Il est pratique, léger, bon marché, durable, design, moderne... Le plastique envahit nos vies dès son invention à la fin du 19e siècle - et surtout depuis les années 1950 de façon exponentielle. Pourtant aujourd'hui, malgré ses avantages certains, il ne fait plus rêver. Et s'il n'est pas si facile de s'en passer tant il est présent dans toutes nos activités et notre quotidien, il est en revanche possible de nettement diminuer son utilisation, notamment en évitant le jetable. C'est parti pour la chasse au plastique, dans la maison et au jardin ! Une grande étape pour protéger la planète et la santé de toute la famille. Découvrez nos solutions.
Selon la source PlasticsEurope, indique l'Ademe (Agence de la Transition écologique), la production mondiale de plastique est passée de 1,5 million de tonnes en 1950 à 117 millions en 1990, et à 368 millions en 2019... "Trop peu de déchets plastiques sont aujourd'hui bien triés pour être recyclés (moins d'1/3 selon l'organisme Citeo spécialisé dans le recyclage des emballages ménagers), introduit Florence Clément de l'Ademe, et beaucoup finissent incinérés avec les ordures ménagères ou enfouis dans des décharges. S'ils sont abandonnés dans la nature, ils mettront des siècles à disparaître... s'ils disparaissent vraiment."
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Le plastique jetable aux oubliettes
Or 40% des plastiques sont utilisés pour les emballages, notamment à usage unique. C'est une matière intrinsèquement durable et résistante comme emballage, paradoxalement il est majoritairement éphémère. L'objectif premier est de se passer du plastique jetable. Pour commencer, depuis 2015, la loi sur la transition énergétique et la croissance verte en France a interdit l'usage des sacs de caisse en plastique à usage unique - les commerces en tous genres en distribuaient plus de 5 millions par an ! Depuis 2020, c'est la vaisselle jetable en plastique qui est interdite, sauf si elle est constituée de matière biodégradable.
"La législation vise la fin du plastique d'ici 2030 en éliminant progressivement le plastique jetable de nos vies : pailles et coton-tiges sont désormais cartonnés par exemple." Attention, il reste encore certains sacs en plastique dans les magasins, mais ils ne sont biosourcés qu'à 40 voire 60% maximum... ils sont donc composés d'une part de pétrole, mieux vaut donc les éviter et penser à avoir un cabas toujours dans son sac à main et le coffre de sa voiture. Et attention, un objet plastique biosourcé n'est pas nécessairement biodégradable. Par conséquent, aucun plastique ne doit être abandonné dans la nature.
Privilégier le plastique durable
Il existe aussi des plastiques durables, réutilisables, que l'on peut s'autoriser dans un premier temps, avant de faire un pas supplémentaire pour devenir expert plasticfree. Parmi ces plastiques durables, ceux qui sont recyclés et recyclables sont à privilégier. Attention, le plastique n'est pas comme le verre, on ne peut pas le recycler à l'infini !
Le nom générique couramment utilisé 'le plastique' comprend en réalité différents types de plastiques. Les plus recyclables sont le PET poly(téréphtalate d'éthylène) utilisé pour fabriquer les bouteilles d'eau par exemple. Le PE (polyéthylène) est également recyclable, et le PP et PS (polypropylène et polystyrènes) est également inoffensif. À contrario, les plastiques les plus complexes à traiter sont le PVC et le PC (polychlorure de vinyle et polycarbonate).
C'est mieux pour la santé
Rappelons aussi que le plastique contient des perturbateurs endocriniens. "Haro sur le plastique !, milite l'association La ruche qui dit oui ! dans l'ouvrage L'étape d'après (eds. Marabout, 16,90 euros). Évitez autant que possible le plastique, en particulier ceux estampillés de ces trois numéros figurant à l'intérieur d'un triangle : 1 (PET susceptible de libérer des retardateurs de flamme bromés), 3 (PVC qui contient des phtalates, un perturbateur endocrinien), et 7 (qui contient du bisphénol A, aujourd'hui interdit à la vente mais qui peut encore traîner dans les placards)."
Remplacer le plastique est possible en choisissant les alternatives en matériaux naturels. "Avant l'invention du plastique, le matériau le plus utilisé était le bois", rappelle Elke Schwarzer, auteure de Un jardin sans plastique (eds Rouergue). C'est l'occasion d'y revenir ; idem pour le verre, le tissu et l'Inox.
Une maison (presque) sans plastique : nos solutions dans la cuisine
"Dans la cuisine, conseille Florence Clément, on peut très facilement se passer du plastique en revenant aux matériaux d'antan : cuillères en bois, sacs en tissu, boîtes de rangement en verre, couvercle ou assiette pour couvrir un plat au lieu des films étirables..." Revenez aussi à la boule à thé en Inox et au thé ou tisane en vrac au lieu d'acheter des sachets qui contiennent du plastique. Réintroduisez la carafe en verre équipée d'un bâton de charbon de bois Binchotan ou de billes de céramique, et également la gourde. "Pour les grands, le midi plutôt que d'acheter salade emballée, préparez-vous une cantinière/bento thermos à réchauffer le matin, conseille Florence Clément. Ces contenants pour manger sur le pouce le midi ont beaucoup évolué. Ils permettent d'éviter les barquettes en plastique et de ne plus produire de déchets. Idem pour les boîtes à goûter pour les enfants."
Il y a encore de nombreux autres champs d'action : préférez les yaourts en pots de verre et les fruits en vrac sans emballage (et surtout pas prédécoupés emballés), les céréales et les gâteaux en vrac - l'offre est en pleine expansion, choisissez un modèle de bouilloire électrique sans plastique ni BPA (marques Russel Hobs, Ascot, Decen, Riviera & Bar...)...
Dans la salle de bains et la buanderie
Dans la salle de bains et la buanderie, pour éviter les flacons en plastique, misez d'abord sur les brosses à dents avec tête rechargeable (et non électrique), sur le rasoir en Inox, la brosse à cheveux en bois, le gommage sans micro-billes plastique, et sur les produits solides, de plus en plus nombreux : savon, shampoing, dentifrice, déodorant, lessive... "On achète beaucoup d'eau dans des produits liquides mis dans des flacons en plastique ! Le gel douche est par exemple composé principalement d'eau !", rappelle Florence Clément.
La grande tendance du zéro déchet a un atout déco dans la salle d'eau : porte-savons, bonbonnières pour les lingettes en tissu et autres contenants en verre ambrés ont le vent en poupe. Il est aussi envisageable de faire ses cosmétiques soi-même avec des ingrédients simples - ou alors remplacez-les tout bonnement par des huiles végétales en flacon de verre.
Et pour nettoyer douche, robinetterie, et autres lavabos et éviers, utilisez simplement du bicarbonate de soude, un peu de vinaigre blanc et du savon noir. Ce trio incontournable du ménage évite toute utilisation de produits multiusages toujours vendus dans des emballages en plastique.
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Dans le reste de la maison
Le principal enjeu se trouve dans l'armoire : "Traquez les vêtements synthétiques, fabriqués à partir de la pétrochimie, contenant de l'acrylique et le polyester, encourage Florence Clément. Choisissez-les plutôt en coton, matière naturelle par excellence. Car au-delà du fait que ces vêtements sont en contact toute la journée avec la peau, ils peuvent libérer des microplastiques au moment du lavage non filtrés par les stations d'épuration, qui polluent les rivières et les océans ; ils seront donc ingérés par les poissons, que nous retrouverons ensuite dans notre assiette. Lavez-les le moins possible ou, mieux encore, évitez de les acheter. Ce conseil s'applique aussi aux tissus d'ameublement et tapis. Et suspendons nos affaires à des cintres en bois ou en Inox.
Du côté des affaires pour enfants, quel challenge ! Il est cependant possible de sélectionner des jouets en bois ou tissus pour les plus jeunes. "Il est indispensable de supprimer surtout les plastiques odorants pour les tout-petits, alarme Florence Clément, car ils émettent des composés organiques volatiles nocifs pour les voies respiratoires." Pour les plus grands, choisissez surtout des fournitures scolaires cartonnées et non plastifiées, des cahiers sans couverture en plastique. Visiter un centre de tri des déchets les sensibilisera à leur usage de cette matière, c'est très instructif pour toute la famille... Renseignez-vous auprès de votre mairie, les visites sont gratuites.
Le faire soi-même, à la cuisine, à la salle de bains comme au jardin, est certainement la clé de voûte de la quête zéro-plastique : repas, compost, terreau...
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Une maison (presque) sans plastique : nos solutions au jardin
"Au jardin, le plastique résiste bien aux intempéries, mais il se dégrade sous l'action du soleil et du froid, il peut devenir cassant, explique Céline Deterre, responsable Marché Jardin chez Leroy Merlin, qui conseille de les stocker à l'ombre. Pour les poteries, les bacs à plantes, les carrés-potager et la décoration, choisissez avant tout des matériaux vertueux comme le bois non traité. Ou tournez-vous vers les marques de plus en plus nombreuses commercialisant des gammes en plastique 100% recyclé et recyclable comme chez Elho et Naterial par exemple [NLDR : TerraPlast et Poétic également]. Il est même assez simple de s'affranchir du plastique sur l'outillage, en métal et bois. Idem tous les petits accessoires, tuteurs, portes étiquettes etc. qui sont disponibles en bois ou corde de lin ou de chanvre (qui sont d'ailleurs cultivés en France). Pour l'arrosage et la piscine par contre, c'est plus compliqué, même s'il existe de nouvelles générations de tuyaux d'arrosage contenant du caoutchouc plutôt que du plastique, ou du plastique dit raisonné, c'est-à-dire en moins grande quantité".
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En parlant d'arrosage, enterrer un oya est une autre option low tech aussi efficace que les systèmes d'arrosage électroniques en plastique, peut-on lire dans l'ouvrage L'étape d'après, de La ruche qui dit oui ! aux éditions Marabout. Et également : "Pour pailler, évitez les bâches d'ensilage ou d'emballage même si elles sont réutilisables pendant plusieurs années ; préférez-leur des paillages de tonte, de foin, de feuilles mortes, d'aiguilles de pin, de cailloux, de brique concassée, de carton, de toile de jute ou de chanvre, de copeau de bois, de BRF, de bille d'argile, ou même de drêches (résidus de brasserie issus de l'orge)."
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Amusez-vous à faire du surcyclage pour vos plantations (conserves en métal, contenants détournés, gouttières, vieilles bassines...) et achetez vos plants en racines nues en jardinerie. "L'acier corten® est une bonne alternative au plastique, en revanche attention au béton créatif, qui contient souvent des fragments de plastique", prévient Elke Schwarzer. Quant au classique pot en terre cuite avec sa soucoupe, il est à privilégier. Et gardez quand même à l'esprit que "plus un produit dure longtemps, plus il est justifié que du plastique entre dans sa composition : une citerne ou un thermo-composteur de bonne qualité que l'on utilise pendant des années possèdent un bilan écologique bien meilleur qu'un pot en plastique à usage unique." Enfin, et pas des moindre : fini l'achat de lourds sacs de terreau si vous avez l'opportunité de mélanger cinq parts de terre de jardin, deux parts de compost maison mûr tamisé, et une part de sable !
Le bonheur d'une maison sans plastique
Absolument tous les objets que vous utilisez peuvent passer au radar. Un par un, testez les changements qui sont possibles. Cela demande de sortir des automatismes et de ne pas se laisser happer par le chant du plastique !
Cependant, le supprimer totalement du quotidien est impossible ; l'essentiel est que, chacun à son rythme et selon ses possibilités, puisse diminuer de plus en plus sa consommation, en donnant du sens à chaque achat. "De façon générale, pour la nourriture comme pour les jouets, les ustensiles divers, les vêtements, privilégiez les produits non-suremballés, conclut Florence Clément de l'Ademe. Car même si un produit n'est pas lui-même en plastique, il est généralement acheté dans un emballage en plastique.
Et si vous avez vraiment envie de vivre l'aventure à 100%, il existe même des constructeurs de maisons en bois contemporaines comme la société finlandaise Polar Life Haus, uniquement en matériaux naturels et absolument sans aucun plastique.
À lire : Un jardin sans plastique, plus de 150 alternatives durables, Elke Schwarzer, 19,50 euros, eds Rouergue ; L'étape d'après 1000 idées pour réussir sa transition énergétique à la maison, La ruche qui dit oui !, 16,90 euros, eds. Marabout.
À consulter : https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/ et le guide de l'ADEME "Le paradoxe du plastique".
Remerciements à Florence Clément, coordinatrice du pôle public et jeunes à l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, ou Agence de la Transition écologique) ; à Céline Deterre, responsable Marché Jardin chez Leroy Merlin.