vous sur la boutique Côté Maison.

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