Matières pures, formes originales quasiment sans coutures, détails précieux sans préciosité... Créatrice de tricots siglés de son patronyme ou de N.o.K., à partir de l'été 2023, Charlotte Mansted décline cette même inspiration artisanale dans ses quartiers de Copenhague. Au vert d'un jardin ouvrier, le cabanon qu'elle a revisité cultive sa sobriété joyeuse entre chêne brut et design coloré.
C'est une échappée belle, tricotée par une designer de mode qui a la main verte. Alors que les collections de Charlotte Mansted filent doux laine d'agneau ou de yak, coton, lin ou encore chanvre, son cabanon architecture un art de vivre grandeur nature, harmonisant chêne rustique et stuc Marmorino. Le volume ne fait pas davantage dans la folie des grandeurs, à la dimension de cette parcelle enracinée dans l'histoire.
À la fin du XIXe siècle, ce jardin ouvrier et son habitat sommaire se limitaient à une vocation potagère, loin des turpitudes industrielles et urbaines. Si la ville a gagné du terrain, son agitation bruisse encore à l'écart de cette oasis, si proche, si loin. Ici, tout exhale la relaxation, comme les fleurs jaunes parfumées du faux ébénier, qui rivalisent d'éclat avec les coquelicots. La végétation grimpe même à foison, faisant chatoyer l'ombre et la lumière des fenêtres jusqu'à la toiture vitrée de la loggia.
À l'intérieur, cette même fluidité déploie un appel d'air. Sous quatre mètres de haut, l'aménagement décloisonne cuisine, couloir, salon et salle à manger, en jouant sur les niveaux. Pendant que cette dernière s'aborde en descendant une marche, la salle de bains encastre une baignoire dans le sol. Des huisseries de style industriel accentuent cette segmentation en apesanteur, qui distille une intimité lumineuse côté chambre, tout en déplafonnant plein ciel la pièce à vivre.
Le mobilier ne démérite pas, avec ses lignes claires contemporaines comme vintage. Ainsi de la cuisine, dont le minimalisme bonne franquette joue sur des portes à bouton poussoir et une crédence antiprojections rétractable. Le tout sous les feux des suspensions iconiques du designer Henning Klok.
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Dans le living, c'est un autre maître danois, Hans Wegner, qui perpétue l'excellence scandinave. Conçu aussi dans les années 1950, son canapé "Airport" assoit un beau contraste au sein d'une palette à l'exotisme bohème : une paire de fauteuils marocains en roseau, un tapis à la trame africaine, sans compter d'inaltérables caisses à marchandises utilisées pour le transport d'épices depuis les Indes et recyclées en buffet.
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La créatrice maille aussi la décoration de ses propres textures et couleurs, disposant ici des échantillons de ses recherches, là des coussins valorisant son cahier de tendances. D'autres oeuvres personnelles donnent le ton, signées par son oncle typographe et son frère sculpteur sur bois. Ajoutez des bonbonnes en fer blanc, qui nourrissent une deuxième vie utilitaire, ou encore des chaises longues, qui font la planche sur la pelouse après un astucieux tronçonnage et assemblage. À l'instar des coquillages qui boutonnent certains vêtements de la marque maison, l'art de la taille hybride celui du détail. Prolifique décroissance !
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