Galeries, artistes, ateliers : Montparnasse reste un carrefour de l'art

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Retour à la Belle Époque, sentir frémir la création. Patrice Forest, fondateur d'Idem, repreneur-sauveur de l'imprimerie Mourlot qui réalisa les lithographies de Chagall, Picasso, Miró, rappelle ce qu'était Montparnasse en ce début du XXe siècle : "des champs et des couvents. Les artistes de l'Est fuyant l'empire russe furent parmi les premiers à s'installer dans les ateliers de Montparnasse, les logements n'étant pas chers. Bientôt rejoints par d'autres, du Sud, du Nord ou simplement descendus de Montmartre, comme Picasso." Les cafés accompagnèrent cette migration, leurs fondateurs saisissant dans cette ébullition artistique, l'arrivée de collectionneurs, de galeristes, d'écrivains. Dans cette bohème, naissent les avant-gardes : futurisme, cubisme, dadaïsme, surréalisme... L'enseignement libre d'après modèle vivant de l'Académie de la Grande Chaumière est recherché. Alberto Giacometti quitte Stampa, l'atelier de son père Giovanni peintre, afin d'y suivre les cours de Bourdelle. Tous pensaient l'art en révolution, contre l'académisme.

Pénétrer dans l'atelier d'Ossip Zadkine, artisan du renouveau de la sculpture au XXe siècle, c'est aussi découvrir qu'ils étaient deux artistes avec sa femme Valentine Prax, peintre. Elle légua sa maison à la Ville de Paris à sa mort en 1981. À l'Institut Giacometti est reconstitué à l'identique l'antre d'Alberto, de quatorze mètres carrés dans laquelle il passa quarante ans de sa vie à travailler sans relâche. Les murs couverts d'esquisses ont été découpés et apportés rue Victor Schoelcher, avec ses meubles, ses carnets, tout, tel quel. Catherine Grenier, directrice de la Fondation Giacometti, multiplie les regards sur son oeuvre, ravivant les amitiés artistiques de l'époque, ou invitant des artistes contemporains à correspondre avec cette collection unique au monde. Demain ce sera au tour de Dalí qui travailla avec Giacometti sur le Jardin de Rêves pour le comte et la comtesse de Noailles.
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1 - A l'Institut Giacometti : dans l'intimité de l'artiste - Quand Catherine Grenier, directrice de la Fondation Giacometti Paris, visite l'hôtel particulier Art déco du décorateur-ensemblier Paul Follot, elle sait que ce sera le lieu de l'Institut Giacometti. Elle désire montrer l'intimité d'Alberto Giacometti, artiste majeur du XXe siècle, "hanté par son oeuvre, toujours poussé en avant par une exigence sans concession". Entre mosaïques à damiers, papiers peints au pochoir, boiseries, les peintures et sculptures habitent les pièces restaurées. Une infime partie de la plus grande collection de Giacometti au monde, 150 peintures, 500 sculptures, des milliers de dessins et d'estampes, se laissent regarder sans aucune barrière.
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En photo : Dans la pièce sous verrière qui fut autrefois l'atelier du décorateur-ensemblier Paul Follot, est présentée la sculpture en plâtre peint, Grande Tête d'Alberto Giacometti, 1960, Fondation Giacometti.

Vincent Thibert

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2 - Alexis de Bernède, un galeriste en devenir - Dans la bibliothèque, en bas, La forêt rouge de Xavier Deshoulières, au centre, de haut en bas, Côte danoise de Louise Ravn-Hansen, Nuages de Werner Sundblad et chaise "LCW" de Charles et Ray Eames.
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Vincent Thibert

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3 - Sur le mur sombre, Scènes de bain à Calistencia de Miriam Lopez Aguayo - La toute première exposition imaginée par Alexis de Bernède "À la rencontre des modernes" serait-elle née et accrochée sous de bons auspices ? Il la réalise, avec son alter ego Marius Gismondi, dans l'ancien atelier de Soutine, rue Victor-Schoelcher, voisin de celui de Picasso dans les années 1910. En cet été 2021, tout, ou presque, fut vendu. Depuis cet espace d'habitation et de réflexion se double la galerie Darmo, rue Royale. Le duo - moins de 50 ans à eux deux -, réfléchit à une autre approche du métier de galeriste. "Il se passe trop de temps entre la sortie des études des artistes et leur arrivée chez les marchands. Ils ne bénéficient pas encore d'un réseau solide pour vendre, pourtant ils ont besoin que quelqu'un leur fasse confiance pour se lancer. Nous nous sommes dit qu'il y avait un modèle à trouver pour aider ces artistes et réduire ce cap." Entre club de jeunes collectionneurs, résidences d'artistes et partenariat avec des lieux historiques, ils testent d'autres voies possibles.

Vincent Thibert

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4 - Alexis de Bernède, à côté de Quand Jack Souffle de Muriel Malchus - Proches du collectif Aurèce Vettier, formé par le duo Anis Gandoura et Paul Mouginot, dont ils ont montré l'herbier du futur, généré par l'intelligence artificielle (IA) à partir de milliers de plantes, ils récidivent en novembre avec trentre-trois peintures de rêve. "Aurèce Vettier repousse les limites des procédés créatifs traditionnels en y intégrant une intelligence artificielle." Ces derniers ont collaboré avec l'agence Gilles & Boissier sur un "cabinet botaniste" virtuel, en NFT (bien irremplaçable, donc unique), et réel aussi, dont les pieds sont dessinés par l'IA. Alexis de Bernède et Marius Gismondi sont, avec leur plateforme Darmo, au Top 30 des moins de 30 ans, Art et Culture, du magazine Forbes.
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Vincent Thibert

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5 - Accrochage de dessins, gravures, estampes et eaux-fortes de Javier Vilató Ruiz, Muriel Malchus ou Nicolas Poignon - "Les lieux d'artistes réservent énormément d'histoires", remarque Alexis de Bernède, jeune galeriste de moins de trente ans, qui a réalisé sa première exposition dans l'ancien atelier de Soutine. "Picasso était aussi dans cet immeuble à l'incroyable rez-de-chaussée aux reproductions des bas-reliefs du Parthénon. Cocteau écrivit qu'il n'avait même pas pris le temps de les regarder, montant quatre à quatre chez Picasso." Pascale Bernheim ouvre celui de sa mère Claude de Soria qui fut une des premières à travailler le ciment dans les années 1960. Les Années folles sont révolues mais l'histoire continue de s'écrire, aujourd'hui encore.

Vincent Thibert

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6 - La façade de l'Académie de la Grande Chaumière inchangée depuis sa création - Les salles portent encore les noms de ceux qui y ont enseigné: Antoine Bourdelle, Ossip Zadkine, Fernand Léger, André Lhote. Les immenses verrières s'orientent toujours au nord, les estrades sur lesquelles les nus posent, demeurent à la même place, les tabourets, stèles et chevalets se patinent. L'Académie de la Grande Chaumière reste fidèle aussi à sa vocation de départ: le dessin, la peinture ou la sculpture d'après modèle vivant et des cours libres, sans professeurs. Fondée par une femme peintre d'origine suisse, Martha Stettler, qui accueille dès 1904 des femmes et pratique l'art indépendant, laissant s'exprimer toutes les formes et les techniques. Entre ses murs sont passés Matisse, Van Dongen, Soutine, Miró, Calder, Meret Oppenheim, Balthus, Louise Bourgeois, Tamara de Lempicka, Bernard Buffet, Jean-Paul Riopelle, Olivier Debré... Alberto Giacometti quitta l'atelier bien aimé de son père peintre à Stampa, en Italie, afin d'y suivre l'enseignement d'Antoine Bourdelle.
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Vincent Thibert

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7 - Séance de dessin à l'Académie de la Grande Chaumière - Aujourd'hui encore, chaque jour, étudiants et amateurs fréquentent ses ateliers, libres ou dirigés. Rachetée par la famille Charpentier en 1954 qui fonda l'Académie Charpentier, école d'architecture d'intérieur, dispersée dans des locaux voisins, elle est acquise par le psychanalyste Serge Zagdanski, en 2018. Ce dernier l'ouvre aux étudiants de Charpentier car "même si nous formons des architectes, la dimension artistique est prépondérante, celle du dessin primordiale. Notre dernier intervenant était le designer Patrick Jouin dont chaque création se pense en croquis".
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En photo : Dans le grand atelier d'Antoine Bourdelle, se retrouvent autour d'un modèle vivant des étudiants et passionnés de toutes générations. Ici, les séances sont libres, sans professeur.

Vincent Thibert

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8 - Académie et libre apprentissage : Montparnasse au carrefour de l'art - Les ateliers demeurent inchangés. Ici, celui de dessin d'après modèle vivant sous l'apprentissage de Justine Joly, diplômée de l'École nationale supérieure des Arts Décoratifs.
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Vincent Thibert

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9 - Dans l'atelier d'imprimerie Idem - "Ici sont toujours à l'oeuvre les presses qui ont imprimé Picasso, Chagall, Miró, Matisse, Braque, Giacometti. Si on croit à la charge des objets, elles ont retenu tout cela." Quand Patrice Forest reprend en 1997 l'atelier lithographique de Fernand Mourlot, un des plus grands lithographes, il vient s'inscrire dans une histoire qui a débuté en 1881 à la construction de cette imprimerie par Eugène Dufrénoy, éditeur de cartes de monde. Rien n'a changé sous la verrière, si ce n'est que les murs s'enrichissent des dernières lithographies sorties, ici un arbre de William Kentridge, là des yeux de JR, sur un chevalet Lilette à la chaise Gaudi rappelle que Sam Szafran était un membre fidèle de cette grande famille, avec Raymond Pettibon, Jean-Michel Alberola, Sophie Calle, David Lynch, Paul McCarthy...
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En photo : La verrière de l'atelier de 1400 m2 surnommée "la passerelle" et de l'autre côté, un lieu de stockage.

Vincent Thibert

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10 - Des imprimeurs sont en cours de calage d'une lithographie - Étymologiquement, ce "dessin sur pierre" est une technique d'impression à plat d'un dessin exécuté à l'encre ou au crayon sur une pierre calcaire.
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11 - Lithographie de Zhang Xiaogang, artiste chinois, peintre symboliste et surréaliste - "Une jeune équipe d'imprimeurs passionnés accompagne les artistes, cinquante-trois calages pour un travail de Pierce Brosnan, d'autres très délicats à partir d'images numériques en noir et blanc du photographe japonais Daido Moriyama." Comme un livre vivant, toujours en train de s'écrire. On n'est pas du côté frénétique du marché de l'art mais de celui de la légende. "C'est un carrefour dans lequel tout le monde se retrouve, peintres bien sûr mais aussi acteurs, réalisateurs, poètes... et voilà comment, à Montparnasse, cette émulation bouillonne toujours et, nous l'espérons, pour longtemps encore." Patrice Forest s'en assure.

Vincent Thibert

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12 - Calage des bleus pour une future lithographie de JonOne - Patrice Forest fait remonter du sud une presse Marinoni des frères Crommelynck que Picasso avait fait venir à Mougins en 1963, en acquiert d'autres phototypiques et pense aujourd'hui à l'achat du lieu même, pour sa pérennité. "Il ne faut pas avoir peur d'exprimer ses rêves."
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13 - Chez Marie-Magdeleine Lessana - "Je ne suis bien qu'avec les artistes." Dès la porte franchie de cette maison cachée dans un passage et sous un lierre exubérant, Marie-Magdeleine Lessana, psychanalyste et auteure de livres remarquables Entre mère-fille : un ravage et Marilyn, portrait d'une apparition, présente sa confrérie artistique. Quelques meubles élus ponctuent l'espace : un fauteuil à bascule Thonet, une table de Valentin Loellmann, une chauffeuse héritée de sa grand-mère Marthe de Savignies, aristocrate anticonformiste proche des poètes. Sur les murs, au sol, les oeuvres témoignent de ses coups de coeur, de ses rencontres avec les artistes. "Ce qui m'intéresse, c'est le geste de l'artiste dans l'artistique. Cette poésie chez eux de s'inventer en dehors des normes et en deçà. Les artistes sont uniques."

Vincent Thibert

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14 - En terre d'artistes - Grand Rouge de Jean-Pierre Bertrand, présenté au pavillon français de la Biennale de Venise en 1999, statue rituelle du Ghana, rocking-chair de Thonet, lampadaire "Callimaco" d'Etorre Sottsass et table basse de Valentin Loellmann.
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15 - Photo de Didier Morin, Petit Jaune de Jean-Pierre Bertrand, encre de Jimmie Durham et photo d'Alex Van Gelder - Un corps de Jean-Charles Blais, un paysage de Gilles Aillaud, un arbre rouge de Richard Ballard, un portrait de Marilyn de Bert Stern ou encore le Rouge plasmatique de Jean-Pierre Bertrand... "De la vie à l'état pur, le battement de coeur de ma maison. Je collectionne l'art à l'oeuvre. Ce n'est pas une collection froide, mais un fil personnel. Il y a toujours une histoire. Aujourd'hui tout est merchandising, le rapport à l'oeuvre est merchandisé. L'art est une force en prise avec l'idée de risque." Et elle le prend ce risque, embrasse ce projet de sauver de l'abandon une maison familiale à Hyères. Aujourd'hui La Villa Magdala. En son sein s'est déjà déroulée une exposition inaugurale de son ami, récemment disparu, Richard Ballard "Entre terres et ciels". En partenariat avec la Villa Noailles, celle de l'automne dernier se consacrait au mouvement hip-hop à travers le regard de la photographe Maï Lucas. "Faire renaître un endroit". L'oeuvre de Marie-Magdeleine.

Vincent Thibert

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16 - Chez Marie-Magdeleine Lessana - L'homme-arbre, lithographie de William Kentridge et dessin de Gilles Aillaud, 1983.
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17 - Karen Swami à son tour - "J'ai eu la chance de voir s'installer la fondation Giacometti. J'étais déjà voisine de Camera Obscura, ma galerie de photographies préférée que je fréquentais assidûment. Puis, il y a Le Cube Rouge, expert en mobilier des années 1950-70. Nous nous apportons mutuellement. Nos clients ont cet intérêt commun pour l'art." Céramiste, Karen Swami prépare dans son atelier vitré, sur la rue Victor Schoelcher, ses prochaines expositions : un solo show aux Ateliers Courbet, à New York, une autre à San Francisco chez March, et aussi à la galerie Minsky dans le VIIe arrondissement. Ses laques qui paradoxalement magnifient les traces de la terre - "J'ai phagocyté la technique, changé le nombre de passages" - participent à sa notoriété grandissante, comme celle du kintzugi pratiquée depuis quinze ans et l'enfumage.
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En photo : Karen Swami à son tour, dans l'atelier de la rue Victor Schoelcher, elle pratique le tournassage, l'acte de retirer de la matière sans changer la forme.

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18 - Pièces uniques en céramique. Au premier plan grès tournés, enfumés et retravaillés à la laque végétale - Karen Swami emprunte pour son prochain rendez-vous parisien les chemins de la sculpture, et plus précisément du bas-relief. "L'influence du quartier ? Peut-être. Mais surtout le besoin de créer un pan au-dessus d'une cheminée dans une maison bretonne, à Locquirec." Elle est passée maître dans la pratique du tournage, donnant naissance à des formes archétypales, classiques, antiques. Ses céramiques sont cuites jusqu'à sept fois. Il fallait donc que son champ d'expérimentation gagne le large, celui d'un travail à d'autres dimensions, à grande échelle. Dans son atelier, elle accueille des étudiants des Arts Décoratifs ou de l'école Camondo, toute proche. "Ce qui est bien c'est qu'ils font fi des contraintes de matières, veulent des pièces monumentales. Nos échanges et nos expérimentations nous poussent conjointement à aller plus loin."

Vincent Thibert

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19 - Des céramiques à la sculpture - Mur d'échantillons d'émaux, et vases en faïence émaillée, destinés à sa future exposition à la galerie March, à San Francisco.
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20 - Dans l'atelier de la sculpteur Claude de Soria - Pénétrer chez Claude de Soria (1926-2015) permet de mieux comprendre l'artiste. Oubliée un temps, Claude de Soria ressurgit grâce au travail de sa fille, Pascale Bernheim. Elle multiplie les expositions à la galerie Clavé Fine Art, fraîchement installée dans le quartier, effectue un inventaire des deux mille deux cents oeuvres et entreprend la restauration de son atelier. Claude de Soria est une artiste de Montparnasse, formée à l'Académie de la Grande Chaumière par André Lhote, Fernand Léger et Ossip Zadkine. Puis carnet de dessin en main, elle voyage, de paysages en musées. Elle commence par travailler la terre glaise, ensuite un sac de ciment oublié dans sa cour, provoque la rencontre de l'artiste avec ce matériau. Elle s'en empare, l'expérimente et, à partir de 1973, lui bâtit des structures intérieures, lui érige des moules, et le laisse vivre. "J'essaie, par mon attitude d'écoute vigilante, de disponibilité, d'attention flottante de ne pas manquer la moindre innovation du hasard..."
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En photo : L'atelier de la sculpteur Claude de Soria, boulevard Raspail. L'artiste procédait par série, ici les disques avec leurs empreintes de Rhodoïd, 1974, les Boules, 1976-77, les Fruits, 1970 les Plis plats, 1981, les Lames, 1984, sont parmi les plus emblématiques de son travail.

Vincent Thibert

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21 - Sur le bureau de Claude de Soria, en mezzanine, surplombant l'atelier - Drapés, sphères, disques, cratères, lames aux surfaces ridées, rugueuses, éruptives, les formes n'ont jamais été aussi libres. Leurs silhouettes étirées ou ramassées se jouent de la lumière de l'atelier, aux côtés du musée imaginaire de l'artiste, de ses livres de référence, des bouts de marbre glanés en Sicile, de charnières d'anciennes fenêtres, des cartes d'oeuvres en correspondance avec les siennes. Pascale Bernheim réfléchit à une mise en réseau de ses différentes "maisons d'artistes" aujourd'hui privées ou publiques qui réinsufflent l'esprit de Montparnasse, entre le musée Zadkine, l'Institut Giacometti, l'atelier de la sculptrice figurative, Chana Orloff.
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En photo : Son portrait par André Morain, une reproduction de Fernand Léger, un outil, un "fruit" en ciment et divers catalogues d'exposition.

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22 - Reportage extrait du magazine Côté Paris n°82 - Le magazine Côté Paris est disponible à l'abonnement sur notre boutique en ligne Côté Maison

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